Réalisé par Claude Lelouch
Avec
Jeremy Irons, Patricia Kaas et Thierry Lhermitte
Édité par M6 Vidéo
Dernier et 38e film de Claude Lelouch, comme beaucoup de ses
autres films, traite de l’improbable rencontre, commandée par
le destin, de deux êtres, Valentin, un gentleman cambrioleur
anglais (Jeremy Irons) et Jane, une chanteuse de cabaret
française (Patricia Kaas).
Tous deux ont en commun des moments d’amnésie et un
désenchantement pour l’amour, détruit par la lassitude ou la
trahison.
Elle part au Maroc, pour chanter dans les piano bars d’hôtels
chics de Fès, lui pour un tour du monde en solitaire à la
voile qui le conduira à Essaouira (où il est arrivé sans se
souvenir comment), puis à Fès, où il doit subir un examen au
scanner.
Il n’en fallait pas plus (pas moins, non plus) pour que
Valentin et Jane tombent l’un dans les bras de l’autre…
Le récit, assez mince, s’étire sur un peu plus de deux
longues heures. Des détails prêtent à sourire, comme le
syndrome dont souffrent les deux protagonistes dans leurs
moments d’absence : lui voit des bijouteries partout ; elle
voit des orchestres partout. Ou encore lorsque Valentin,
voulant faire accroire à sa femme qui l’appelle au téléphone,
qu’il est en plein milieu de l’Atlantique (et pas au Maroc)
et que le braiment de deux ânes est, en réalité, le chant…
des baleines ! Que dire, pour rester dans le sujet, de
quelques répliques du style : « Comment y font les ânes
pour voir la mer ? Grande question !… ».
Belle photo de Claude Lelouch, comme dans tous ses films. La
musique (des chansons, plus une musique originale et des
arrangements de Michel Legrand) est souvent envahissante.
Ce n’est pas un Lelouch du meilleur cru. A recommander,
toutefois, aux fans de Patricia Kaas, qui chante beaucoup (et
est bien photographiée !)… à défaut de nous convaincre, de
ses talents d’actrice.
La sérigraphie des deux disques est dans les tons sables de
la jaquette, avec les principaux acteurs sur l’un, Claude
Lelouch, en plan américain, sur l’autre, le tout contenu dans
un boîtier keep-case transparent.
Les menus animés sont esthétiques, avec des volutes en fer
forgé. Tout est clair, tout marche sans problèmes.
La qualité de l’image et du son n’appelle aucun reproche.
Le film est divisé en douze chapitres, avec titres et
vignettes animées. Tous les bonus sont en format 16/9 et
mono.
Il faut épingler les deux bandes-annonces qui nous sont, très
fâcheusement, imposées avant l’accès au menu, retardé de plus
de 4 minutes !
Également, les énormes sous-titres français des dialogues en
anglais qui recouvrent près d’un tiers de l’image ; le format
2.35/1 aurait permis de les inscrire à cheval sur la bande
noire ; à défaut, ils auraient pu être optionnels.
Sur le DVD 1 sont logés, à côté du film :
Essai de Patricia Kaas (4’13”) ; que ses fans soient,
dès maintenant, rassurés : elle sera prise, Lelouch se disant
« très content ». Elle est, pourtant un tantinet figée, pendant
le petit bout d’essai comme tout au long du film, peut-être
par manque de direction ; mais, encore une fois, elle est
joliment photographiée !
Le making of (4’13”), fait de répétitions et de scènes
de tournage, se laisse voir, sans plus.
Puis viennent les bandes-annonces (format 16/9, VF ou
VOST) de « Gangs of New York » de Martin Scorsese, de
Une Vie de rêve (La gran vida) de Antonio Cuadri, de
Sex Trouble (Tangled) de Jay Lowi, et de
Irène, premier film tourné par Ivan Calberac, en
2000, avec Cécile de France, une sorte de variation sur le
thème du Le Journal de Bridget Jones…
Souhaitons vivement que M6 Video ne prenne pas la mauvaise
habitude d’imposer des bandes-annonces en début de disque (4
bonnes minutes pour atteindre le menu !), à l’exemple de
certaines cassettes VHS d’outre Manche et d’outre Atlantique
qui permettaient, toutefois, le recours à l’avance rapide à
qui n’était pas d’humeur à avaler toute la sauce…
Sur le DVD 2, un moyen métrage de 52 minutes, à la
fois sympathique et intéressant, réalisé par Isabelle Clarke
sur un commentaire écrit et dit par Daniel Costelle, Les
13 vies du Chat Lelouch.
Après une courte introduction apologétique, nous invitant à
nous demander si Claude Lelouch ne serait pas, après tout, le
plus grand cinéaste français, les choses s’arrangent. Photos
et bouts de films de Claude enfant et de ses parents, pris
par la caméra achetée à l’occasion de sa naissance, en 1937.
Première réalisation : un documentaire filmé à Moscou, avec
une caméra cachée, en 1957, ce qui lui donna l’occasion d’une
visite des studios Mosfilms, en plein tournage de « Quand
passent les cigognes » de Mikhail Kalatozov.
Puis, Claude crée sa société de production « Les Films 13 » et
réalise, en 1960, son premier long, « Le propre de l’homme »…
qui ne sera jamais distribué !
Les Cahiers du Cinéma de l’époque lui consacrent deux lignes
: « Claude Lelouch… Retenez ce nom, vous n’en entendrez plus
jamais parler ! ». Il échappe à la faillite en réalisant, pour
Pilote Productions, sous l’égide de Gérard Sire, 130
« scopitones », de 1961 à 1965, jusqu’à la consécration de « Un
homme et une femme », Palme d’Or, Oscar du meilleur film
étranger, Oscar du meilleur scénario, sans compter une
quarantaine d’autres récompenses.
Un grand moment d’émotion : au Bois de Boulogne, une séance
de photo avec Patrick Dewaere, choisi pour tenir le rôle de
Marcel Cerdan dans « Édith et Marcel », aux côtés d’Évelyne
Bouïx. Le soir même, Patrick Dewaere allait se donner la
mort…
Claude Lelouch, un homme attachant, simple, déterminé. Mû par
sa rage de filmer, il a réalisé, en moyenne, près d’un film
par an depuis les années 60, dont « Robert et Robert », en
1978, et Itinéraire d’un enfant gâté, en 1988.
Une bonne résolution met en valeur la belle photo de Lelouch
(derrière la caméra dans tous ses films) et les paysages
marocains élargis par le format 2.35.
Un travail particulier sur les couleurs : l’image passe
parfois progressivement au noir et blanc, pour souligner le
stress des personnages, alors que des taches de couleurs
restent présentes, en arrière plan ou sur leur visage.
Le son est clair, avec un bon équilibre entre dialogues et
ambiance, tant dans le format Dolby Digital 5.1 que DTS, qui
apporte une plus grande netteté.
A signaler une différence de niveau sonore, plus marquée qu’à
l’accoutumée, entre les deux formats. Large spatialisation,
cohérente.