Effie Gray (2014) : le test complet du DVD

Le critique d’art John Ruskin a atteint la trentaine quand il épouse, en 1848, Euphemia Gray, de 11 ans sa cadette. Vivant toujours chez des parents qui le protègent à l’excès, il délaisse sa jeune épouse. Malheureuse, elle finira par demander l’annulation d’un mariage qui n’aura jamais été consommé.

Effie Gray est une réalisation du Britannique Richard Laxton qui s’est fait connaître pour sa contribution à plusieurs séries, dont Him & Her (2010-2013, pas disponible en France) qui reçut le BAFTA Award de la meilleure sitcom en 2014. La plus réputée de ses réalisations pour le grand écran est, en 2009, An Englishman in New York, jamais sorti dans les salles françaises et qui valut à John Hurt pas moins de quatre prix d’interprétation.

Le scénario, tout comme les dialogues remarquablement bien écrits, sont dus à la plume d’Emma Thompson. La véritable histoire d’Effie Gray est assez fidèlement rappelée. La constatation de sa virginité, après six ans d’union, justifia l’annulation du mariage. La rumeur circula que John Ruskin aurait été d’emblée dégoûté de sa femme à la vue des poils pubiens, jamais représentés sur les toiles.

Dakota Fanning ressemble étrangement à Effie Gray qui aurait servi de modèle pour le tableau le plus célèbre du peintre préraphaélite Everett Millais, Ophelia, inspirée d’un des personnages du Hamlet, représentant une jeune fille noyée, allongée dans l’eau d’un ruisseau, un bouquet de fleurs défait dans la main.

À 22 ans, Dakota Fanning a une impressionnante filmographie : plus de cinquante titres. Il faut dire qu’elle a débuté très jeune, en 2000, en participant à un épisode de plusieurs séries, parmi lesquelles Urgences (ER), Ally McBeal, Les Experts (CSI: Crime Scene Investigation), The Practice, Malcolm… Elle reçut plusieurs prix du meilleur espoir féminin, notamment pour Sam je suis Sam (I Am Sam de Jessie Nelson, 2001) puis celui décerné en 2006 par l’Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films, USA pour son interprétation de la fille de Tom Cruise dans La Guerre des mondes de Steven Spielberg. Elle a, dans Effie Gray, un jeu minimaliste que beaucoup ont critiqué, mais qui s’accorde pourtant à la langueur affligeant son personnage.

Effie Gray compte encore à son affiche d’autres acteurs réputés : Outre Emma Thompson, dans le rôle d’une confidente d’Effie, y figurent aussi Greg Wise, dans le rôle de John Ruskin, James Fox, David Suchet, Derek Jacobi et, pour une apparition inattendue, Claudia Cardinale. De plus, viennent à l’appui de l’oeuvre une photo réussie dans les beaux cadres de Venise et de la lande écossaise et de magnifiques décors et costumes.

Effie Gray, malgré ces atouts, peine à toucher le spectateur que les malheurs de la pauvre jeune femme risquent de laisser assez indifférent. La faute en est, probablement, à un montage qui ne réussit pas à rythmer le récit et à une écriture filmique trop peu articulée, trop évanescente pour relier une succession de cadres toujours soigneusement composés.

Effie Gray (104 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un keep case. Le menu, sur lequel des volutes blanches se déploient sur fond bleu, propose trois versions : la version originale Dolby Digital 5.1 et deux doublages dans le même format, en français et en italien.

L’édition Blu-ray, disponible au Royaume Uni, ne l’est pas en France.

En supplément, un entretien avec Emma Thompson (7’). Filmée à Venise, la scénariste du film dit avoir lu le recueil des lettres écrites par Effie Gray pendant son séjour à Venise et s’être référée à beaucoup d’autres témoignages, mais affirme que l’oeuvre reste une fiction. Elle évoque, également, les difficultés à rassembler les moyens de financement de ce film indépendant. On aurait aimé qu’elle développe ces points en nous épargnant le discours promotionnel.

Suit un entretien avec Dakota Fanning (13’), sur les bords du Grand Canal. La jeune actrice s’exprime avec une fraîcheur spontanée, mais presqu’exclusivement pour faire la promotion du film.

Pour finir, Les costumes dans Effie Gray (8’). Ce document reprend, à son début, certains passages des deux entretiens précédents. Puis Ruth Meyers, la créatrice des costumes, indique qu’elle a dessiné pas moins de 37 costumes pour la seule Dakota Fanning. Elle nous dit ce qui guide son imagination, souligne l’importance des costumes, leur influence sur le jeu des acteurs, leur lien avec les phases du récit… C’est, de loin, le bonus le plus intéressant des trois.

La beauté de l’image (2.35:1) est malheureusement compromise par une technique défaillante. Elle manque en effet de piqué et de contraste, notamment dans les scènes les plus sombres, parfois à la limite de la lisibilité. De plus, sauf dans les séquences les plus éclairées, l’image paraît souvent avoir été filmée à travers un fin voile blanc.

Le son Dolby Digital 5.1, pour la VO et les doublages en français et en italien, en revanche, répond aux attentes, avec une utilisation discrète des voies latérales.

Crédits images : © Sovereign Films