Réalisé par Keren Yedaya
Avec
Maayan Turjeman, Tzahi Grad et Yaël Abecassis
Édité par Blaq Out
Tami, vingt ans, vit seule avec son père qui entretient avec elle une relation incestueuse. Perturbée, elle aime pourtant son père et ne supporte pas de devoir le partager occasionnellement avec une autre femme.
Le scénario de Loin de mon père, écrit par la réalisatrice israélienne Keren Yedaya, est l’adaptation d’un livre de la romancière Shez, inspiré par l’observation de personnages réels. Ce troisième long-métrage de Keren Yedaya n’a peut peut-être pas la force des deux précédents, Mon trésor (Or, 2004, Caméra d’or à Cannes) et Jaffa (2009), deux autres histoires tragiques d’une jeune femme.
Certains critiques ont reproché à Keren Yedaya l’ambiguïté de Loin de mon père (projeté à Cannes dans la sélection Un certain regard), certaines scènes montrant une réelle attirance sexuelle de Tami envers son père.
Pourtant, le choix de préférer à une présentation manichéenne de la situation un exposé en demi-teintes est probablement plus réaliste qu’un tableau en noir et blanc. Que Tami consente à des relations sexuelles avec son père, qu’elle en prenne parfois l’initiative, est loin d’absoudre la relation incestueuse, ni même de lui accorder des circonstances atténuantes. Le film montre clairement que Tami est taraudée par la culpabilité, au point de se punir en se tailladant régulièrement bras et cuisses ou en s’abandonnant sur une plage, au vu des passants, à l’appétit sexuels de jeunes inconnus rencontrés au petit matin.
L’ascendant exercé sur elle par son père ne peut passer inaperçu : sa domination se manifeste presqu’à chacune des scènes et s’exprime par des remarques sur son habillement, sa prise de poids, voire, plus violemment, par des menaces et des coups.
La caméra, parfois en de longs plans séquences, suit en permanence Tami, interprétée, avec beaucoup de naturel pour une première apparition sur l’écran, par Mayaan Turjeman qui doit avoir à peu près l’âge de son personnage. Lui donne la réplique, dans le rôle du père, un acteur chevronné, Tzahi Grad, remarqué récemment dans Off White Lies de Maya Kening (2011) et dans le brutal Big Bad Wolves de Aharon Keshales et Navot Papushado (2013).
Loin de mon père, âpre, dérangeant, ne peut pas laisser indifférent.
Test effectué sur check disc. Le DVD est présenté, comme les autres éditions Blaq Out, dans un digipack. Le menu fixe et sonorisé propose le film (93’) dans sa seule version originale, en hébreu et sous-titres français optionnels, avec le choix entre deux formats audio : Dolby Digital 2.0 stéréo ou Dolby Digital 5.1.
En supplément, un entretien de 11 minutes avec Keren Yedaya, intitulé « Le voir pour le croire ». En anglais (avec sous-titres français), la réalisatrice dit avoir voulu, comme dans ses autres films, raconter les histoires à la place de ceux qui ne peuvent pas le faire. Le thème est délicat, mais elle a choisi de le traiter, sans chercher à provoquer, en cachant la nudité dans les relations sexuelles. Elle souhaite susciter un débat, faire prendre conscience que, mêmes consenties, les relations incestueuses restent un viol, aider les victimes à se débarrasser de toute honte et, l’espère-t-elle, à changer le regard de la société sur l’inceste.
L’image (1.78:1) est agréable, bien définie et contrastée dans toutes les conditions de lumière, avec des noirs denses dans les scènes de nuit.
Le son restitue clairement les dialogues, bien équilibrés avec les bruits d’ambiance (pas d’accompagnement musical). La différence entre les deux formats, Dolby Digital 5.1 ou stéréo, est ténue.
Crédits images : © Aries Images