Réalisé par Emma Dante
Avec
Emma Dante, Alba Rohrwacher et Elena Cotta
Édité par Jour2Fête
Un dimanche d’été. Le sirocco souffle sans relâche sur
Palerme quand Rosa et Clara, en route pour célébrer le mariage
d’une amie, se perdent dans la ville et débouchent dans une
ruelle étroite : Via Castellana Bandiera. Au même moment, une
autre voiture conduite par Samira, dans laquelle est entassée
la famille Calafiore, emprunte la même ruelle dans le sens
opposé.
Ni Rosa ni Samira, vieille femme têtue, n’ont l’intention de
céder et de faire marche arrière.
Enfermées dans leurs voitures, les deux femmes s’affrontent
dans un duel silencieux, le regard plein de haine, sans boire
ni manger, sans dormir jusqu’au lendemain. Plus obstinées que
le soleil de Palerme et plus dur que la férocité des hommes
autour d’elles. Puisque, comme dans tout duel, c’est une
question de vie ou de mort…
Éminente dramaturge, mais aussi comédienne, metteur en scène de théâtre et maintenant réalisatrice sicilienne, la grande Emma Dante, née à Palerme en 1967, adapte à l’écran son roman Via Castellana Bandiera. Pour un coup d’essai c’est un véritable coup de maître. Redoutablement interprété, y compris par Emma Dante elle-même qui partage l’affiche avec l’indispensable et divine Alba Rohrwacher (Ce que je veux de plus, La Solitude des nombres premiers), Palerme a été couronné à la Mostra de Venise en 2013 par la Coupe Volpi de la meilleure actrice pour Elena Cotta, et le prix de la meilleure musique pour les Frères Mancuso.
Oeuvre personnelle, les prises de vue de Palerme ont été réalisées dans la véritable Via Castellana où a vécu Emma Dante pendant dix ans. Elle retrouve donc ses racines et use de codes inhérents au western transalpin pour narrer l’histoire d’un duel métaphorique entre l’Italie d’hier et celle d’aujourd’hui, mais aussi celle d’une société figée sous un soleil écrasant, livrée à elle-même, oubliée.
La tension est constante dans Palerme, la moindre étincelle peut tout faire exploser, les regards s’affrontent, la sueur perle, les vieillards regardent ce qui se passe avec circonspection, les plus jeunes s’amusent en silence. La vie continue mais ses acteurs demeurent immobiles car persuadés d’avoir raison ils ne veulent pas céder d’un pouce et attendent que la personne en face d’eux recule pour pouvoir avancer. Avec son unité de lieu, de temps et d’action remarquablement maîtrisée, voici un premier long métrage singulier, passionnant, engagé, indispensable.
Le DVD de Palerme repose dans un très beau slim digipack. Les visuels sont soignés, le menu principal, fixe et animé, reprend le visuel de l’affiche du film.
Outre la bande-annonce, Jour2fête livre une interview de Emma Dante (14’) qui revient sur la genèse de Palerme, ses débuts au cinéma, les thèmes du film, les partis pris, le travail avec les comédiens et les conditions de tournage.
Jour2fête nous propose un très beau master de Palerme. Respectant les volontés artistiques de la réalisatrice, la copie affiche une colorimétrie soignée, des contrastes de belle tenue, un grain cinéma palpable et un piqué plutôt ferme, mais qui reste sensiblement émoussé sur les séquences sombres. L’image est propre, sans fioritures, les gros plans impressionnent par leur précision et la clarté - le soleil de Palerme est palpable tout du long - est de mise. Les scènes en extérieur impressionnent par leur belle luminosité et leurs teintes chatoyantes, tandis que le cadre large ne manque pas de détails.
Une seule langue, deux choix possibles. Une écoute frontale riche et dynamique en Stéréo, ou alors une spatialisation concrète et un plus grand confort acoustique en Dolby Digital 5.1. Dans les deux cas, l’écoute demeure ardente, fait une large place aux dialogues tout en mettant à l’avant la musique du film. Les effets latéraux et ambiances naturelles pointent habilement le bout de leur nez. Les sous-titres français sont imposés.
Crédits images : © Jour2Fête