Amours cannibales (2013) : le test complet du DVD

Caníbal

Réalisé par Manuel Martín Cuenca
Avec Antonio de la Torre, Olimpia Melinte et María Alfonsa Rosso

Édité par Luminor Films

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Le 15/07/2015
Critique

Photo Amours cannibales

Carlos, prestigieux tailleur vivant à Grenade, est également un meurtrier à la monomanie singulière. Lorsque Nina, une jeune Roumaine à la recherche de sa soeur jumelle, apparaît dans sa vie, il tombe pour la première fois amoureux… Un sentiment qui met en péril son éprouvant secret.

C’est l’histoire d’un homme, Carlos, 45 ans, qui ne ressent rien, qui est indifférent à la souffrance des autres. La nuit, Carlos tue des jeunes femmes. Non pas pour le plaisir, mais par nécessité. Le jour, il est reconnu pour son travail. Il est tailleur dans un petit atelier situé en bas de chez lui, dans un joli quartier de Grenade. Le soir il dîne seul. Un verre de vin rouge accompagne une tranche de viande grillée qu’il mange mécaniquement. Cette viande provient de ses victimes. Son réfrigérateur en est rempli. Le plaisir de la chair, au sens propre comme au figuré. On l’imagine tailler méticuleusement la chair de ses proies comme il le fait pour ses tissus de haute qualité, toute la journée dans son atelier semblant hors du temps. Un jour, tout bascule. Sa voisine du dessus, lui demande de l’aide. Il refuse. Elle s’immisce un peu trop chez lui. Il accepte finalement de la conduire au commissariat le plus proche. Elle disparaît le lendemain sans laisser de traces. C’est alors que survient la soeur jumelle de cette dernière. Carlos la rencontre…

Et mieux vaut arrêter là l’histoire d’Amours cannibales, superbe relecture du thème de l’anthropophage au cinéma écrite, produite et réalisée par Manuel Martín Cuenca, metteur en scène d’une douzaine de longs, courts-métrages et documentaires. Pour Amours cannibales, présenté dans moult festivals où il a notamment remporté le Prix du Jury de la meilleure photographie au Festival de San Sebastian, il retrouve pour la quatrième fois son comédien fétiche, Antonio de la Torre, vu dans Volver de Pedro Almodóvar, Azul de Daniel Sánchez Arévalo et Balada Triste d’Álex de la Iglesia, absolument parfait et dont le jeu ambigu rend son personnage troublant, élégant, attachant et pourtant monstrueux. Il donne la réplique à l’excellente et superbe actrice roumaine Olimpia Melinte, dans un fascinant double-rôle.

Amours cannibales est une oeuvre souvent fascinante puisqu’elle adopte le point de vue de ce tueur en série, qui nous apparaît charmant et raffiné, qui va tomber amoureux de la soeur jumelle d’une de ses victimes. Dès la sensationnelle séquence d’ouverture, Manuel Martín Cuenca nous plonge dans le quotidien de cet assassin, totalement inconscient du mal, qui n’éprouve ni remords ni culpabilité. De tous les plans, Antonio de la Torre bouffe l’écran et hypnotise les spectateurs avec une économie de dialogues, des regards froids et calculateurs, tout en reflétant le bouleversement de ses sentiments. La mise en scène est en symbiose avec le personnage principal, chaque plan est étudié, magnifié par la fantastique photographie de Pau Esteve Birba qui n’en finit pas de ravir les sens. Le réalisateur ne s’encombre d’aucune explication quant au mode de vie de Carlos. Le spectateur est libre de se faire sa propre opinion. Voilà un personnage et un film qui n’ont pas fini de nous hanter l’esprit…

Photo Amours cannibales

Présentation - 4,0 / 5

Le DVD d’Amours cannibales, édité chez Luminor, repose dans un boîtier Amaray classique, de couleur noire. Le visuel de la jaquette est magnifique et reprend celui de l’affiche française. Le menu principal est animé et musical.

Bonus - 3,0 / 5

Le making of (11’) est classique, constitué d’images de tournage et des propos de l’équipe, mais n’en demeure pas moins intéressant. Les comédiens et le réalisateur développent la psychologie des personnages et l’approche stylistique, sans jamais tomber dans le mode de la promo gratuite.

S’ensuivent quelques séquences coupées (16’) à voir absolument puisqu’elles prolongent surtout toute l’introduction en la montrant sous un angle différent. Là où le film adopte le point de vue de Carlos, qui observe de loin la station service, ces scènes nous font découvrir le couple français qu’il prend ensuite en filature. Les séquences suivantes dévoilent ensuite le trajet jusqu’au chalet et le sort réservé à la jeune femme.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, sans oublier un petit livret glissé dans le boîtier, comprenant un entretien avec le réalisateur Manuel Martín Cuenca, ainsi que sa biographie et celles des deux comédiens principaux.

Photo Amours cannibales

Image - 4,0 / 5

Avec cette édition DVD d’Amours cannibales, Luminor prouve une fois de plus qu’il est un éditeur à suivre de près. Bien que le film soit complètement passé inaperçu dans nos salles, le film de Manuel Martín Cuenca bénéficie d’un master SD au transfert soigné et très élégant. Le piqué est soigné, la clarté de mise sur les séquences en extérieur avec de superbes scènes diurnes, un léger grain se fait ressentir sur les intérieurs ambrés, feutrés et chauds, le cadre offre un lot conséquent de détails et la colorimétrie de la photographie - signée Pau Esteve Birba - faisant la part belle aux gammes brunes est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses, et malgré un sensible bruit vidéo, des moirages constatables, les meilleures conditions techniques sont réunies pour découvrir ce petit bijou.

Son - 3,5 / 5

Les mixages espagnols et français Dolby Digital 5.1 déçoivent par leur manque d’envergure et de peps, tant au niveau de la délivrance des dialogues que des effets latéraux. S’il n’y a pas grand-chose à redire sur la balance frontale, ce mixage ne parvient pas vraiment à immiscer le spectateur dans l’ambiance du film, à part peut-être durant les séquences de procession. Les enceintes latérales ne servent finalement qu’à mettre en relief les quelques ambiances naturelles (vent, pluie) et la version française se focalise beaucoup trop sur le report des voix.

Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles sur la version originale uniquement. Le changement de langue est impossible à la volée et les sous-titres français sont imposés sur la piste espagnole.

Photo Amours cannibales

Crédits images : © Golem Distribución

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 18 juillet 2015
Avec Amours cannibales, le cinéaste Manuel Martin Cuenca livre un vrai bijou noir prenant comme personnage principal un tailleur réputé qui se transforme en serial killer la nuit afin de se constituer...un garde-manger. Une relecture du cannibalisme au cinéma, le plaisir de la chair au sens propre comme au figuré.
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Philippe Gautreau
Le 16 juillet 2015
Au service de cet horrifique cauchemar, une réalisation et une photo soignées et, par-dessus tout, la subtile interprétation d’Antonio de la Torre dans le costume du tailleur cannibale au cœur tendre. Envoûtant !

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Amours cannibales
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