L'Étreinte du serpent (2015) : le test complet du DVD

Abrazo de la serpiente, El

Réalisé par Ciro Guerra
Avec Nilbio Torres, Jan Bijvoet et Antonio Bolivar

Édité par Diaphana

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Le 16/06/2016
Critique

L'étreinte du serpent

En 1905, Theodor von Martius, un botaniste allemand accompagné d’un esclave dont il a racheté la liberté, explore l’Amazonie quand il tombe gravement malade. Karamakate, un ermite indien rencontré sur les rives d’un fleuve, dit à l’explorateur qu’il peut être guéri par une plante sacrée, la yakruna. Quarante ans plus tard, Evans, un ethnologue et botaniste américain, part sur les traces de Theodor von Martius qui n’est jamais revenu de son expédition. Karamatake sera son guide…

L’Étreinte du serpent (El Abrazo de la serpiente) a été inspiré, nous dit un carton à la fin du film, des carnets de voyage de deux explorateurs, l’Allemand Theodor Koch-Grünberg (1872-1924) et l’Américain Richard Evans Schultes (1913-2001).

C’est le troisième long-métrage du Colombien Ciro Guerra. Aucun de ses deux premiers films, parus sur DVD en zone 1, n’est disponible en France, ni L’Ombre de Bogota (La Sombra del caminante, 2004), ni L’Accordéon du diable (Los Viajes del viento, 2009), pourtant plusieurs fois primés.

L’Étreinte du serpent, salué par une bonne vingtaine de prix, dont celui de la Confédération internationale des cinémas d’art et d’essai à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes 2015, est un film fascinant. En même temps le récit d’un périlleux voyage dans « l’enfer vert » à bord d’une pirogue sur un fleuve turbulent, et un film politique, mais sans prêche. Cette double dimension de l’oeuvre rappellera d’autres films imprimés dans la mémoire des cinéphiles, Aguirre, la colère de Dieu (1972) et Fitzcarraldo (1982) de Werner Herzog ou encore El Dorado de Carlos Saura (1988), toujours dans l’attente d’une sortie vidéo.

L'étreinte du serpent

L’Étreinte du serpent est dédié « aux peuples dont on ne connaîtra jamais les chansons », à ces tribus déracinées en quelques décennies, chassées par la colonisation, notamment par la récolte du caoutchouc. L’idée de nous faire voyager tantôt en compagnie de l’explorateur allemand, tantôt en compagnie de l’ethnologue américain, à quarante ans d’écart, souligne la persistance de l’intrusion des blancs et de ses effets dévastateurs.

Une des démonstrations est particulièrement frappante. En 1905, Theodor von Martius est reçu à coups de fusil par un missionnaire capucin qui a recueilli des enfants, seuls survivants d’un village massacré par un raid de Péruviens. Toute la culture traditionnelle des enfants, vêtus à l’occidentale, est résolument éradiquée : l’espagnol est la seule langue autorisée sous peine d’une volée de coups de fouet et les cantiques remplacent les chants ancestraux. Après la disparition des missionnaires, les orphelins et leurs descendants, abandonnés à leur sort, n’ont pas repris leurs traditions mais, sous l’autorité absolue de l’un d’eux, proclamé « le messie », se sont imposés de nouvelles lois, une parodie grotesque de l’enseignement des missionnaires.

Karamatake, en acceptant d’être le guide de l’homme blanc, saisit une opportunité de retrouver ses racines, de cesser d’être un « chullachaqui », le double de l’être humain qu’il était, devenu une forme vide, errant sans but. Et la cohabitation avec Karamatake, en levant quelques coins du voile, révèle aux deux explorateurs une autre vision du monde ; ils deviennent, à leur tour, les vecteurs du message adressé au spectateur sur l’urgence du respect de la nature.

L’Étreinte du serpent fait donc réfléchir sur les méfaits de la rupture de fragiles équilibres. Il est aussi, grâce à la magnifique photo du film, sans afféteries, en noir et blanc sur écran large, une invitation à s’enfoncer dans un monde étrange, dépeuplé (rares sont les rencontres avec d’autres hommes) et pourtant grouillant de vie, un monde à la fois paisible et menaçant, comme ces hautes falaises noires tombant à pic sur les berges du fleuve, à la fin du film, à l’aboutissement de la quête de la fleur mythique.

Un film précieux !

L'étreinte du serpent

Édition - 8 / 10

L’Étreinte du serpent (119 minutes) tient sur un DVD-9. Le menu animé et musical propose la seule version originale multilingue où l’espagnol le dispute à des langues tribales et aussi à l’allemand et à l’anglais, avec sous-titres français imposés, mais avec le choix entre deux formats : Dolby Digital 5.1 ou stéréo.

En supplément, un documentaire sur le tournage (23’), présenté comme «  un voyage spirituel dans l’Amazonie  », dans lequel réalisateur, acteurs et techniciens rappellent les visées du projet. Des scènes de tournage donnent un aperçu des difficultés de l’entreprise, des efforts déployés pour acheminer le matériel, pour recréer les costumes traditionnels, pour diriger les figurants indiens… On reste un toutefois un peu frustré d’être laissé avec quelques questions sans réponses, notamment sur les raisons de l’option du noir et blanc (la couleur n’a été utilisée que pour une courte séquence de rêves provoqués par une plante hallucinogène).

S’ajoutent à ce bonus quatre courts modules de deux minutes chacun, intitulés l’histoire, la magie, l’aventure, et la diversité culturelle, qui reprennent parfois des séquences entières du premier bonus. Pour finir, une bande-annonce du film.

L’image (2.35:1) offre la meilleure définition qu’un DVD puisse procurer, de solides contrastes, avec des blancs lumineux et des noirs denses, et une texture délicate.

Le son allie ampleur, dynamique et finesse. Il est proposé sous deux formats : Dolby Digital 5.1 et stéréo. L’option multicanal offre une saisissante immersion dans l’ambiance de la forêt.

L'étreinte du serpent

Crédits images : © Buffalo Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
8 / 10
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Philippe Gautreau
Le 17 juin 2016
L’Étreinte du serpent nous invite à rechercher les traces laissées par deux scientifiques qui ont exploré l’Amazonie, l’un en 1905, l’autre quarante ans plus tard. Magnifiquement photographié, ce film d’aventures pousse à réfléchir sur la fragilité de certains équilibres naturels. Fascinant !

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L'Étreinte du serpent
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