El Estudiante, ou récit d'une jeunesse révoltée (2011) : le test complet du DVD

Roque, jeune provincial, commence des études à l’Université de Buenos Aires. Peu motivé, il passe son temps à séduire les filles et errer dans la fac. C’est en tombant amoureux de Paula, une jeune enseignante engagée, qu’il va rencontrer le militantisme et devenir proche du syndicat étudiant. Avec Alberto, ancien politique, il va apprendre les codes et devenir un leader pour enfin trouver sa voie…

Santiago Mitre fait d’abord ses classes comme comédien puis devient scénariste reconnu. Il a d’ailleurs signé les histoires de Leonera, Carancho et Elefante Blanco, tous les trois mis en scène par son compatriote argentin Pablo Trapero. Avec El Estudiante, ou récit d’une jeunesse révoltée, Santiago Mitre passe pour la première fois seul derrière la caméra pour un long métrage, après avoir signé un court-métrage en 2002 (El Escondite) et un segment d’un film collectif en 2005 (El Amor).

Film sur la vocation, d’apprentissage - avec un parfum d’Education sentimentale - filmé comme un thriller politique et d’espionnage, El Estudiante, ou récit d’une jeunesse révoltée se focalise sur un jeune homme paumé, fraîchement débarqué de son petit patelin, qui se cherche à travers différentes disciplines. Etudiant séducteur, il se retrouve plongé dans la militance estudiantine très politisée de Buenos Aires. Ou comment un individu n’ayant aucune prédisposition, ni formation idéologique, finit par être complètement habité par la politique et devenir doué en tactique et stratégie.

Le sujet est complexe (les dialogues abondent), délicat, mais passionnant car universel, même si on y parle beaucoup de politique nationale et d’un contexte qui peut souvent nous perdre. Il est dommage que Santiago Mitre ait confié le rôle principal à Esteban Lamothe, comédien argentin qui manque cruellement de charisme, qui ne parvient jamais à rendre le personnage de Roque intéressant et surtout attachant dans son évolution. Finalement, nous retiendrons la liberté, l’énergie et le soin apporté à la mise en scène (parfois documentaire) afin de restituer une réalité contemporaine, mais aussi et surtout la performance des personnages féminins, notamment celui interprété par Romina Paula, vue dans l’excellent Medianeras de Gustavo Taretto en 2011.

Grand succès en Argentine pour un film indépendant, récompensé à maintes reprises dans les festivals du monde entier, El Estudiante, ou récit d’une jeunesse révoltée intrigue et interroge, tout en restant dans un coin de la tête longtemps après.

Comme d’habitude, Epicentre Films soigne particulièrement son DVD, de la jaquette reprenant le visuel de l’affiche du film, en passant par une jolie sérigraphie du disque et le menu principal animé et musical. Un très bel objet, élégant et attractif.

En plus d’une courte galerie de photos, de la bande-annonce et d’une bio-filmo du réalisateur Santiago Mitre, l’éditeur joint également des entretiens croisés du cinéaste et de la productrice Agustina Llambi-Campbell (15’). Nos deux interlocuteurs reviennent sur les thèmes du film, sur les personnages, les références (L’Education sentimentale de Flaubert, La Dolce Vita de Fellini, Zabriskie Point d’Antonioni), les conditions de tournage et les difficultés de production, le casting, le travail avec les comédiens, la situation du cinéma argentin et le succès d’El Estudiante à travers le monde.

Si l’image, très documentaire, reflète parfois les moyens limités du réalisateur (30.000 dollars), la texture de ce master participe à l’atmosphère brute et immédiate du film avec une colorimétrie correcte, des contrastes aléatoires, un léger grain perceptible et un piqué souvent très appréciable. Les séquences diurnes en extérieur sont bien mises en valeur, les scènes sombres étant quant à elles marquées par une perte de la définition, quelques flous inhérents aux conditions de prises de vues. Epicentre permet de (re)découvrir El Estudiante dans de belles conditions.

Nous ne trouvons qu’un mixage argentin Dolby Digital 5.1 au menu de ce DVD. Cette piste unique se révèle riche et dynamique sur les enceintes frontales mais peine à instaurer une spatialisation convaincante, surtout sur les séquences où on attendait un « spectacle » acoustique plus environnant comme lors des quelques protestations estudiantines. Heureusement, la balance des avant parvient à plonger le spectateur suffisamment dans l’ambiance grâce à une solide délivrance de la musique, légèrement diffusée sur les latérales.

Les sous-titres français et anglais sont également disponibles.

Crédits images : © Epicentre Films