Tout est permis (2014) : le test complet du DVD

Le permis de conduire à points est instauré depuis plus de 20 ans. Véritables lieux de mixité sociale et culturelle, les stages de récupération de points sont l’occasion pour les auteurs d’infractions d’y exprimer leur révolte mais aussi de se raconter. Les nombreux témoignages et images recueillis par Coline Serreau lors de ces stages, dressent un portrait tragi-comique de notre société où l’individualisme et les petites habitudes de chacun mettent en péril le bonheur de tous.

Tout est permis confirmerait-il une orientation de Coline Serreau vers le documentaire après Solutions locales pour un désordre global, sur les méfaits de l’agriculture intensive, réalisé en 2010 et couronné par le prix du public du documentaire étranger au Festival de São Paolo ?

Qui vivra verra. En attendant, Tout est permis, dans sa simplicité, est un exemple de documentaire-débat parfaitement réussi, grâce au sérieux travail de la réalisatrice sur plusieurs plans : le choix des intervenants, la documentation, l’intelligente sélection opérée dans le matériau filmé et le montage des éléments retenus.

En recueillant toutes les opinions (conducteurs ayant perdu des points, avocats, responsables de la prévention des accidents, médecins, etc.), qu’elles appuient la sanction des infractions au code de la route par le retrait de points du permis de conduire, ou qu’elles s’y opposent, le documentaire ne se limite pas, comme c’est souvent le cas, au plaidoyer pro domo d’une cause jugée d’avance.

Mais chacun des arguments en faveur d’un adoucissement de la répression est inexorablement anéanti par le rappel de faits avérés. Le documentaire révèle que les infractions sont, en France, le fait d’une petite minorité des 14 millions de conducteurs ; en effet, 75% d’entre eux ont tous leurs points (92% si l’on ajoute ceux qui n’ont perdu que 1 ou 2 points).

Tout est permis peut aussi inquiéter. Plusieurs des automobilistes qui cherchent à récupérer des points n’en sont pas à leur premier stage de formation : un jeune conducteur inaugure son troisième en 18 mois ! Autre constat : les « stagiaires », quasi-unanimement, n’éprouvent aucun sentiment de culpabilité, s’estimant victimes d’une injustice ou d’un manque de chance ! Donc pas enclins à modifier leur comportement : « Moi, je téléphone tout le temps en voiture »… « Je prends ma caisse et la route est à moi ! »… « Descendre dans le midi à 130 à l’heure, c’est pas possible ; je monte à 180, 200 ; mais je respecte tout, sauf la vitesse ».

Les statistiques sont pourtant réconfortantes quand elles montrent la chute des accidents mortels en France : de 150 000 morts dans la décennie de 1960 à 1970 (18 034 morts en 1971), ils sont tombés aujourd’hui à 4 000 par an.

Et qui peut sérieusement prétendre que la répression n’y est pas pour quelque chose ?

Test effectué sur check disc.

Le DVD est proposé dans un keep case. Sur la jaquette, un coq (gaulois) fait du pliage du fameux papier rose qui fit son apparition en 1954 et laissera progressivement la place à une carte électronique plastifiée.

Le sérieux travail de recherche, apprécié au visionnage du documentaire de 93 minutes, fait aisément pardonner l’absence de supplément. Regrettons cependant l’absence de sous-titres pour malentendants.

L’image est propre, correctement étalonnée. Quelques mouvements désordonnés de la caméra auraient pu être corrigés par une nouvelle prise ou écartés au montage.

Rien à dire sur le son Dolby Digital 5.1, suffisamment clair, mais limité aux performances d’un DD 2.0, ce qui n’a, en réalité, aucun inconvénient, la bande son ne contenant que des dialogues. Des sous-titres viennent opportunément au secours de la diction chancelante de certains intervenants.

Crédits images : © Thelma Films - Eniloc