Réalisé par Catherine Breillat
Avec
Isabelle Huppert, Kool Shen et Laurence Ursino
Édité par Tamasa Diffusion
Après un sévère AVC qui l’a laissée hémiplégique, la cinéaste Maud remarque à la télévision Vilko, un escroc qui a réussi, sous couvert de fausses identités, à soutirer beaucoup d’argent à quelques célébrités. Elle lui propose le premier rôle dans son prochain film…
Abus de faiblesse est l’adaptation du roman que Catherine Breillat a écrit en 2009 : après un AVC, elle a été escroquée par Christophe Rocancourt. « Inspiré d’une histoire vraie », précise le générique.
« C’est moi. Et ce n’est pas moi »
Catherine Breillat insiste à plusieurs reprises dans le long entretien qui complète le film, sur la distance qu’elle a souhaité prendre vis-à-vis de la réalité. En même temps, la fiction semble, selon ses propres dires, assez fidèle à ce que furent les suites de son accident de santé et sa relation avec Christophe Rocancourt.
Mais elle tient à ce qu’on ne la confonde pas avec son personnage. Volonté explicitée par un dédoublement dans une courte scène où le personnage de Maud croise, dans un couloir de l’hôpital, celui de Catherine Breillat, une patiente réapprenant à marcher, soutenue par un infirmier.
On comprend mal la fascination de Maud pour Vilko, un personnage peu charismatique et assez frustre, jusqu’à ce que l’on nous amène à découvrir que Maud en arrive elle-même à se le demander.
Mais jamais elle ne pourra clairement expliquer ce qui l’a conduite à signer plusieurs chèques. Certainement pas de douteuses promesses de remboursement. Peut-être l’espoir, « par des gestes abstraits », de trouver une réponse à un besoin d’affection exacerbé par l’état de faiblesse dans lequel la maladie l’avait laissée.
Et c’est probablement cette intrigante ambiguïté, jamais dissipée, qui fait l’originalité du scénario, cette part de mystère qui entoure aussi d’autres personnages du cinéma de Catherine Breillat. Un atout supplémentaire d’Abus de faiblesse, c’est la remarquable composition du personnage par Isabelle Huppert dans cette tragi-comédie où alterne moments de souffrance et de dérision.
Abus de faiblesse (100 minutes) tient sur un DVD double-couche. Le menu fixe et musical propose le film en Dolby Digital stéréo et l’accès à plus d’une heure de bonus.
En complément, une bande annonce, puis un premier entretien, Le regard de Kool Shen (23’). Au cours d’une intervention qui aurait gagné à être allégée de nombreuses redites, Kool Shen, dans une autre vie rapper dans le groupe NTM, dit avoir été surpris d’avoir été retenu par Catherine Breillat après deux séries d’essais. Il n’a jamais eu de difficultés de relation avec Isabelle Huppert, souvent venue à son aide pendant le tournage.
Suit un entretien avec Catherine Breillat (41’), particulièrement intéressant. Elle confie, pendant sa relation avec Christophe Rocancourt, avoir consigné par écrit certains petits événements quotidiens, avant même d’avoir eu l’idée d’écrire Abus de faiblesse. « Je n’ai aucune imagination : il n’y a dans mes films aucune scène qui ne soit vraie ». Elle évoque les suites de son accident, après lequel « rien ne sera pareil ». Le choix de Kool Shen, après qu’elle l’ait vu à la télévision, s’est vite imposé, bien qu’il soit très différent de Christophe Rocancourt. Elle a toujours du mal à expliquer comment elle a pu être abusée et regrette, aujourd’hui de n’avoir pas accepté d’aide dans ces moments difficiles. Elle conclut l’entretien en disant qu’elle aurait dû faire de cette histoire un feuilleton, être d’une précision clinique, pour faire mieux comprendre ce qu’est l’Abus de faiblesse.
L’image (1.85:1), aux couleurs naturelles, allie une texture délicate et une excellente résolution.
Le son Dolby Digital stéréo assure la clarté des dialogues et vient avec finesse au service du bel accompagnement musical composé et interprété par le violoniste Didier Lockwood.
Crédits images : © Flach Film, Iris Films, Iris Productions Deutschland, ARTE, CB Films