Réalisé par Paul Morrissey
Avec
Joe Dallesandro, Geraldine Smith et Jackie Curtis
Édité par Carlotta Films
Joe et Geri sont mariés et ont un bébé. Ils vivent dans un
sous-sol de New York. Elle ne fait rien, lui se prostitue
avec les deux sexes pour ramener de l’argent à la maison et
se payer de la drogue.
Ce matin-là, Geri secoue Joe pour le tirer d’un profond
sommeil, lui reproche sa paresse et lui dit qu’elle a besoin
de 200 $ pour payer l’avortement de Patti, sa petite amie…
C’est le premier long métrage de Paul Morrissey, produit par
Andy Warhol, encore qu’il ait, peu avant, participé à la
réalisation de deux films du pape du op’art.
Flesh est, aussi, le premier panneau d’un triptyque complété
par Trash en 1970 et Heat en 1972.
Paul Morrissey filme Joe, nu la plupart du temps, à la
manière « nouvelle vague », tout au long d’une journée, un peu
comme un objet d’art. Il inspire d’ailleurs un de ses
clients, qui fait des croquis de lui dans des poses de
statues grecques.
Au-delà des anecdotes, le film est un constat sur l’ambiance
de la fin des années 60 qui a largement dépassé le cadre de
l’underground new yorkais.
Nos actes ont-ils un sens ? une valeur ? des conséquences ?
Notre apparence a-t-elle une quelconque importance ? Où est
le bien, où est le mal ?
Le film, une « comédie de moeurs » assez désabusée, pose toutes
ces questions, et d’autres encore, sans y répondre. Les
personnages, eux, qui traînent leur ennui, sans ambitions,
presque sans désirs, font comme s’ils avaient trouvé la bonne
réponse : « On fait ce qu’on veut et ça ne gêne personne ».
Le disque, logé dans un keep-case transparent jaune fluo, est
sérigraphié dans le style op’art, avec le même graphisme que
pour les deux autres volets de la trilogie, ici pois bleus
sur fond noir.
Excellente restauration de l’image ; un son mono d’origine,
bien nettoyé, avec léger souffle très supportable.
Les suppléments sont essentiellement constitués d’un court
métrage, non sonorisé, de Paul Morrissey et d’une scène
coupée dont l’intérêt est renforcé par les commentaires du
réalisateur.
Le menu principal, animé et sonorisé, est dactylographié en
blanc sur fond noir, bien dans l’esprit d’un film à petit
budget.
Seule la version originale en anglais est disponible.
Pas de découpage en chapitres.
On peut insérer ou supprimer les sous-titres français à la
volée.
Tous les suppléments sont un format 4/3, son mono.
Scène coupée : (11’, 4/3). Cette scène, qui aurait pu
s’insérer au début du film, met en situation Joe et Geri.
Elle peut être regardée avec les commentaires du réalisateur
ou telle qu’elle a été tournée, en son direct, et nous
fournit l’occasion d’apprécier le travail d’étalonnage des
couleurs et de nettoyage du son effectué pour l’édition qui
nous est offerte. Les commentaires du réalisateur tendent,
pour l’essentiel, à resituer les personnages et l’action dans
le contexte des années 60 : y avait-il une morale de l’époque
? L’individu était-il fondé à vivre comme il l’entendait,
sans gêner personne ou devait-il assumer des responsabilités
vis-à vis des autres, des responsabilités sociales ?
Qu’est-ce qu’un mariage entre un homosexuel qui se prostitue
et une lesbienne ? On croit bien sentir qu’en même temps
qu’il pose toutes ces questions le réalisateur leur donne, 35
ans après, une réponse implicite
Clip de Joe Dalessandro (2’34”), avec photos, bouts filmés et
extraits du film.
All aboard the dreamland choo-choo, (13’12”) est le titre
d’un court-métrage de Paul Morrissey (non sonorisé et inédit
à ma connaissance) : un homme jeune, seul, se roule un joint,
qu’il fume méticuleusement, jusqu’à l’extrême bout ; après
quelque temps, changement d’occupation : il se caresse avec
une sorte de râteau en plexiglas irradié d’une lumière bleue
et produisant, on peut le supposer, de l’électricité statique
; finie la rigolade, on passe au troisième stade : l’homme
s’enfonce à plusieurs reprise un cutter dans le gras de la
cuisse (il me semble même qu’il a réussi à se couper une
artère !) Glauque !
Flesh en 1968 est une sorte de diaporama sonorisé qui resitue
le film dans son époque avec photos et coupures de presse :
mai 68 à Paris, Martin Luther King, l’élection de Richard
Nixon, le « printemps de Prague » et quelques uns films à
l’affiche : Easy Rider, Bullitt,
Bonnie & Clyde, Macadam Cowboy, 2001 a
space odissey et, last but not least
La Nuit des morts vivants. Un bon cru ! Des titres
à ajouter dans votre DVDthèque s’ils n’y sont pas déjà (Tous
encore disponibles en zone 2 : j’ai vérifié !)
L’image a été restaurée avec beaucoup un soin : la vivacité
des couleurs, bien étalonnées, les noirs profonds, avec juste
ce qu’il faut de grain, une telle qualité étonne pour un film
à tout petit budget, tourné il y a 35 ans !
Il reste quelques petites taches blanches, mais rien de bien
gênant.
J’allais oublier de vous dire de ne pas vous inquiéter sur
l’état de fonctionnement de votre lecteur : les flashes et
les claquements qui ponctuent chaque changement de plan sont
« d’origine ». Était-ce involontaire ou délibéré, pour faire
plus vrai en accentuant l’aspect documentaire un peu fauché
Le dogme avant la lettre !
Le son mono est clair avec un souffle léger, donc pas gênant.