Réalisé par Georg Maas
Avec
Juliane Köhler, Liv Ullmann et Sven Nordin
Édité par Blaq Out
Katrine, née d’une mère norvégienne et d’un père allemand dans un Lebensborn pendant la seconde guerre mondiale, a fui la RDA en 1969 à la recherche de sa mère qu’elle retrouve en Norvège. Elle se marie à un officier de marine avec lequel elle a une fille. En 1990, l’année de la chute du mur de Berlin, un avocat lui demande de témoigner à un procès devant la Cour européenne de justice visant à obtenir réparation du préjudice qu’a fait subir la négligence de l’État norvégien aux « enfants de la honte ». Sans dire pourquoi, Katrine refuse de témoigner…
D’une vie à l’autre (Zwei Leben, « deux vies ») est le deuxième film de fiction du réalisateur allemand Georg Maas, par ailleurs auteur de quatre documentaires. Le début du film est déroutant : il est si difficile de s’expliquer l’étrange comportement de Katrine qu’on en vient à se demander si la confusion n’est pas à mettre sur le compte d’un manque d’attention. Il faut, en réalité, attendre 66 minutes avant que ne soit donnée la clé de l’énigme et que se dissipe la relative frustration ressentie pendant les deux tiers du film !
On est alors disposé à pardonner la roublardise du scénario, d’autant plus facilement que la réalisation ne manque pas de qualités, particulièrement pour sa photographie et la subtilité de l’étalonnage des couleurs. Le jeu de Juliane Köhler (Eva Braun dans La Chute d’Oliver Hirschbiegel) est un autre atout du film. On retrouve à ses côtés Liv Ullmann.
Un film aux allures de thriller sur un dramatique fond historique, superficiellement évoqué.
Test effectué sur un check disc. Le menu fixe et musical propose le choix entre version originale multilingue (norvégien, allemand et anglais, avec sous-titres français optionnels) et doublage en français, les deux en Dolby Digital 5.1 ou 2.0. Sous-titres pour malentendants.
En supplément, un entretien avec Georg Maas (13’). Dans un français parfait, le réalisateur nous dit sa passion pour les questions d’identité, son goût pour découvrir la personne qui se cache derrière son image, ce qui est le thème de son autre film, NeuFundLand (2003), pas encore distribué en France. Il évoque aussi l’intégration de l’Allemagne de l’Est par l’Allemagne de l’Ouest qu’il estime être encore inachevée et regrette qu’elle se fasse sans qu’on ait cherché à conserver certains bons aspects de la vie en RDA.
Vient ensuite un intéressant documentaire réalisé en 2013 par Romain Icard, Les Pouponnières du troisième Reich (52’), sur l’organisation par les nazis d’un élevage intensif de bébés nés de parents répondant aux critères « aryens » et placés aussitôt sevrés dans des familles nazies après que leur origine ait été soigneusement effacée. Jugés à Nuremberg, les responsables du programme « L » ont été acquittés, bien que les enfants « défectueux » aient été euthanasiés. À un utile rappel historique, le document ajoute l’émotion soulevée par le témoignage des survivants, maintenant septuagénaires, dont certains n’ont appris que tout récemment l’histoire de leur naissance, les archives de la Croix Rouge n’ayant été ouvertes qu’à partir de 2008.
L’image (2.35) aux couleurs désaturées agréablement réveillées, çà et là, par des couleurs vives est bien définie, avec des contrastes fermes et un peu de grain, sans lissage excessif. Tout cela tranche avec les flashbacks tournés en super 8 dont l’aspect très granuleux a permis d’escamoter l’anachronisme de certains détails !
Le son Dolby Digital 5.1 donne un bon équilibre entre les dialogues, nets dans les deux versions, la musique élégante et discrète et l’ambiance, correctement spatialisée.
Crédits images : © Blaq Out