Réalisé par Uberto Pasolini
Avec
Eddie Marsan, Joanne Froggatt et Andrew Buchan
Édité par Condor Entertainment
Au Royaume-Uni, quand une personne décède dans la solitude, sans famille connue, les mairies recherchent ses proches et lui assurent des obsèques décentes. C’est la mission qu’exerce John May pour le compte du Kennington Borough, en plein centre de Londres.
Premier plan : d’une petite église entourée par son cimetière résonne l’hymne Amazing Grace. Deuxième plan, à l’intérieur de l’église : un cercueil, un prêtre, un homme debout, dans une rangée du fond, personne d’autre.
Une belle fin, Still Life (nature morte), est, après Sri Lanka National Handball Team (2008), le deuxième film réalisé par le producteur Uberto Pasolini (le créateur de The Full Monty). Il dit, dans l’entretien en supplément au film, n’être pas un réalisateur, mais seulement un producteur.
La qualité d’Une belle fin, dont il a également écrit le scénario, montre qu’il se sous-estime.
Le film doit aussi beaucoup à Eddie Marsan. Il n’a plus à démontrer son talent après plus d’une centaine de films pour le grand et le petit écran, parmi lesquels La Disparition d’Alice Creed et la remarquable série Ray Donovan (Showtime) dont il est un des interprètes récurrents. Mais c’est la première fois que la caméra ne le quitte jamais, de la première à la (presque) dernière image.
Il incarne un personnage hors du commun et pas seulement par la particularité du métier qu’il exerce (il jouait déjà aux côtés d’un autre fonctionnaire britannique au métier pas commun, celui du bourreau de Pierrepoint - The Last Hangman, interprété par Timothy Spall, toujours pas dans nos bacs).
John May est un curieux personnage, toujours seul dans un petit bureau et dans un petit appartement assez similaires, à la décoration minimaliste : la couleur y est proscrite - tout va du blanc au noir en passant par le gris - tout y est méticuleusement rangé. Aucune fantaisie, non plus, dans ses vêtements couleur de muraille. Il n’a pas d’amis, ne quitte son bureau ou son appartement que pour les besoins d’une inspection du domicile des morts à la recherche d’indices sur de possibles relations, ne parle que lorsque cela devient nécessaire et ne sourit jamais.
Ce qui ne l’empêche pas d’aimer son métier ni même d’éprouver un réel bonheur quand il réussit à identifier un membre de la famille ou un ami du défunt sur lequel il enquêtait. Jusqu’à ce que la frustration s’invite quand il réalisera que personne ne s’est déplacé pour les funérailles. Dans son album de famille, une photo de chacun de ses » clients « .
Rôle difficile à tenir dont Eddie Marsan, presque toujours en plan fixe au milieu du cadre, s’acquitte au mieux en réussissant à faire passer avec une étonnante subtilité les émotions contenues de son personnage, dont quelques plans larges soulignent de temps à autre l’isolement.
Loin d’exploiter les aspects morbides du thème, Une belle fin est un film pudique et humaniste, avec une fin inattendue… et belle. Surtout, si vous aimez les surprises, ne regardez le bonus qu’après le film !
Test effectué sur un check disc. Le DVD-9 est présenté dans un keep case. Sur la jaquette, une photo en plongée de John May. Le menu animé et musical propose la seule version originale (avec sous-titres français optionnels) sous trois formats audio : Dolby Digital 5.1 ou stéréo et DTS 5.1.
En supplément, un entretien avec Uberto Pasolini (30’, enregistré en avril 2015). Dans un français impeccable, il dit que l’idée du film lui est venue à la lecture d’un reportage sur une employée municipale du quartier de Westminster remplissant la mission de John May. Pendant quelques mois, il a partagé la vie professionnelle de tels fonctionnaires dans trois mairies de Londres avant d’écrire le scénario, puis de décider de jouer, pour la deuxième fois, les réalisateurs. Les enquêtes menées, nous dit-il, n’aboutissent que dans 30% des cas et les proches identifiés n’assistent que très rarement aux obsèques. Il a choisi Eddie Marsan pour sa capacité à communiquer ses états d’âme sans mots. Il confie aimer Magritte, Picasso et, ce qui ne nous a pas vraiment surpris, le cinéma de Yasujiro Ozu.
L’image (1.85:1), bien définie, dans des tons adoucis, légèrement désaturés et surexposés, s’accorde parfaitement à la tonalité générale du film.
Le son est très propre, naturel et bien équilibré dans les trois formats. Net avantage, bien sûr, au DTS 5.1 pour la dynamique et la finesse.
Crédits images : © Condor Entertainment