L'Antéchrist (1974) : le test complet du DVD

L'Anticristo

Réalisé par Alberto De Martino
Avec Carla Gravina, Mel Ferrer et Arthur Kennedy

Édité par Le Chat qui Fume

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Le 12/05/2016
Critique

L'Antéchrist

Suite à un accident de voiture dans lequel sa mère a trouvé la mort, Ippolita demeure paralysée des jambes. Afin de recouvrer sa mobilité, elle se rend avec son père dans un sanctuaire célèbre pour les grâces qu’on y obtient et assiste au suicide d’un homme semblant possédé. Une séance d’hypnose révèle en elle la présence de l’esprit d’une ancêtre condamnée au bûcher pour sorcellerie. Petit à petit, le démon s’empare d’elle, la transformant en une femme débordante de désir sexuel et de violence. Ippolita devra expier sa luxure et ses désirs morbides lors d’un exorcisme…

En 1974, L’Exorciste de William Friedkin sort et triomphe dans les salles du monde entier. En Italie, il n’en fallait pas plus pour que ce chef d’oeuvre de l’épouvante engendre quelques ersatz, parmi lesquels L’Antéchrist d’Alberto de Martino (1929-2015), un des rois du cinéma populaire italien des années 1960-1970 à qui l’on doit quelques péplums mais aussi et surtout Le Manoir de la terreur, Holocaust 2000 (avec Kirk Douglas), Django tire le premier et L’Incroyable homme puma.

Plus qu’une copie carbone transalpine de L’Exorciste, L’Anticristo, sorti à peine un an après, se permet souvent de dépasser son modèle. L’intensité de la mise en scène, la beauté de la photographie signée Aristide Massacessi alias Joe d’Amato, l’excellence des comédiens (Anita Strindberg, Alida Valli) - sauf Mel Ferrer qui n’a jamais été concerné par ce qui se passait tout au long de sa carrière -, la partition expérimentale et envoûtante d’Ennio Morricone et de Bruno Nicolai et la violence de ses trois séquences d’exorcisme, contribuent à faire de L’Antéchrist un chef d’oeuvre du cinéma Bis. Les films de genre récents ne peuvent rivaliser avec le jusqu’au-boutisme du film de de Martino et ne lui arrivent d’ailleurs pas à la cheville. Cette « réponse italienne » à L’Exorciste, est une oeuvre complètement folle et l’interprétation possédée de Carla Gravina (vue dans La Terrasse d’Ettore Scola, L’Héritier et Sans mobile apparent de Philippe Labro) n’a rien à envier à celle de Linda Blair qui vient habituellement à l’esprit dès que l’on évoque les films sur les cas de possession démoniaque.

Sexuel, morbide (une séquence de zoophilie lors d’un rite satanique sublimement éclairé), tabou (l’inceste est ouvertement abordé), dérangeant, hystérique, stressant, mais aussi parcouru par un humour noir inattendu, L’Antéchrist n’y va pas par quatre chemins et agit sur les spectateurs comme un véritable uppercut. Si l’histoire du film de Friedkin est quasiment plagiée par Gianfranco Clerici (Cannibal Holocaust, L’Éventreur de New York) et Vincenzo Mannino (MurderRock), L’Antéchrist s’en démarque avec un ton unique, une atmosphère typiquement italienne puisque l’action se situe dans Rome la catholique et se clôt la nuit, sous une pluie diluvienne dans un Colisée déserté comme dans un monde au bord de l’apocalypse.

L’impact de L’Antéchrist demeure encore réel aujourd’hui, plus de quarante ans après la sortie du film, même si les séquences de lévitation et d’autres recourants à des effets spéciaux ont sacrément mal vieilli. Entre L’Exorciste et Rosemary’s Baby, Carla Gravina rappelle étrangement Mia Farrow avec ses cheveux courts et ses tâches de rousseur, L’Antéchrist apparaît donc comme le chaînon manquant entre ces deux chefs d’oeuvre incontestés et mérite d’être considéré autant que ces illustres références.

L'Antéchrist

Présentation - 5,0 / 5

Le DVD repose au centre d’un superbe slim Digipack à trois volets, illustré par la photo d’une des plus célèbres séquences du film et de l’affiche française. Le menu principal est tout aussi soigné, élégant, animé et musical.

Bonus - 5,0 / 5

Le Chat qui fume frappe très fort avec cette édition et propose pas moins d’1h30 de suppléments consacrés à L’Antéchrist !

L’un des must de cette section, c’est à l’incontournable et brillant David Didelot, rédacteur en chef du fanzine Videotopsie, que nous la devons. Durant 32 minutes, ce spécialiste nous parle de la sortie et du succès de L’Antéchrist, notamment en France où il fut interdit aux moins de 18 ans. Les différents titres du film, ses sorties et ressorties au cinéma, son exploitation en VHS, tout est passé au peigne fin y compris les autres avatars européens de L’Exorciste. Dans un second temps, David Didelot en vient plus précisément à l’équipe du film, devant et derrière la caméra, en passant en revue les producteurs, le casting, le réalisateur Alberto de Martino (portrait de l’homme et de l’artiste), les scénaristes, en évoquant divers opus célèbres (pour les amateurs de cinéma Bis) de leurs filmographies respectives. Notre interlocuteur évoque également la mode italienne de copier les grands succès cinématographiques américains, L’Exorciste pour L’Antéchrist par exemple, quelques cinéastes s’étant fait une spécialité dans ce domaine. Mais si Alberto de Martino s’inspire bel et bien de L’Exorciste, les différences entre les deux oeuvres sont également dépeintes. Enfin David Didelot nous parle de la version intégrale présentée ici en DVD grâce à notre matou préféré. Une vraie mine d’or d’informations !

On passe à l’étape 2 ! La présentation de David Didelot est ici complétée par celle de Christophe Gans. Le réalisateur, scénariste et producteur apporte sa pierre à l’édifice et livre une fascinante présentation de L’Antéchrist, tout en dressant un formidable portrait d’Alberto de Martino. Il parle tout d’abord du style du cinéaste et de sa carrière. Ensuite, les comédiens, les personnages, la dimension sexuelle et psychologique du film sont abordés, à travers une analyse personnelle durant laquelle Gans avoue que ce genre de cinéma lui manque aujourd’hui.

Etape 3. Le Chat qui fume nous propose maintenant un entretien avec Adolfo Troiani (22’), caméra opérateur sur L’Antéchrist. Assistant-opérateur du chef opérateur Aristide Massaccesi, plus connu sous son pseudonyme Joe d’Amato (1936-1999), Adolfo Troiani évoque sa collaboration sur le chef d’oeuvre d’Alberto de Martino, les trucages et effets spéciaux du film, le tout entre quelques anecdotes liées au tournage.

Etape 4. Nous retrouvons Christophe Gans qui nous parle cette fois de la musique de L’Antéchrist, et plus spécialement de la collaboration précieuse d’Ennio Morricone avec son arrangeur, pour ne pas dire homme de l’ombre Bruno Nicolai (1926-1991). C’est ici l’occasion pour Gans de parler de l’importance de ce dernier dans la carrière du maestro. Compositeur de musiques de films, chef d’orchestre et éditeur musical, Bruno Nicolai conduisait et parfois coécrivait certaines musiques avec le grand Ennio. Christophe Gans rappelle l’importance de la musique de films dans le cinéma italien des années 1960 aux années 1980, élément indispensable qui a contribué à la pérennité de certains films, notamment certains films de Jesús Franco que Gans affectionne tout particulièrement.

L’interactivité se clôt sur le générique allemand (3’), proposé en guise de curiosité, et sur deux bandes-annonces.

L'Antéchrist

Image - 4,0 / 5

Un superbe travail éditorial. Encore une fois merci à cet éditeur précieux de nous permettre de voir et revoir L’Antéchrist dans une copie de qualité ! D’emblée, l’image, au format respecté 1.85 (16/9 compatible 4/3) affiche une propreté rarement prise en défaut, la clarté est appréciable, les couleurs retrouvent une nouvelle fraîcheur, le grain cinéma est bien géré, les contrastes plutôt riches, le piqué agréable sur les séquences diurnes. Certains pointilleux noteront bien un point blanc ici et là ou de très légers moirages et tremblements, tout comme certains flous inhérents aux conditions techniques d’origine et un fléchissement et effets de pompage sur les séquences à effets spéciaux, mais cela reste anecdotique et participe même au charme du film. La définition flatte les mirettes, la compression demeure discrète. Chapeau !

L'Antéchrist

Son - 4,0 / 5

Propre et dynamique, le mixage italien Dolby Digital Mono d’origine ne fait pas d’esbroufe et restitue parfaitement les dialogues, laissant une belle place à la musique d’Ennio Morricone et de Bruno Nicolai. Elle demeure la plus dynamique du lot. Si la version française est également restaurée, elle demeure un cran en dessous de son homologue. Aussi au programme, une piste anglaise aux dialogues légèrement chuintants et qui s’avère la plus sourde du lot. Rien de rédhibitoire ceci dit. Le montage du film est présenté dans sa version intégrale. Certaines séquences n’ayant jamais été doublées passent automatiquement en version italienne sous-titrée en français.

L'Antéchrist

Crédits images : © Le Chat Qui Fume

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 15 mai 2016
L’impact de L’Antéchrist demeure réel aujourd’hui, plus de quarante ans après la sortie du film, même si les séquences de lévitation et d’autres recourants à des effets spéciaux ont sacrément mal vieilli. Entre L’Exorciste et Rosemary’s Baby, Carla Gravina rappelle étrangement Mia Farrow avec ses cheveux courts et ses tâches de rousseur, L’Antéchrist apparaît donc comme le chaînon manquant entre ces deux chefs d’oeuvre incontestés et mérite d’être considéré autant que ces illustres références.

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