Mémoires pour Simone + La solitude du chanteur de fond (1974) : le test complet du DVD

Deux portraits d’un couple célèbre du spectacle par Chris Marker. Celui de Simone Signoret, réalisé en 1987, juste après qu’elle disparaisse. Chris Marker était son ami depuis le temps où ils étaient tous deux élèves du lycée Pasteur à Neuilly-sur-Seine. Puis le portrait d’Yves Montand, dressé en 1974, pendant la préparation d’un tour de chant à l’Olympia.

Mémoires pour Simone a été commandé à Chris Marker par Gilles Jacob pour être projeté au 39ème festival de Cannes en hommage à Simone Signoret décédée huit mois plus tôt. Un montage d’archives et d’extraits de film est commenté par François Périer qui lit également des extraits de La Nostalgie n’est plus ce qu’elle était, l’autobiographie écrite par l’actrice en 1975. Ce documentaire ne raconte pas la vie de Simone Signoret. Il est esquisse simplement, par petites touches, un portrait impressionniste.

Chris Marker fouille çà et là dans son passé et met au jour une foule de petits souvenirs, des films de famille dans la maison d’Autheuil dans l’Eure, sa brève apparition comme figurante dans Les Visiteurs du soir de Marcel Carné (1942). Mais aussi les moments qui ont compté dans sa carrière, par exemple l’Oscar d’interprétation féminine qui lui fut attribué en 1960 pour Les Chemins de la haute ville (Room at the Top) de Jack Clayton.

Sans oublier, bien sûr, à l’apogée de sa beauté, le rôle de Casque d’Or (Jacques Becker, 1952) et son impitoyable affrontement avec Jean Gabin dans Le Chat de Pierre Granier-Deferre. Elle a vieilli, vingt ans ont passé depuis Casque d’Or. Mais, confie-t-elle dans La Nostalgie n’est plus ce qu’elle était : « Est-ce qu’on joue mieux quand on a vieilli ? On ne joue plus, on est. »

La Solitude du chanteur de fond nous fait partager quelques instants avec Yves Montand filmé pendant les répétitions d’un tour de chant à l’Olympia en faveur des réfugiés du Chili, avec son pianiste, Bob Castella, et avec son orchestre. La caméra de Chris Marker, par une suite de gros plans sur les mains et le visage du chanteur, souligne le soin qu’il prenait à ses gestes sur scène (qu’il « cataloguait », selon sa propre expression).

De généreux extraits de chansons. Les plus célèbres : Le Temps des cerises, Les Grands Boulevards, Battling Joe… Les plus intimes : Dans ma maison et Sanguine joli fruit…

Yves Montand parle aussi des choses de la vie, de politique, bien sûr, et pas seulement du Chili. « En avançant en âge », il a pris du recul sur les événements politiques, pas toujours aussi simples qu’ils paraissent, sur lesquels il porte un regard nouveau, plus circonspect, plus nuancé.

Deux petits films tendres qui nous font entrevoir, pendant une heure, un peu de l’intimité d’un couple mythique du cinéma et de la chanson.

Le disque, sorti le 3 février 2015, est extrait du coffret de 10 DVD Planète Chris Marker édité par ARTE Éditions en novembre 2013. Il est présenté dans un keep case transparent inséré dans un étui, sous une nouvelle jaquette avec deux photos des artistes.

Menu fixe et muet. Sous-titres pour malentendants. Sous-titres français optionnels pour certains passages en anglais de Mémoires pour Simone.

Aucun supplément.

L’image, au format 1.66:1 pour Mémoires pour Simone et 1.33:1 pour La solitude du chanteur de fond, est assez propre, avec des couleurs légèrement délavées. Les archives qui accompagnent le film sur Simone Signoret sont d’une qualité plus aléatoire.

Le son Dolby Digital 1.0 est clair, avec peu de souffle et, particulièrement pour le film sur Yves Montand, bénéficie d’une bonne dynamique et d’un spectre généreusement ouvert avec, toutefois, des aigus parfois grinçants.

Crédits images : © ARTE France