Summer (2014) : le test complet du DVD

Sangailes vasara

Réalisé par Alanté Kavaïté
Avec Julija Steponaityte, Aiste Dirziute et Laurynas

Édité par Outplay

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Le 16/03/2016
Critique

Summer

Sangaïlé, 17 ans, a quitté Vilnius pour passer l’été dans la grande maison de campagne de ses parents. Lors d’un meeting de voltige aérienne, Austé, une fille de son âge la remarque. Austé est aussi ouverte et exubérante que Sangaïlé est introvertie et timide.

Summer (Sangailes vasara, l’été de Sangaïlé) est le second long métrage de la réalisatrice-scénariste lithuanienne Alanté Kavaité, après Fissures - Ecoute le temps, un thriller fantastique, tourné en France en 2006, avec Émilie Dequenne dans le rôle principal.

Summer offre une rare occasion de découverte du cinéma lithuanien, peu présent dans nos bacs. On y trouve cependant plusieurs documentaires de Jonas Mekas et, du côté des fictions, quelques titres, dont La Révolte des Insoumis (2011) de Donatas Ulvydas, Vanishing Waves (Aurora, 2012) de Kristina Buozyte, Redirected (2014) d’Emilis Velyvis. Le plus présent étant Sharunas Bartas, avec Few of Us (1996), The House (1997), Seven Invisible Men (2005) et Indigène d’Eurasie (Les derniers jours d’un mafieux) (2010).

La délicate sensualité du film tient autant à la photo éthérée de Dominique Colin, capturée par une caméra légère dans la pâle lumière de l’été nordique, qu’aux scènes intimes entre les deux jeunes filles, filmées avec pudeur. Difficile, également, de ne pas être touché par l’étrange beauté de Julija Steponaityte, l’interprète de Sangaïlé.

Mais Summer raconte surtout la sortie de Sangaïlé d’une adolescence vécue dans une douleur silencieuse dont on ignore les causes. Les connaît-elle, elle-même ? Il faudra, pour l’inciter à sortir de son enfermement, la rencontre fortuite avec Austé, une tout autre fille.

Summer

Summer révèle, par la force des images, séquence après séquence, le contraste entre les deux adolescentes. L’une semble traîner son ennui, ne s’intéresse à rien. À rien, sauf aux avions qui la fascinent, mais lui font peur, car elle souffre du vertige. Et aussi d’un autre mal, indéfinissable, qui la pousse à se punir en se scarifiant les avant-bras avec la pointe d’un compas. Austé, à l’inverse, semble déborder de confiance en elle et s’agite, comme un électron libre : elle dessine des tissus, crée des vêtements, photographie ses modèles dans des compositions surréalistes…

Dans la chambre de l’une, un lit et une lampe de chevet, un tapis monochrome, aucune décoration sur les lambris, un discret mobile en bois au plafond, rien d’autre. Dans la chambre de l’autre, s’entasse un impossible capharnaüm multicolore d’objets hétéroclites ; des éclats de miroirs pendent du plafond, au milieu duquel trône… un fauteuil !

L’environnement du drame est également contrasté : la douceur d’une campagne baignée par une douce lumière estivale, avec laquelle s’harmonise l’accompagnement musical de Jean-Benoît Dunckel, tranche avec l’agressivité des cheminées d’usine sur la rive du lac opposée à celle où Austé et ses amis viennent se baigner.

Summer nous montre, avec une remarquable économie de dialogues, seulement par les images, comment Austé réussira, par une suite de petites attentions, à apprivoiser, puis à séduire Sangaïlé et à l’aider à sortir de sa coquille. Cela commence par quelques regards, puis se poursuit par la scène très tendre où, lui ayant proposé de lui faire une robe, elle lui demande, pour prendre ses mesures, de se déshabiller. Sangaïlé est mal à l’aise, honteuse de son corps. Contraste, là encore, avec sa totale libération qui adviendra plus tard, dans une belle scène quasi-féérique, filmée sous l’éclairage de loupiotes cousues sur les deux robes confectionnées par Austé.

Si vous avez raté Summer en salles, la sortie du DVD vous donne une seconde chance de voir un film délicatement envoûtant, hypnotique.

Summer

Présentation - 3,5 / 5

Summer (86 minutes) et ses suppléments tiennent sur un DVD-9 logé dans un keep case de 14 mm. Un beau menu animé et musical propose le film en version originale sous deux formats audio, Dolby Digital 5.1 ou stéréo, avec sous-titres français imposés.

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Bonus - 4,0 / 5

Trois ans plus tard (12’). Ce court métrage d’Alanté Kavaïté, très inhabituel, est un épilogue du film dans lequel Austé et Sangaïlé, chacune de son côté, reviennent sur leur liaison : « un amour unique », pour la première, « une amitié très chère » pour l’autre. Les propos sont illustrés par quelques courts extraits du film et quelques scènes inédites, probablement écartées au montage.

Les photos d’Austé : 31 photos, vues pour la plupart dans le film, prises par Ugné Henriko.

How We Tried a New Combination of Light (39’), d’après une pièce pour orchestre du compositeur français Olivier Mellano, intitulée How We Tried a New Combination of Notes To Show the Invisible or Even Embrace of Eternity, interprétée par l’Orchestre Symphonique de Bretagne et chantée par la soprano Valérie Gabail, sous la direction de Mikaël Lavoie. Ce poème symphonique aéré nous entraîne avec la caméra dans une suite de cadres surréalistes dans lesquels évoluent une vieille femme, une jeune femme dans un scaphandre d’astronaute et un enfant jouant avec une poupée, dans des ambiances colorées et changeantes où domine le rouge.

Image - 4,0 / 5

L’image (1.85:1), saisie par une caméra très légère, est relativement douce, mais reste parfaitement lisible et bien contrastée dans toutes les ambiances, de jour comme de nuit, en extérieur comme en intérieur.

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital stéréo ou 5.1 détache clairement les dialogues. L’image sonore est toutefois concentrée sur les canaux avant, au point que les différences entre les deux formats sont très peu notables.

Summer

Crédits images : © Fralita Films, Les Films d’Antoine, Viking Film, Cofinova 10

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 16 mars 2016
Summer, c’est une sortie de l’adolescence en forme de libération, un poème filmé qui nous vient de Lituanie. Une œuvre d’auteur attachante, délicate. À découvrir !

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Summer
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