L'Espion qui venait du surgelé (1966) : le test complet du DVD

Le Spie vengono dal semifreddo

Réalisé par Mario Bava
Avec Franco Franchi, Ciccio Ingrassia et Vincent Price

Édité par Artus Films

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Le 13/04/2015
Critique

Photo L'espion qui venait du surgelé

Ambitionnant de dominer une partie du monde, le Dr Goldfoot s’allie à la Chine et cherche à causer la guerre entre les USA et l’URSS. Son plan est d’éliminer dix généraux de l’OTAN, et de prendre la place du dernier. Pour cela, il élabore ses fameuses filles explosives, des filles toutes aussi sexy les unes que les autres qui explosent dès qu’on les embrasse. Mais l’agent Dexter, souhaitant réintégrer sa place dans les services secrets, décide de contrecarrer les plans de Goldfoot. Aidé par deux portiers débiles se faisant passer pour des espions, il va devoir affronter le génie du mal.

A l’origine de L’Espion qui venait du surgelé, réalisé en 1966 par Mario Bava, il y a deux longs métrages bien distincts. Le premier est Dr. Goldfoot and the Bikini Machine, réalisé en 1965 par Norman Taurog, avec Vincent Price dans le rôle-titre et produit par James H. Nicholson, père de qui vous savez, via la société AIP. Un énorme succès. En Europe, Due mafiosi contro Goldginger (1965), mis en scène par Giorgio Simonelli, tourne en dérision les James Bond qui affolent le box-office international depuis quatre ans. Les stars de cette comédie sont Franco e Ciccio, un duo de comiques très populaires en Italie. Par un concours de circonstances liées à une coproduction internationale, les deux films vont alors connaître une suite commune, intitulée en français L’Espion qui venait du surgelé, aka Dr. Goldfoot and the Girl Bombs, aka Le spie vengono dal semifreddo.

Le cinéaste Mario Bava vient d’enchaîner Les Trois visages de la peur (1963), Le Corps et le fouet (1963), 6 femmes pour l’assassin (1964), Arizona Bill (1964), La Planète des vampires (1965), Duel au couteau (1966) et Opération peur (1966) quand on lui propose de mettre en scène L’Espion qui venait du surgelé, qui demeure son unique incursion dans la comédie et son plus grand succès. Pour le marché européen, les pitreries et les grimaces de Franco e Ciccio, sorte de Benny Hill sous ecstasy, prennent le dessus sur tout, y compris sur l’immense Vincent Price, qui apparaît plutôt en guest-star de luxe, même si le titre du film évoque le retour de son personnage du Dr Goldfoot.

Photo L'espion qui venait du surgelé

Si l’histoire, complètement dingue, part dans tous les sens, L’Espion qui venait du surgelé est un chef-d’oeuvre du nawak, inclassable, jubilatoire, hilarant et explosif. Les comédiens sont survoltés, les séquences s’enchaînent en allant à cent à l’heure, les décors sont soignés et cerise sur le gâteau, la sublime Laura Antonelli, âgée de 25 ans, fait une de ses toutes premières apparitions devant la caméra et l’illumine déjà de sa beauté et de son sex-appeal en passant quasiment tout le métrage en petite nuisette affriolante.

En découvrant le montage européen, les producteurs américains décident de remanier complètement l’histoire en s’emparant notamment des scènes coupées et en intégrant un résumé du film précédent, ainsi qu’une nouvelle bande originale. Ils se dépêchent de remettre le personnage de Vincent Price au centre de l’histoire, en coupant l’essentiel des séquences où apparaissent Franco e Ciccio, une gageure puisque l’autre version du film repose essentiellement sur leur abattage. Ayant vu son jeu quasiment réduit au silence par Mario Bava - une petite vengeance du réalisateur excédé par le fait que la comédienne ne connaissait jamais son texte - les producteurs américains réintègrent une séquence où l’actrice use de ses charmes généreux afin de séduire un espion américain. De plus, la séquence foldingue se déroulant à la fête foraine, est transformée littéralement en film muet avec scènes accélérées et intertitres, permettant entre autres de faire des économies sur le doublage.

Les deux versions se complètent génialement aujourd’hui. L’Espion qui venait du surgelé apparaît comme une comédie hallucinogène à voir et à revoir avec un angle alternatif en option et surtout au 36e degré… en dessous de zéro bien entendu. 


Photo L'espion qui venait du surgelé

Présentation - 5,0 / 5

Les deux galettes de L’Espion qui venait du surgelé sont confortablement installées dans un magnifique digipack, illustré par les affiches vintage du film. Un objet suprêmement élégant. Les menus principaux sont fixes et musicaux. En revanche, on ne sait s’il s’agit d’une erreur éditoriale, mais le Digipack est estampillé Ciné Fumetti, réservé habituellement pour les titres du genre Superargo contre Diabolikus, Kriminal, et nous attentions plutôt à ce que ce titre rejoigne la catégorie EuroSpy à l’instar d’Opération Goldman, dont vous pouvez retrouver la chronique dans nos colonnes.

Bonus - 4,0 / 5

Le premier DVD comprend le montage italien (83’) de L’Espion qui venait du surgelé, inédit dans nos contrées. C’est également sur ce disque que vous trouverez un générique alternatif d’une minute (beaucoup plus statique), un diaporama d’affiches et de photos d’exploitations, un lot de bandes-annonces, mais aussi surtout une présentation du film de Mario Bava, réalisée par l’expert ès cinéma Bis, Eric Peretti (21’). Véritable mine d’or d’informations sur la conception de L’Espion qui venait du surgelé, ce module drôle et passionnant informe sur la genèse du film, le casting, les différents montages (un pour le marché européen, un réalisé par les producteurs pour les Etats-Unis), le tout saupoudré par de nombreuses anecdotes liées au tournage. Le supplément idéal qui comble nos lacunes !

Sur le deuxième DVD, l’éditeur joint le fameux montage américain (78’), excellemment passé en revue par Eric Peretti dans le segment précédent. Dans cette mouture, le personnage de Vincent Price tient le haut de l’affiche, tandis que Franco & Ciccio sont relégués en tant que personnages secondaires, ainsi que leurs grimaces et gesticulations. L’impression est étrange, comme si nous avions un point de vue différent sur l’histoire, un angle alternatif. Il s’agit donc plus d’une suite à Dr. Goldfoot and the Bikini Machine, que de Due mafiosi contro Goldginger, comme pouvait le proposer le montage européen. Par ailleurs, Laura Antonelli, qui avait eu le don d’irriter Mario Bava en raison de ses trous de mémoire, avait vu plusieurs de ses scènes laissées sur le banc de montage et des répliques ôtées, et se voit agrémenter ici d’une scène aussi drôle que sexy où la divine créature interprète son double-robot explosif qui tente de se débarrasser de l’espion américain. Cette version est un bonus à part entière.

Photo L'espion qui venait du surgelé

Image - 3,5 / 5

Le montage diffusé à la télévision était en réalité la mouture américaine de L’Espion qui venait du surgelé. Artus nous propose les deux versions du film de Mario Bava. A titre de comparaison, le montage US s’en sort nettement mieux que l’option transalpine, totalement inédite chez nous. En effet, cette dernière semble avoir été rafistolée à partir d’éléments divers et la définition demeure totalement aléatoire. Certaines séquences sont nettes, propres, impeccables même avec un piqué plaisant, des couleurs pimpantes et des contrastes bien gérés. En revanche, il n’est pas rare que la palette chromatique flanche d’un seul coup au cours d’une même scène. Les visages deviennent cireux, les noirs bouchonnent, la stabilité est mise à mal et certaines poussières font leur apparition. Ne parlons pas des stock-shots censés montrer l’avion du Dr Goldfoot, rayées, tachetées, griffées, tout comme les transparences de la séquence en montgolfière, qui donnent du fil à retordre à la définition.

En revanche, en dépit d’un prologue très abimé avec un grain hasardeux, le montage américain s’avère homogène, fluide, équilibré, stable, avec un Technicolor plus vif, un piqué plutôt aiguisé, une profondeur de champ agréable pour les mirettes. Dans les deux cas, le format original 1.85 est respecté, 16/9 compatible 4/3.

Son - 3,5 / 5

Le premier DVD comprend donc uniquement L’Espion qui venait du surgelé en version italienne. L’écoute est assez claire, même si d’inévitables craquements demeurent. Petite chose enquiquinante, les sous-titres français, non imposés, se retrouvent parfois en plein milieu de l’écran. Sur la deuxième galette, vous trouverez deux versions françaises réalisées pour le film. Les dialogues sont différents, tout comme les voix bien sûr, et le premier mixage s’avère plus dynamique avec des dialogues vifs, une musique et des bruitages en parfaite homogénéité. En revanche, la piste anglaise apparaît plus confinée et les voix manquent de peps.

Photo L'espion qui venait du surgelé

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm