Le Sens de l'humour (2013) : le test complet du DVD

Elise vit seule avec Léo, son fils de dix ans dont le père est mort. Elle entretient une liaison avec Paul. Leur relation est chaotique. Elise le repousse aussi violemment qu’elle se sent attirée par lui, et les deux amants alternent moments heureux et orageux. Malgré tout, Paul et Léo font connaissance et, les jours passant, s’apprécient de plus en plus…

Marilyne Canto est une de nos comédiennes les plus précieuses. Sa sensibilité, son regard franc, son sourire désarmant, sa grâce lumineuse subjuguent d’un film à l’autre, de Western de Manuel Poirier, en passant par L’Ivresse du pouvoir de Claude Chabrol, Le Bal des actrices de Maïwenn, Le Dernier pour la route de Philippe Godeau et dernièrement dans La Tendresse de Marion Hänsel. Récompensée par le César du Meilleur Court-métrage en 2007 pour Fais de beaux rêves, Marilyne Canto réalise son premier long métrage (après quatre courts) avec Le Sens de l’humour, à voir comme le deuxième chapitre de l’histoire posée dans Fais de beaux rêves. Dans le court-métrage, le spectateur « rencontrait » une femme en état de choc après la mort brutale de son mari et le début fragile d’un retour à la vie. Marilyne Canto a eu envie de raconter la suite des événements, la difficulté qu’allait rencontrer cette femme pour accepter d’aimer à nouveau.

Cette fois, la réalisatrice-comédienne décrit une relation amoureuse forte et la libération de son personnage. En partie autobiographique - Marilyne Canto a été la compagne du comédien Benoît Régent, décédé en 1994 - Le Sens de l’humour est l’histoire d’un deuil. La cinéaste décrit avec réalisme et pudeur la difficulté d’aimer à nouveau, d’aimer encore, quand on a aimé et qu’on a souffert de perdre. Marilyne Canto montre que le travail de deuil de cette femme et mère d’un garçon de dix ans, ne s’effectue pas en parlant de leurs états d’âme, mais en faisant comme tout le monde, en se plongeant pleinement dans ses activités quotidiennes. Comme elle l’affirme, la réalisatrice tenait à « ce que l’on voit Elise et Léo comme un petit couple, parfois uni et complice, parfois fatigué et las ». Ces deux êtres humains ne manifestent pas de de signes extérieurs de leur souffrance et tentent ainsi d’avancer, de se reconstruire, en essayant de reprendre une vie normale, comme Elise en ayant une vie amoureuse et sexuelle. Bien qu’Elise ne soit pas toujours aimable et puisse paraître fermée ou violente, elle demeure aimante et attachante. Complexe, blessée ou blessante, un peu à la manière de Jean Yanne dans le sensationnel Nous ne vieillirons pas ensemble de Maurice Pialat, Elise ne permet à personne, pas même à elle-même, de voir les traces de sa souffrance, en luttant contre ses émotions, dans un état de douleur permanent.

C’est là tout le génie de la performance de Marilyne Canto, faire découvrir la fragilité et la vulnérabilité de son personnage sous son visage fermé. Très émouvant, attachant, sincère et délicat, Le Sens de l’humour subjugue par l’interprétation intense des comédiens, Marilyne Canto en tête donc, mais aussi son véritable compagnon à la ville, le formidable Antoine Chappey (Un Air de famille, Indigènes, Le Petit lieutenant) et le petit Samson Dajczman, dont le naturel à l’écran est étonnant. On espère sincèrement que Marilyne Canto n’en restera pas à cet excellent coup d’essai et continuera sur cette lancée ! Un coup de coeur.

Le test a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est sobre, fixe et musical.

L’éditeur joint judicieusement le court-métrage Fais de beaux rêves (22’), réalisé en 2007 par Marilyne Canto, à l’origine du Sens de l’humour. Depuis que Bertrand est mort, Elise vit comme un somnambule. La rue, les vitrines, les cafés, les paroles de ses proches, tout semble irréel. Pourtant, Elise retrouve un homme, toujours le même, avec plaisir. Grâce à lui, elle se réveille… La nuit elle en rêve, le jour elle croit rêver, mais Elise avance, agit et malgré son chagrin, choisit la vie…Récompensé par le César du Meilleur Court-métrage, Fais de beaux rêves impose l’immense sensibilité de la réalisatrice et comédienne. Le N&B est magnifique, l’interprétation bouleversante. Ce film est à voir comme un premier chapitre, dont Le Sens de l’humour serait le second. Fais de beaux rêves décrit l’état de choc d’une femme après la mort brutale de son mari et le début d’un fragile retour à la vie. Superbe.

Le commentaire audio de Marilyne Canto est également disponible sur ce court-métrage. Riche en informations, dynamique, précis et passionnant. À ne pas rater.

L’éditeur joint également un lot de bandes-annonces ainsi qu’un livret comprenant un entretien avec Marilyne Canto et les filmographies de la comédienne et Antoine Chappey.

Certains plans se voient accompagnés de sensibles fourmillements et d’un manque de détails flagrant. La copie est nettement plus probante sur la restitution des visages. L’ensemble est clair, un léger grain se fait ressentir, les blancs sont lumineux. La colorimétrie est parfois un peu terne et le piqué manque souvent de vivacité, mais rien de bien méchant.

Ne vous attendez pas à des explosions ou des effets surround fulminants, mais le mixage Dolby Digital 5.1 permet de spatialiser de manière dynamique la bande-originale du film. Cependant, les dialogues auraient peut-être gagné à être un poil plus alerte sur la centrale et l’ensemble demeure essentiellement frontal en dehors des plages musicales. Les ambiances ne manquent pas et la balance des enceintes avant et arrière est plutôt bien équilibrée. Quant à la stéréo également proposée, elle s’avère largement suffisante pour ce film, les voix des comédiens y étant indubitablement plus dynamiques. Notons l’absence des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Christmas In July