Bone Tomahawk (2015) : le test complet du DVD

1850 - quelque part entre le Texas et le Nouveau Mexique. Dans la paisible ville de Bright Hope, une mystérieuse horde d’Indiens en quête de vengeance kidnappent plusieurs personnes. Le shérif local accompagné de quelques hommes se lance alors à leur poursuite pour tenter de les sauver…

Amateurs de westerns, précipitez-vous sur Bone Tomahawk ! Tourné en trois semaines dans 70 décors naturels en Californie avec au casting, excusez du peu, Kurt Russell, Patrick Wilson, Matthew Fox, Richard Jenkins, Lili Simmons, David Arquette et Sean Young, ce premier long métrage impose d’emblée le réalisateur S. Craig Zahler. Né en Floride en 1973, ce dernier a fait ses classes en tant que chef opérateur, mais travaille également dans la musique (il est batteur et auteur-compositeur dans un groupe de métal), dans le monde du théâtre et même chez un traiteur ! Egalement écrivain, il a signé de nombreux romans, malheureusement inédits en France. Le western est son genre de prédilection. Auteur de plusieurs dizaines de scénarios (horreur, comédie, policier, western, science-fiction) achetés entre autres par la Warner, mais pas encore tournés ou entrés en production, S. Craig Zahler est également passionné par les films d’horreur. On lui doit le scénario d’Asylum Blackout (The Incident), réalisé par français Alexandre Courtès, présenté en avant-première au Festival de Gérardmer en 2012 et qui est responsable de l’évanouissement de plusieurs spectateurs lors de la présentation du film à Toronto.

Western atypique car lorgnant sur le film d’épouvante dans son dernier acte, Bone Tomahawk est une production indépendante, tournée avec peu de moyens et une équipe réduite, mais avec des idées innovantes et un amour pour le genre qui transparaît à l’écran. S. Craig Zahler décide de passer lui-même à la mise en scène pour Bone Tomahawk, pour lequel il signe donc le scénario et la musique. Sur un rythme lent, mais maîtrisé, le spectateur suit quatre hommes, le shérif d’une petite bourgade (Kurt Russell, qui arbore déjà ses belles bacchantes des 8 Salopards qu’il tournera juste après) accompagné de son vieil adjoint (Richard Jenkins, méconnaissable et qui s’inspire du grand Walter Brennan dans Rio Bravo), d’un cowboy tiré à quatre épingles qui semble avoir un compte à régler avec les indiens (Matthew Fox) et un autre homme méchamment blessé à la jambe suite à une mauvaise chute (Patrick Wilson), partis à la recherche de la femme (Lili Simmons) de ce dernier, vraisemblablement kidnappée par les membres d’une tribu inconnue.

Après une installation brutale dès la première séquence, Bone Tomahawk déroule ensuite son récit avec une langueur étrange. Avec un sens indéniable du cadre et des dialogues percutants, le metteur en scène instaure un climat presque éthéré, qui met mal à l’aise sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. Des affrontements inattendus marqués par des éclairs de violence sèche parsèment les chemins empruntés par les quatre cowboys. Mais ils ne s’attendaient probablement pas à croiser celui d’une tribu de troglodytes cannibales !

Bone Tomahawk joue avec les genres, le western classique bien sûr, mais qui serait «  parasité  » par le film d’horreur avec également quelques touches d’humour. Une séquence gore en particulier lors de la captivité du groupe est vraiment difficile et déconseillée aux âmes sensibles.

Récompensé par le Grand Prix au Festival international du film fantastique de Gérardmer en 2016, Bone Tomahawk n’a pourtant connu aucune exploitation dans les salles françaises et a débarqué chez nous directement dans les bacs en DVD et Blu-ray. Le rattrapage de ce chaînon manquant entre La Prisonnière du desert et de Predator est donc indispensable !

Bone Tomahawk est disponible chez M6 Vidéo. La jaquette aurait pu reprendre le visuel d’une des deux affiches américaines, vraiment splendides, plutôt que nous proposer un montage alignant les quatre comédiens principaux. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Minimum syndical pour cette édition. En plus de la bande-annonce, nous trouvons un petit making of de dix minutes, qui compile quelques propos des comédiens, du réalisateur et des producteurs, avec quelques images du tournage.

Le réalisateur a fait le choix du cadre large. Les partis pris sont respectés avec un report magnifique de la colorimétrie sèche et aride. Les couleurs sont parfois désaturées, la clarté probante, le bleu cyan du ciel tranche avec l’ocre des pierres. Le relief est très appréciable, tout comme la profondeur de champ et n’oublions pas le relief qui flatte constamment la rétine sur les scènes diurnes. Les séquences sombres entraînent quant à elles une baisse de la définition, des détails et du piqué.

L’immersion est en adéquation avec le ton du film, tant en anglais qu’en français, les deux langues jouissant des pistes stéréo et Dolby Digital 5.1. Ce sont d’ailleurs ces dernières qui nous intéressent le plus. Même si les ambiances latérales s’avèrent discrètes, elles participent quand même à l’environnement inquiétant et trouble de Bone Tomahawk. L’ensemble est fluide et naturel, l’ouverture frontale souvent saisissante. Sans surprise, la version originale l’emporte sur son homologue du pont de vue homogénéité. Evoquons brièvement les deux stéréo, vives et riches, qui satisferont amplement ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

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