Eden (2014) : le test complet du DVD

Au début des années 90, la musique électronique française est en pleine effervescence. Paul, un DJ, fait ses premiers pas dans le milieu de la nuit parisienne et créé avec son meilleur ami le duo « Cheers ».
Ils trouveront leur public et joueront dans les plus grands clubs de la capitale. C’est le début pour eux d’une ascension euphorique, vertigineuse, dangereuse et éphémère.
C’est aussi le parcours sentimental d’un jeune homme qui accumule les histoires d’amour et qui n’arrive pas à construire.

Eden tente de faire revivre l’euphorie des années 90 et l’histoire de la French Touch : cette génération d’artistes français qui continue de briller dans le monde entier.

Après Tout est pardonné (2007), Le Père de mes enfants (2009) et Un amour de jeunesse (2011), Mia Hansen-Løve confirme avec Eden qu’elle se place dans le peloton des réalisatrices françaises à suivre (avec Céline Sciamma et Léa Fehner), tout en s’imposant comme la digne héritière d’un cinéma vibrant, mélancolique, délicat, élégant et humain. Pour Eden, elle s’inspire de l’histoire de son frère Sven, son aîné de 7 ans, un DJ très renommé dans le monde du Garage House, fondateur des soirées parisiennes Cheers à la Coupole, partagé entre son rêve de faire danser le monde entier et la nécessité de s’en sortir, de pouvoir vivre sa vie. Si Eden n’est pas le meilleur film de Mia Hansen-Løve, il n’en demeure pas moins que ce film est techniquement le plus abouti de sa courte, mais impressionnante carrière.

Au-delà de son sujet principal, co-écrit par Sven Hansen-Løve lui-même, Eden est une oeuvre touchante et universelle qui s’étale sur vingt années. Pour son quatrième long métrage, la réalisatrice retrouve ses thèmes de prédilection à travers le portrait d’un jeune adulte, à savoir le temps qui passe, la jeunesse qui s’envole, la force des sentiments, la solitude, les désillusions, la perte de l’innocence et le destin (ceux qui ont connu le succès, ceux qui sont restés sur le bas côté), ici d’artistes en herbe, entre éducation musicale et sentimentale.

Après avoir abordé le thème du père dans ses deux premiers longs-métrages, puis celui de l’adolescence dans Un amour de jeunesse, la jeune réalisatrice se penche ici sur l’histoire d’un jeune adulte, à l’heure des choix cruciaux au moment de rentrer dans le monde adulte. Là où ses précédents films se distinguaient par une mise en scène épurée, celle d’Eden apparaît plus élaborée et recherchée, ne serait-ce qu’à travers la reconstitution d’une époque, celle des soirées électro des clubs parisiens des années 90 et 2000. La sensibilité à fleur de peau de la cinéaste transparaît à chaque plan, à chaque ligne de dialogue, à chaque non-dit, même si le sujet diffère totalement par rapport à tout ce qu’elle a pu faire jusque-là.

Seul bémol, le rôle principal est tenu par Félix de Givry, aperçu dans Après mai d’Oliver Assayas, peu attachant et charismatique. Heureusement, il est solidement épaulé par l’excellente Pauline Etienne (Le Bel âge, Qu’un seul tienne et les autres suivront, La Religieuse), Vincent Macaigne, Vincent Lacoste (qui incarne Thomas Bangalter jeune !), Laura Smet, Golshifteh Farahani et même Greta Gerwig qui apparaît brièvement.

Drame biographique marqué par une impressionnante BO compilant des titres des artistes phares de l’époque (Cassius, Frankie Knuckles, et même les Daft Punk qui ont cédé les droits d’auteur de plusieurs de leurs succès pour une somme symbolique après avoir lu le scénario), Eden plonge le spectateur dans un monde qui peut lui être méconnu voire totalement inconnu, entre rêves et rave, celui de l’émergence de la scène électronique (aka la French Touch) des années 90, mais le film va évidemment au-delà du monde de la musique qu’il dépeint et du film autobiographique puisque le cinéma de Mia Hansen-Løve est celui des sentiments, de la nostalgie, de la mélancolie, des espoirs déçus. Vibrant et intergénérationnel.

Le test du DVD d’Eden, édité par Ad Vitam, a été réalisé sur un check-disc. Le visuel de la jaquette semble reprendre celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

En plus de la bande-annonce, vous trouverez un petit lot de séquences coupées (4’)… mais c’est tout. C’est dommage, nous espérions quelques interviews de la réalisatrice et de son frère, ou bien un making of.

Ad Vitam nous a concocté un très beau master d’Eden. La colorimétrie est habilement restituée, la clarté est de mise, le cadre large bien exploité. On excuse de sensibles pertes de la définition sur des plans plus lumineux, dénaturant quelque peu le piqué, puisque la copie demeure solide et permet de revoir le film de Mia Hansen-Løve dans d’excellentes qualités techniques.

Le confort acoustique est largement assuré grâce au mixage Dolby Digital 5.1. La musique, évidemment très présente, bénéficie d’une très belle spatialisation, le caisson de basses est utilisé à bon escient, les dialogues solidement plantés sur la centrale et la balance frontale fluide et limpide. Les plages de silence sont impressionnantes, les ambiances naturelles ne sont pas oubliées et les effets annexes sont omniprésents. La piste stéréo est également de fort bon acabit et contentera largement ceux qui ne seraient pas équipés sur les enceintes latérales.

L’éditeur joint également une piste audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Alamode Film / Ad Vitam