L'Opéra de quat'sous

L'Opéra de quat'sous (1931) : le test complet du DVD

3 Groschen Oper, Die

Réalisé par Georg Wilhelm Pabst
Avec Rudolf Forster, Carola Neher et Fritz Rasp

Édité par Rimini Editions

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 18/07/2016
Critique

L'opéra de quat'sous

Dans un quartier populaire de Soho, à Londres, deux hommes se livrent à une véritable guerre des gangs : Peachum, le roi des mendiants, et Macheath, un dangereux criminel surnommé Mackie-le-Surineur. Macheath courtise Polly, la propre fille de Peachum.

L’Opéra de quat’sous (Die 3 Groschen-Oper) est l’adaptation faite en 1931 par Georg Wilhelm Pabst de la pièce de théâtre musical de Bertolt Brecht et Kurt Weill de 1928, elle-même inspirée du ballad opera (pièce musicale satirique) de 1728, The Beggar’s Opera, sur un livret de John Gay et une musique de Johann Christoph Pepusch. The Beggar’s Opera suscitera deux autres adaptations pour le cinéma, une par Peter Brook, en 1953, avec Laurence Olivier et Hugh Griffith, et une autre, en 1991, par le Tchèque Jiří Menzel.

L’adaptation de Georg Wilhelm Pabst prend des libertés avec l’oeuvre originale dont elle gomme en grande partie la dimension politique et sociale pour concentrer l’intrigue sur l’histoire d’amour entre Mackie Messer et Polly. Bertolt Brecht perdit pourtant le procès qu’il intenta contre Pabst pour dénaturation de son oeuvre.

Les meilleurs cinéastes allemands de cette époque étaient F.W. Murnau, Fritz Lang et Georg Wilhelm Pabst qui avait déjà atteint les sommets de son art avec La Rue sans joie, avec Greta Garbo et Asta Nielsen (Die freudlose Gasse, 1925) et Loulou, avec Louise Brooks (Die Büchse der Pandora, 1929).

La qualité de la restauration opérée en 2005 permet d’apprécier la maîtrise du cinéaste dans les éclairages des immenses décors évoquant le Soho de l’entre-deux guerres, mais aussi la mobilité de sa caméra et son sens du cadrage.

L’Opéra de quat’sous, c’est aussi la musique de Kurt Weill avec la fameuse complainte de Mackie, devenue un tube planétaire.

L'opéra de quat'sous

Présentation - 3,5 / 5

Curieusement, L’Opéra de quat’sous n’avait jamais été édité sur DVD en France alors que l’édition Criterion est disponible en zone 1 depuis 2007 (avec les deux versions, allemande et française). Voilà donc, grâce à Rimini Éditions, comblé un manque important.

Le film (105 minutes) tient sur un DVD-9 présenté dans un boîtier blanc de 14 mm, inséré dans un fourreau. Un menu animé et musical très esthétique avec, en arrière-plan, quelques scènes surexposées donnant une apparence fantomatique aux personnages. C’est la version allemande du film qui nous est proposée, avec sous-titres optionnels.

Une version française a été tournée simultanément, avec d’autres acteurs dans les rôles principaux, notamment Albert Préjean et Florelle.

Bonus - 5,0 / 5

Un cinéaste nommé Pabst (14’), « raconté » par Christine Roger, maître de conférences à l’université de Picardie, et Christophe Champclaux, historien du cinéma. Ils analysent l’oeuvre (avec des extraits) et la resituent dans l’environnement troublé de la République de Weimar, en plein âge d’or du cinéma expressionniste allemand. Une anecdote : dans la version française avec Albert Préjean et Florelle, un certain Pierre Léaud, le père de Jean-Pierre Léaud, alias Antoine Doinel ! Si le film ne pouvait pas battre en popularité la pièce de Bertolt Brecht, représentée plus de 10 000 fois en Europe, il est maintenant vu comme un des jalons du patrimoine cinématographique.

Un opéra du peuple (20’), « raconté » par Christine Roger. Bertolt Brecht et Kurt Weill, qui se sont rencontrés en 1927, voulaient avec Die 3 Groschen-Oper, interpeller le spectateur, par le contenu politique du livret et par la modernité de la musique. C’est donc sans surprise que la pièce sera interdite en 1933 après l’accession de Hitler au pouvoir. Craignant toujours que la portée politique de son oeuvre ne soit pas comprise, Bertolt Brecht publiera des « notes » sur L’Opéra de quat’sous.

Ces deux bonus exclusifs, produits par Rimini en 2016, complètent intelligemment le film, sans redites. Un exemple à suivre !

Image - 4,5 / 5

L’image est au format 1.20:1 (et non 1.33:1 comme indiqué sur la jaquette). C’est bien le format original de l’oeuvre, celui des premiers films parlants, de 1928 à 1932, quand l’image devait céder une partie de la pellicule à la piste sonore.

La restauration est spectaculaire : sans aucun dommage à la texture, l’image, d’une grande stabilité (hormis une très occasionnelle variation d’intensité lumineuse, à peine perceptible), a été débarrassée de toutes les taches et rayures qui la dénaturaient. D’autre part, les contrastes ont été ravivés, offrant un beau dégradé, allant de blancs lumineux à des noirs denses. Le piqué assure un parfaite netteté sur toute la profondeur du champ.

Son - 4,5 / 5

Là encore, la restauration a accompli un miracle. Très soigneusement nettoyé du souffle et des bruits parasites laissés par le temps sur la pellicule, le son Dolby Digital 2.0 mono restitue très clairement les dialogues et donne à la musique une surprenante présence, tout en conservant les timbres du son original. Le spectre est inévitablement étroit, avec des aigus un peu métalliques, mais des basses assez généreuses et très peu de saturations.

L'opéra de quat'sous

Crédits images : © Rimini Éditions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

5,0
5
1
4
0
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 18 juillet 2016
L’Opéra de quat’sous, un jalon du cinéma expressionniste allemand, fruit de la conjugaison des talents de Bertolt Brecht, Kurt Weill et Georg Wilhelm Pabst, nous arrive enfin sur DVD. Une longue attente récompensée par une version soigneusement restaurée du film, complétée par d’excellents bonus.

Lire les avis »

Multimédia
L'Opéra de quat'sous
Clip vidéo VO

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)