Le Jour de la haine (1968) : le test complet du DVD

Johnny Forrest, un chasseur de primes, retrouve la liberté après 10 ans de travaux forcés. Il doit retrouver son frère Clint et le faire payer. En effet, celui-ci a tué leur père et fait accuser Johnny. Entretemps, il est devenu un redoutable bandit, à la tête d’une horde de pillards sans foi ni loi. Mais, au cours de sa quête, Johnny apprendra que la dernière volonté de sa mère était de laisser la vie sauve à Clint.

Depuis trois ans et le succès international de Pour une poignée de dollars de Sergio Leone, le western italien est lancé dès 1964. Plus de 700 films vont être produits, la plupart pour une somme modique et un casting basé essentiellement sur des tronches plutôt que sur le talent des comédiens. Certains sont tombés dans l’oubli, d’autres ont su passer à travers les mailles du filet et demeurent de savoureux divertissements. Le Jour de la haine, Per 100.000 dollari t’ammazzo pour les puristes, reste aujourd’hui un très bon western, dans la droite lignée du Le Temps des vautours, réalisé l’année précédente par Romolo Guerrieri. D’ailleurs Le Jour de la haine de Giovanni Fago, mis en scène en 1968, possède de nombreux points communs avec 10,000 dollari per un massacro, y compris le titre et le final dans une ville abandonnée recouverte de poussière.

Nous retrouvons les deux mêmes têtes d’affiche dans Le Jour de la haine. L’excellent et mythique Gianni Garko, sous le pseudo américanisé de Gary Hudson ici, et le non moins bon et regretté Claudio Camaso, de son vrai nom Claudio Volonté (frère de qui vous savez), mort en prison en 1977 où il s’est suicidé quelques mois après avoir été arrêté pour avoir poignardé un homme, décédé de ses blessures. Dans Le Jour de la haine, ils interprètent deux frères que tout oppose, sauf l’appât du gain. Le premier a purgé une peine de dix ans aux travaux forcés à cause du faux témoignage de son frère, responsable de la mort de leur père. Le second, est devenu un bandit recherché spécialisé dans l’attaque des diligences. À sa sortie du pénitencier, le premier frangin est devenu un chasseur de primes impitoyable et se met en quête de vengeance. Nous sommes donc dans le western pur et dur !

Excellemment réalisé, même si la mise en scène ne peut rivaliser avec l’étonnante virtuosité ponctuelle du Le Temps des vautours, Le Jour de la haine se place nettement au-dessus du panier parmi les centaines de westerns réalisés en Italie à cette époque. Le réalisateur Giovanni Fago (O’ Cangaçeiro) s’en tire vraiment bien derrière la caméra (la première séquence est même anthologique), sa direction d’acteurs est solide, le scénario d’Ernesto Gastaldi (Mon nom est Personne, Un génie, deux associés, une cloche) joue habilement avec les archétypes du genre placés dans le mythe biblique d’Abel & Caïn et la musique de Nora Orlandi est superbe et reste bien longtemps en tête. Ce western de vengeance est donc largement conseillé.

Le DVD du Jour de la haine repose dans un boîtier Amaray classique. La jaquette, estampillée Western Européen, est très attractive avec un visuel chiadé et vintage du plus bel effet. Le menu principal est fixe avec la composition de Nora Orlandi en fond sonore.

Le Jour de la haine s’accompagne d’un diaporama d’affiches et de photos, mais aussi d’un lot de bandes-annonces et surtout d’une présentation du film par le dessinateur, scénariste de bandes dessinées et expert en cinéma de genre Curd Ridel (22’). Comme il a l’habitude de le faire, et pour notre plus grand plaisir, notre interlocuteur dresse surtout un portrait et la biographie des comédiens et de l’équipe derrière la caméra, tout en passant en revue quelques-unes de leurs oeuvres les plus marquantes. Même si Curd Ridel passe un petit peu de temps à raconter l’histoire, il évoque le fameux doublage français réalisé par des acteurs peu concernés, ainsi que les éléments du film qui font que Le Jour de la haine n’est pas non plus une réussite comme peut l’être Le Temps des vautours encore aujourd’hui.

Cerise sur le gâteau, Artus nous offre également un entretien croisé entre le scénariste Ernesto Gastaldi et le comédien Gianni Garko (24’), dans lequel les deux intervenants évoquent le western transalpin dans les années 1960, la production du Jour de la haine et le triste destin de Claudio Camaso.

Un superbe travail éditorial. Merci à Artus Films de nous permettre de découvrir ou de revoir Le Jour de la haine dans une copie de qualité ! D’emblée, l’image, au format respecté 2.35 (16/9 compatible 4/3) alias Cromoscope (une forme de Techniscope), affiche une propreté rarement prise en défaut, la clarté est de mise, le grain cinéma est bien géré, les contrastes plutôt riches, le piqué agréable sur les séquences diurnes pimpantes. Certains pointilleux noteront bien un point blanc ici et là ou de très légers moirages, tout comme certains flous inhérents aux célèbres zooms de l’époque et des couleurs qui manquent d’éclat, mais cela reste anecdotique. La définition flatte les mirettes, la compression demeure discrète. Un grand plaisir !

Propre et dynamique, le mixage italien mono 2.0 ne fait certes pas d’esbroufe inutile mais restitue formidablement la superbe musique de Nora Orlandi, malgré un très léger souffle. La version française vaut son pesant de cacahuètes, mais ne vous attardez pas trop dessus puisque le doublage donne au film un cachet résolument nanardesque qui ne lui sied guère. Si les deux pistes manquent un peu de peps au niveau de la délivrance des dialogues, les ambiances et effets annexes sont plus riches en version originale. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Artus Films