De l'usage du sextoy en temps de crise (2013) : le test complet du DVD

La vie d’Éric Pittard, reporter, est ébranlée par la maladie, une forme de leucémie appelée le syndrome de Pompidou. Leila, sa jeune compagne, le soutient dans cette épreuve. Mais les répercussions de la maladie sur le désir d’Éric ont modifié les relations du couple et effacé de la mémoire d’Éric tout souvenir d’avant sa maladie. Quelques objets, des documentaires qu’il a filmés, des photos, une lettre vont ressusciter quelques pans de son passé.

Derrière l’apparence racoleuse de son titre, De l’usage du sextoy en temps de crise livre pudiquement les réactions du réalisateur à l’annonce de la maladie et face à son évolution avec l’alternance de phases de rémission et d’aggravation, de sursauts de vie et de dépression.

Éric Pittard, entouré de quelques acteurs et assisté d’une petite équipe, est le metteur en scène et l’acteur de ce docu-fiction qui relate son vécu de la maladie qui l’emportera le 25 septembre 2013.

De la souffrance, soulagée par des instants du bonheur tiré, notamment, des souvenirs des luttes ouvrières d’antan, ravivés par quelques extraits de ses reportages filmés. Il y a aussi, vis-à-vis de la mort, une dérision s’exprimant par des discussions avec « l’ankou », la grande faucheuse de la mythologie bretonne.

De l’usage du sextoy en temps de crise s’ouvre également à la poésie, surréaliste dans quelques scènes, comme celle de la greffe de cellules souches sur une terrasse dominant Paris, suivie d’un isolement dans un environnement stérile symbolisé par un minutieux empaquetage du patient et du lit d’hôpital à l’aide de grands rouleaux de film étirable.

De l’usage du sextoy en temps de crise témoigne aussi d’un souci d’esthétique particulièrement révélé par des flâneries dans les rues de Paris.

Malgré sa composition un peu disparate, en dépit de quelques longueurs, cet adieu touchant à la vie possède suffisamment d’atouts pour s’inscrire durablement dans la mémoire du spectateur.

Le test a été effectué sur un check disc. Le DVD est logé dans un digipack de 5 mm d’épaisseur dont le graphisme, dans le style des graffiti de Mai 68, est repris sur le menu musical proposant le choix entre deux formats audio : Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo. Des sous-titres en trois langues : français pour malentendants, anglais et japonais.

En supplément, deux documentaires d’Éric Pittard :

Bibliothèques sous influences (55’, 1.78 en 4/3), réalisé en 1999, se penche sur le sort de la Bibliothèque Municipale de Marignane depuis que des élus du Front National ont acquis la majorité au conseil municipal et dénonce certaines pratiques avérées par le fonctionnaire qui a été chargé d’une inspection : retrait de certains périodiques, commandes amputées de certains titres, livraison d’ouvrages non commandés par la bibliothécaire… Édifiant !

Poumons noirs, ventres d’or (32’, 4/3, couleurs), réalisé en 1976 sur les mineurs du Nord du bassin houiller de Valenciennes. Le film non restauré montre son âge : taches et rayures, couleurs délavées, souffle, paroles parfois inaudibles. Le reportage, s’il ne jette qu’un regard sur la condition des mineurs, celui de quelques syndicalistes, constitue néanmoins un témoignage sur des temps révolus ravivés, notamment par les longues séquences tournées dans la salle des pendus.

L’image, en noir et blanc, 1.78, est très propre et sans fourmillement. Un peu douce, elle tend à manquer de contraste dans les scènes les moins éclairées.

Le son, clair, concentrée sur les enceintes frontales, donne un timbre agréable à la musique d’accompagnement et restitue proprement les dialogues, à l’exception de quelques répliques un peu étouffées (moins dans la version 2.0).

Crédits images : © ADR Productions