Week-End (1938) : le test complet du DVD

Un long week-end, c’est presque des vacances ! C’est en tout cas ce que pensent les anglais, prompts à profiter des congés du Bank Holiday (quatre jours fériés) pour oublier leur quotidien en allant à la mer. Mais ce n’est pas le cas de Stephen Howard, qui vient de perdre sa femme en plein accouchement. Catherine, son infirmière, s’apprête elle aussi à partir en week-end et à rejoindre son fiancé sur le littoral. Mais, touchée par son chagrin, elle se demande rapidement si elle a bien fait de laisser le jeune veuf seul.

Avant de se rendre célèbre dans le monde entier avec des chefs-d’oeuvre sombres tels que Huit Heures de sursis (1947) et Le Troisième Homme (1949), le réalisateur, scénariste et producteur britannique Carol Reed (1906-1976) a d’abord fait ses classes dans le domaine de la comédie de moeurs, avec une grande réussite. C’est le cas du génial Week-End, son sixième long-métrage à travers lequel le cinéaste joue avec les ficelles de la comédie américaine.

Drôle et enlevée, cette récréation laisse également une belle part à l’émotion puisque grâce à un montage très réussi, Carol Reed alterne les moments euphoriques avec les diverses classes sociales qui s’entrecroisent sur les plages bondées, et ceux très émouvants d’un homme tout juste veuf, qui erre dans les rues pluvieuses et désertes de Londres.

Avec justesse, une énergie contagieuse dans sa peinture du capharnaüm régnant d’abord dans les gares puis sur le littoral - avec une approche presque documentaire - et une sensibilité poignante dans le portrait d’un homme désespéré, Carol Reed signe une comédie-dramatique très attachante, singulière, élégamment mise en scène. Week-End est surtout formidablement interprété par une ribambelle de comédiens, parmi lesquels se distinguent bien évidemment John Lodge (poignant) et la superbe Margaret Lockwood, l’inoubliable Iris Henderson d’Une femme disparaît d’Alfred Hitchcock (réalisé la même année), qui allait devenir l’une des plus grandes stars du cinéma anglais des années 1940.

Les cinéphiles ne doivent pas passer à côté de Week-End afin de découvrir une autre facette de l’immense Carol Reed.

La jaquette très attractive de ce nouveau titre de la collection Cinéma MasterClass est glissée dans un boîtier classique transparent, lui-même glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est animé et musical.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos, de liens internet et des credits du DVD, nous trouvons une excellente présentation de Week-End par Jean-Pierre Dionnet (12’). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision, notre interlocuteur replace Week-End dans la filmographie de Carol Reed (un cinéaste qui le fascine), évoque le caractère particulier de cette oeuvre plutôt légère et détaille ensuite longuement le casting du film.

Jusqu’alors inédit en DVD en France, Elephant Films livre un master plutôt satisfaisant de Week-End. Même si quelques fourmillements, rayures, points et autres scories demeurent, la copie demeure plaisante. L’encodage est solide, la gestion des contrastes est dans l’ensemble équilibré, le N&B suffisamment riche et lumineux, et la photo du chef opérateur Arthur Crabtree est habilement restituée. Le piqué est certes aléatoire mais quelques scènes sortent du lot, le master trouve rapidement un équilibre convenable et offre un confort de visionnage suffisant. Notons quelques décrochages sur les fondus enchaînés ainsi qu’un grain hasardeux.

Seule la version originale Dual Mono 2.0 est disponible. Hormis quelques fluctuations, craquements et chuintements, la piste mono demeure intelligible, les dialogues sont clairs, la musique bien présente. Le souffle est limité, tout comme les saturations, et le confort acoustique assuré.

Crédits images : © Elephant Films