Réalisé par David O. Russell
Avec
Jake Gyllenhaal, Jessica Biel et James Marsden
Édité par Universal Pictures Home Entertainment
Alice menait une vie parfaite jusqu’à ce qu’un curieux accident vienne tout chambouler. Elle se retrouve avec un clou dans la tête, provoquant chez elle un comportement erratique (et érotique). Lorsque son petit-ami annule leurs fiançailles, Alice part à la recherche d’un remède et tombe dans les bras d’Howard Birdwell, un sénateur sexy qui soutient sa cause. Alice se retrouve alors au coeur d’un triangle amoureux, maintenu par un clou. Ecoutera-t-elle sa raison ou son coeur ?
C’est ce qu’on appelle un impressionnant accident industriel. L’Amour par accident, titre français d’Accidental Love, adapté du roman Sammy’s Hill écrit par Kristin Gore (fille du politicien Al Gore) est un film réalisé par Stephen Greene. Seulement Declan Dale est un pseudo au même titre qu’Alan Smithee. Avant de renier le film - qui s’intitulait à l’origine Nailed - dont le tournage a été interrompu en 2008, L’Amour par accident avait été mis en scène par le cinéaste David O. Russell. C’est un film qui sort d’on ne sait où, dont les prises de vues ont vraisemblablement été terminées par les producteurs. L’histoire : un ouvrier blesse maladroitement une serveuse (la délicieuse Jessica Biel) et lui enfonce accidentellement un clou dans la tête. Elle n’a cependant pas les moyens de payer l’assurance-maladie pour soigner ses séquelles et surtout pour faire retirer ce clou. La jeune femme décide de partir à Washington pour militer pour ses droits d’assurée. Elle rencontre un député très macho (Jake Gyllenhaal) qui se sert d’elle pour se démarquer et se construire grâce à cette affaire une légitimité politique.
Le titre original, Nailed, signifie « clouée » comme ce dont est victime le personnage principal. Un clou planté dans la tête entraîne quelques dérèglements de sa personnalité, des sautes d’humeur, une nymphomanie, une absence d’inhibition. Seulement là où le film aurait pu tirer parti de ce quiproquo, les scénaristes et le réalisateur n’en font rien. Jessica Biel, Jake Gyllenhaal, Catherine Keener, Tracy Morgan, James Brolin, Paul Reubens, James Marsden, Kirstie Alley et Bill Hader sont tous réunis dans un gros navet à la photographie hideuse, où l’hystérie prime sur tout le reste. Le tournage de L’Amour par accident est à classé parmi les plus catastrophiques de l’histoire du cinéma. Les prises de vues ont été arrêtées à 14 reprises, James Caan a quitté le film en raison de « différents artistiques », l’équipe (y compris les comédiens) se sont mis en grève pour ne pas avoir été payés. Quelques scènes ont pu être terminées, mais le tournage s’arrête définitivement quelques semaines plus tard. Les producteurs ont mis cette catastrophe financière sur le compte de la crise internationale. On se défend comme on peut.
Après de multiples procès, faillites, reprises des éléments tournés passés dans les mains de plusieurs studios, le film, finalement repris par le producteur Kia Jamm qui a fait quelques reshoots, sort dans quelques salles américaines en 2015 mais demeure essentiellement disponible en téléchargement légal. Le montage charcuté, scotché, cloué pourrait-on dire ici, ne sauve en rien le film de la catastrophe intégrale. On ne comprend rien à ce qui passe, les acteurs sont essoufflés à force de crier, la folie collective tape sur le système dès le premier quart d’heure. L’Amour par accident est un film stupide, lourd, grotesque, bordélique, mais devient malgré tout un cas d’école, une expérience à part entière puisque nous assistons à un film qui n’a pas été terminé (malgré 26 millions de dollars engloutis) et dont on essaye de nous faire croire le contraire.
Le test du DVD de L’Amour par accident a été réalisé sur un check-disc. L’éditeur ne semble pas miser un kopeck sur cette sortie avec une jaquette aussi hideuse. Même chose en ce qui concerne l’affreux menu principal, animé et musical.
Aucun supplément n’accompagne cette sortie DTV…
N’y allons pas par quatre chemins, ce master est à l’image du film, très laid. Pas de sortie en Blu-ray pour ce film, ce qui montre à quel point l’éditeur espère tirer un bénéfice avec les ventes du DVD. Si certains plans sortent du lot dans les scènes en extérieur, le piqué est émoussé, la gestion des contrastes aléatoire, la luminosité trop accentuée, les couleurs criardes. La copie est propre, mais la définition est plus que passable, les teintes bavent, l’ensemble manque souvent de relief, de précision. N’oublions pas les visages qui restent rosés du début à la fin !
L’Amour par accident n’est pas un film à effets et les mixages français et anglais Dolby Digital 5.1 ne font pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est souvent canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur s’accompagne inévitablement d’ambiances naturelles sur les latérales. Il en est de même pour la musique du film, systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes. Les voix demeurent claires, limpides, solidement délivrées par la centrale, aussi bien en anglais que dans la langue de Molière, et le caisson de basses délivre quelques vibrations bien senties aux moments opportuns.
Crédits images : © K. JAM Media, Persistent Entertainment, Vocal Yokels