Taxi Téhéran (2015) : le test complet du DVD

Taxi

Réalisé par Jafar Panahi
Avec Jafar Panahi et Nasrin Sotoudeh

Édité par Memento Films

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Le 26/08/2015
Critique

Taxi Téhéran

Installé au volant de son taxi, Jafar Panahi sillonne les rues animées de Téhéran. Au gré des passagers qui se succèdent et se confient à lui, le réalisateur dresse le portrait de la société iranienne entre rires et émotions…

Le retour de Jafar. Panahi bien sûr ! Après avoir traité des inégalités et l’absence de liberté dans la société iranienne, de la condition des femmes dans la république islamique d’Iran, de la prostitution, d’un vétéran de la guerre avec l’Irak confronté à l’injustice sociale (Le Cercle, Sang et or, Hors jeu), Jafar Panahi a vu ses oeuvres interdites dans son propre pays, au cinéma et en DVD, même s’ils sont vendus sous le manteau. Tournant alors ses films en secret, il est ensuite arrêté à plusieurs reprises, notamment avec sa femme, sa fille et 15 autres personnes en mars 2010. Jafar Panahi est condamné à six ans de prison - pour participation à des rassemblements et pour propagande contre le régime - et il lui est interdit de réaliser des films, de répondre aux interviews ou de quitter le pays pendant vingt ans. Qu’à cela ne tienne, au nom de la liberté d’expression il coréalise Ceci n’est pas un film puis Pardé, le premier en collaboration avec Motjaba Mirtahsmab, le second avec Kambuzia Partovi. Il réitère cet exploit avec Taxi Téhéran, Ours d’Or au Festival de Berlin en 2015.

Tourné clandestinement avec trois caméras numériques cachées dans l’habitacle, Taxi Téhéran montre Jafar Panahi dans la peau d’un chauffeur de taxi, qui roule à travers les rues de la capitale de l’Iran et accueille quelques clients-passagers, qui représentent une facette spécifique de la ville, un portrait haut en couleurs. Sur le fil fragile tendu entre la fiction et le documentaire, Taxi Téhéran brave les interdits. Panahi utilise son taxi - qu’il voit comme un espace de liberté, où les opinions s’expriment spontanément - comme un vrai studio de cinéma exigu monté sur roues, et fait jouer non pas des personnes prises au hasard dans la rue, mais des comédiens amateurs, non professionnels, des membres de la famille du cinéaste, sa nièce, son avocate Nasrin Sotoudeg (elle-même condamnée à onze ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État, graciée, mais interdite d’exercer sa profession), quelques connaissances ou «  connaissances de connaissances  » - dont les noms n’apparaîtront pas à l’écran puisqu’il n’y a pas de générique de fin - jouant leur partition, certains ayant d’ailleurs accepté de travailler gratuitement.

Dans son siège, Jafar Panahi est le meneur, le directeur d’acteurs, mais aussi le cadreur, le preneur de son et l’acteur principal de sa nouvelle oeuvre. Il se place également également en tant que «  témoin  » de ses passagers, les écoute parler librement de la situation du pays. Grave, burlesque, drôle, engagé, intelligent, Taxi Téhéran est un acte de résistance, modeste dans la forme, mais infiniment courageux.

Taxi Téhéran

Présentation - 4,5 / 5

Le DVD de Taxi Téhéran, disponible chez Memento Films, repose dans un slim digipack très attractif. Le visuel reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est fixe et musical.

Bonus - 2,0 / 5

Outre la bande-annonce, l’éditeur joint la remise de l’Ours d’Or au Festival de Berlin en 2015 (3’). C’est la nièce de Jafar Panahi, qui joue son propre rôle dans Taxi Téhéran, qui monte sur scène pour recevoir la récompense, avant de s’écrouler en pleurs devant l’assistance. Très émouvant.

Taxi Téhéran

Image - 4,0 / 5

Taxi Téhéran a été tourné en catimini, avec trois petites caméras numériques dissimulées dans un habitacle de voiture, ainsi qu’à travers le prisme d’un appareil photo ou d’un téléphone. Cette patine «  film amateur  » est donc respectée et offre des conditions de visionnage limitées. La définition dépend des «  conditions  » de prises de vues. La colorimétrie est claire, tandis que la gestion des contrastes reste aléatoire. Le piqué est suffisamment mordant, les détails appréciables.

Son - 4,0 / 5

La version persane stéréo révèle une ardeur bienvenue. La balance gauche-droite est savamment dosée, les voix des comédiens fortes et distinctes, les ambiances annexes parviennent à percer, pour finalement offrir un mixage homogène, fluide et sans esbroufe inutile. Les pistes persane et française (!) Dolby Digital 5.1 ne servent principalement qu’à spatialiser la musique et exsuder quelques ambiances naturelles sur les arrières. Il est évident que la piste française (également disponible en Stéréo) est à oublier puisqu’elle manque de naturel, notamment au niveau du doublage de la nièce de Panahi. On croirait écouter une récitation. La version originale Stéréo est donc largement suffisante pour profiter pleinement de Taxi Téhéran.


Taxi Téhéran

Crédits images : © Jafar Panahi Film Productions

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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P. de Melun
Le 31 janvier 2024
Non, ce n’est pas un chef d’œuvre et je suis d’ailleurs circonspect après avoir vu le film. Loin de moi l’idée de vouloir lui enlever ses qualités intrinsèques, je trouve tout de même que la critique qui a encensé ce « reportage » est le fait d’un mimétisme journalistique un peu surprenant. Ce film est certes courageux, il dénonce le régime de censure en Iran, en abordant le sujet de façon drôle et profondément humain. "Taxi Téhéran" nous embarque en effet dans les rues de la capitale Iranienne, au côté de Jafar Panahi, le réalisateur, qui pour l'occasion, joue les taxis. C’est sympathique et, je le répète, audacieux mais ce « docu-fiction » bavard n’entre pas dans la catégorie du 7ème art. Il n’y a pas beaucoup d’émotion, les scénettes sont vite répétitives et trop souvent surfaites. Difficiles de comprendre les critiques élogieuses concernant ce long métrage si ce n'est pour des raisons éminemment politiques. Ce film est pour moi davantage un acte de résistance louable que du grand cinéma. Je mets cependant 3 étoiles pour la démarche résolument héroïque.
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Franck Brissard
Le 12 juillet 2015
Pas de commentaire.

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