Taj Mahal (2015) : le test complet du DVD

Réalisé par Nicolas Saada
Avec Stacy Martin, Louis-Do de Lencquesaing et Gina McKee

Édité par BAC Films

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Le 31/05/2016
Critique

Taj Mahal

Louise a dix-huit ans lorsque son père doit partir à Bombay pour son travail. En attendant d’emménager dans une maison, la famille est d’abord logée dans une suite du Taj Mahal Palace. Un soir, pendant que ses parents dînent en ville, Louise, restée seule dans sa chambre, entend des bruits étranges dans les couloirs de l’hôtel. Elle comprend au bout de quelques minutes qu’il s’agit d’une attaque terroriste. Unique lien avec l’extérieur, son téléphone lui permet de rester en contact avec son père qui tente désespérément de la rejoindre dans la ville plongée dans le chaos.

Il aura fallu attendre près de sept ans pour que le réalisateur Nicolas Saada nous offre son second long métrage. Connu pour son émission de radio Nova fait son cinéma, consacrée aux musiques de films (1993-2007) et sa participation aux Cahiers du cinéma, Nicolas Saada est passé derrière la caméra en 2009 pour son premier long métrage Espion(s), avec Guillaume Canet et Géraldine Pailhas. Un coup de maître, un chef-d’oeuvre instantané qui combinait la rencontre et l’histoire d’amour entre deux solitaires avec un récit d’espionnage magistralement mis en scène dans une ville de Londres cosmopolite et filmée comme dans les plus beaux fleurons du cinéma d’espionnage de naguère où planait constamment l’ombre d’Alfred Hitchcock. Taj Mahal est donc le second long métrage de Nicolas Saada.

Le scénariste-réalisateur s’inspire de faits réels, survenus en Inde du 26 au 29 novembre 2008. A Bombay, une dizaine d’attaques terroristes islamistes ont lieu simultanément. L’une d’entre elles se déroule à l’hôtel Taj Mahal où des terroristes pakistanais ont pris en otage une quinzaine de personnes, des employés et des résidents. Des explosions ont lieu dans les derniers étages, le bâtiment est en feu. Certains clients sont calfeutrés dans leur chambre et attendent les secours. Au hasard d’une rencontre, Nicolas Saada écoute le récit d’une rescapée de 18 ans qui était calfeutrée dans sa chambre tout au long de l’attaque. Taj Mahal adopte le point de vue de cette jeune fille, sauvée le samedi 29 novembre 2008. Le cinéaste explique «  narrativement, psychologiquement, ce que cette jeune fille m’a raconté était très pur. Je me suis dit qu’il fallait que je reste le plus fidèle possible à son récit, sans le surcharger de signifiants. Il ne s’agissait pas d’exploiter son témoignage mais de lui donner une forme. J’ai essayé de coller le plus fidèlement possible à ce que la vraie Louise me racontait de son arrivée en Inde, de sa difficulté à s’installer, de ce sentiment d’entre deux quand elle et sa famille sont à l’hôtel. (…) La rencontre de ce nouvel espace provoque en Louise beaucoup de questionnements, on la sent indécise et intranquille. L’attaque est comme un précipité, le prolongement à une autre échelle, de ses inquiétudes  ». A partir de son entretien avec la véritable Louise, Saada signe un formidable huis clos, prenant, viscéral, effrayant, oppressant, basé en grande partie sur les sons environnants puisque Louise, enfermée seule dans sa chambre, n’a pu qu’entendre ce qui se passait autour d’elle, jusqu’à ce qu’elle deviennent la proie des flammes.

Le montage ne laisse aucun moment de répit, tout comme la musique composée par Nicolas Godin (la moitié du groupe Air) tout aussi inspirée et qui participe à la tension. Dans Taj Mahal, Louise est interprétée par la comédienne franco-anglaise Stacy Martin qui venait de tourner dans le diptyque Nymphomaniac. Alors que le film de Lars Von Trier était encore en postproduction, Nicolas Saada a jeté son dévolu sur l’actrice de 25 ans, qui imprime le film de sa présence magnétique. En dehors de quelques échappatoires en extérieur pour montrer les parents de Louise (excellents Louis-Do de Lencquesaing et Gina McKee) qui tentent de rejoindre l’hôtel, la caméra, virtuose, ne lâche quasiment pas Stacy Martin. Tourné en huit semaines dès octobre 2014 pour un budget d’environ 6 millions d’euros, entre Bombay et les studios d’Epinay, Taj Mahal est sorti sur les écrans le 2 décembre 2015. La date a été maintenue malgré les attentats survenus à Paris le soir du 13 novembre 2015. Malheureusement, durant cette période difficile et sensible, le film n’a réalisé que 30.000 entrées.

La sortie en DVD de Taj Mahal doit lui donner une seconde chance car le film de Nicolas Saada impressionne du début (la découverte de Bombay à travers les yeux de Louise) à la fin (véritable récit d’apprentissage, ou comment apprendre à (re)vivre après les événements) et confirme tout le bien que l’on pensait du cinéaste depuis Espion(s). 


Taj Mahal

Présentation - 4,0 / 5

Taj Mahal est édité chez Bac Films Vidéo. La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur blanche, reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est sobre, animé et musical.

Bonus - 4,0 / 5

C’est ce qu’on appelle une galette bien fournie ! Nous sommes très heureux de trouver un commentaire audio du réalisateur. Prolixe, passionnant et passionné, Nicolas Saada parle tour à tour de la genèse de Taj Mahal, de l’histoire vraie à la base du film, le casting (Stacy Martin choisie alors que Nymphomaniac était en postproduction), les conditions de tournage, la musique de Nicolas Godin. Le cinéaste décortique également les prises de vues réalisées en Inde et celles réalisées en studios dans la région parisienne. Un commentaire audio enrichissant et indispensable.

Bac Films Vidéo livre ensuite le court-métrage de Nicolas Saada intitulé Aujourd’hui. Commandé par MK2 et la chaîne Ciné+, ce petit film (8’) a pour thème la fin du monde. Atypique, singulier, le film prend pour cadre Paris, notamment la Bibliothèque François Mitterrand, le jour du Jugement Dernier. Une femme (Bérénice Béjo) accompagne son fils à l’école et sur le chemin observe un vieux monsieur au visage impressionnant (Frederick Wiseman) qui semble vouloir l’avertir d’un événement imminent. La sirène d’alarme se déclenche au sein de la Bibliothèque. Une lumière explose dans le ciel. Tourné en novembre 2012 et diffusé dans les salles partenaires au mois de décembre suivant, Aujourd’hui est un court-métrage qui impressionne par sa maîtrise et mérite amplement d’être découvert.

Nous retrouvons Nicolas Saada dans le module suivant pour une discussion avec le journaliste-critique Philippe Rouyer (28’), réalisée en octobre 2015, quelques semaines avant la sortie de Taj Mahal sur les écrans. Si certains propos sont naturellement redondants avec ce que nous avons déjà pu entendre dans le commentaire audio, la spontanéité et la passion contagieuse de Nicolas Saada pour son métier emportent immédiatement l’adhésion.

Nicolas Saada laisse cette fois la place à la comédienne Stacy Martin (7’), qui revient (en français) sur ce qui l’a intéressé dans l’histoire de Taj Mahal, les conditions de tournage à Bombay et le travail avec le réalisateur.

La musique de Taj Mahal est signée Nicolas Godin, la «  moitié  » du groupe Air, qui aborde dans un entretien (11’) la façon dont ont été crée les différents thèmes entendus dans le film. Nicolas Saada est face à lui et les deux collaborateurs se penchent sur le processus créatif du compositeur.

Un dernier module propose un montage comparatif avant / après l’ajout des effets numériques pendant la postproduction (3’).

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

Taj Mahal

Image - 4,0 / 5

Bac Films Vidéo livre un très beau master de Taj Mahal, restituant habilement la photographie élégante du film signée Léo Hinstin, chef opérateur talentueux à qui l’on doit les images de No Escape et de Catacombes. Le directeur de la photographie privilégie les teintes chaudes et naturelles dans la première partie, puis évidemment plus froides durant l’attaque terroriste où l’action est plongée dans la pénombre de la chambre de Louise. Les détails restent malgré tout précis. Les contrastes sont légers, les séquences sombres sont bien définies, le piqué est suffisamment vif, les noirs denses et l’encodage demeure solide jusqu’à la fin malgré quelques scènes plus ternes.

Son - 4,0 / 5

Une piste unique franco-anglaise en Dolby Digital 5.1 Claire et riche, l’acoustique est très travaillée et bénéficie d’un beau soutien des enceintes latérales. La musique signée Nicolas Godin, est enivrante et tire agréablement partie de la spatialisation. Quelques effets bien sentis sont ainsi distillés durant le film sur les frontales sans pour autant engorger la compréhension des dialogues extraits efficacement de l’enceinte centrale. Le caisson de basses s’avère lui aussi énergique.

Taj Mahal

Crédits images : © BAC Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Franck Brissard
Le 31 mai 2016
Il aura fallu attendre près de sept ans pour que le réalisateur Nicolas Saada nous offre son second long métrage. Impressionnant du début (la découverte de Bombay à travers les yeux de Louise) à la fin (véritable récit d’apprentissage, ou comment apprendre à (re)vivre après les événements), Taj Mahal confirme tout le bien que l’on pensait du cinéaste depuis Espion(s). 


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