Le Prix du danger (1983) : le test complet du DVD

Réalisé par Yves Boisset
Avec Gérard Lanvin, Michel Piccoli et Marie-France Pisier

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 30/06/2014
Critique

Dans une société futuriste, « Le Prix du danger » est le nouveau jeu d’une chaine de télévision suivi par 200 millions de spectateurs. Un homme doit rejoindre un endroit secret en évitant cinq hommes venus pour le tuer. S’il réussit, il empoche beaucoup d’argent, mais François Jacquemard, nouveau participant, réalise très vite que le jeu est truqué…

Film prophétique sur les dérives de la télévision, Le Prix du danger, réalisé par Yves Boisset en 1983, s’inspire d’une nouvelle de l’auteur de science-fiction américain Robert Sheckley (1928-2005) publiée en 1958. L’écrivain avait d’ailleurs déjà utilisé le thème de la chasse à l’homme dans sa nouvelle intitulée La Septième Victime (1953), adaptée au cinéma par Elio Petri sous le titre La Dixième victime.

Fable et satire sociale du devenir de l’humanité, cette dystopie centrée sur une chasse à l’homme autorisée, télévisée et favorisée par les autorités, demeure un modèle français du genre. Porté par un casting exceptionnel, Gérard Lanvin (explosif), Michel Piccoli (déjanté), Marie-France Pisier (vénéneuse) et Bruno Cremer (impitoyable), Le Prix du danger est un véritable film de SF et d’anticipation, ne manquant pas d’humour noir et de scènes violentes.

Cinéaste engagé, Yves Boisset n’aura de cesse de provoquer le débat grâce à ses films comme Dupont Lajoie (sur le racisme ordinaire), R.A.S. (les dysfonctionnements de l’armée), Le Juge Fayard dit le shérif (le système judiciaire français). Ici, la dérive des médias est violemment prise à partie, notamment l’absence de déontologie puisque les chaines de télévision commençaient à rivaliser de bêtise dans le seul but de faire de l’audience. Vingt ans avant l’arrivée de Loft Story sur les écrans de télé français, Yves Boisset interpellait les spectateurs sur le devenir de la petite lucarne et l’abrutissement de la populace.

En dehors d’une esthétique évidemment passée de mode et qui donne au Prix du danger un sérieux coup de vieux, notamment au niveau des décors et des costumes, le propos demeure toujours d’actualité puisque les chaines se sont multipliées et n’ont de cesse de pondre des programmes de plus en plus décérébrés, vulgaires et violents, manipulant sans cesse le spectateur quant à la supposée « réalité » qui leur est proposé.

Le Prix du danger reste une oeuvre forte, hautement recommandable, passionnante et virulente. L’oeuvre de Robert Sheckley n’aura de cesse d’inspirer certains réalisateurs par la suite, comme dernièrement avec la saga Hunger Games. Pour l’anecdote, en 1987, Paul-Michael Glaser signe The Running Man, adapté de Richard Bachman (alias Stephen King) remake inavoué du Prix du danger qui allait entrainer de nombreuses poursuites pendant une dizaine d’années entre Yves Boisset et les producteurs du film avec Arnold Schwarzenegger. Yves Boisset finit par avoir gain de cause.

Édition - 6,75 / 10

La jaquette est attractive et saura titiller l’oeil du cinéphile. La sérigraphie et le menu principal, fixe et musical, reprennent également le même visuel.

En guise d’interactivité, Tamasa nous livre un entretien indispensable avec Yves Boisset (19’). Le cinéaste aborde les thèmes du Prix du danger, le casting, l’adaptation de la nouvelle de Robert Sheckley (un combat de 15 ans pour Yves Boisset) et les conditions de tournage à Belgrade. Le réalisateur évoque également l’avènement des chaines de télévisions commerciales, notamment TF1 avec sa course à l’audience, ainsi que le caractère prophétique de certaines émissions de télé-réalité d’aujourd’hui. Plus amusant, Yves Boisset explique que certains présentateurs se sont sentis particulièrement visés par le personnage excentrique incarné par Michel Piccoli, comme Léon Zitrone, Jacques Martin et Michel Drucker, qui a cessé d’inviter le metteur en scène du jour au lendemain dans ses émissions. Quelques photos de tournage viennent illustrer l’ensemble.

Posséder Le Prix du danger en DVD était inespéré. Nous excuserons donc les menus artefacts de la compression, les fourmillements, les noirs poreux et les sensibles décrochages (surtout sur les séquences « truquées »), car la copie restaurée présentée dans son format 1.66 respecté est excellente. Le cadre fourmille souvent de détails, le piqué est joliment acéré, le master propre, la colorimétrie au top, le relief et la profondeur de champ permettent d’apprécier les incroyables décors urbains, les contrastes sont bien lotis et les partis pris singuliers du célèbre directeur de la photographie Pierre-William Glenn divinement bien restitués. Certains plans rapprochés tirent agréablement leur épingle du jeu avec une qualité technique quasi-irréprochable. Une véritable redécouverte, merci Tamasa !

L’écoute paraît parfois confinée, mais le confort acoustique est indéniable. Si l’on excepte un très léger souffle, les voix se détachent sans peine, les effets et ambiances recherchés sont notables et l’ensemble est d’une propreté remarquable. Voilà un mixage Stéréo de haute volée.

Crédits images : © Tamasa Distribution

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm