Réalisé par Jim O'Connolly
Avec
Bryant Haliday, Jill Haworth et Mark Edwards
Édité par Artus Films
Accostant Snape Island, un îlot au large de l’Écosse, deux pêcheurs découvrent les corps de trois jeunes Américains sauvagement assassinés. Penny, l’unique survivante, dans un état second, tue l’un des pêcheurs. Admise dans un hôpital, elle va raconter ce qu’elle a vu. Peu après, des archéologues débarquent sur l’îlot à la recherche de la tombe d’un roi phénicien…
La Tour du diable est l’avant-dernier long-métrage de Jim O’Connolly, réalisateur britannique d’une dizaine de films dont il a, pour la plupart, écrit le scénario. C’est la seule des oeuvres de ce cinéaste assez confidentiel aujourd’hui disponible sur DVD en France (ses fans en trouveront quatre ou cinq outre-Manche).
La Tour du diable mélange l’horreur sanglante et le sexe. Les cinq jolies filles qui défilent dans le film dévoilent généreusement leurs charmes, soit pour se rafraîchir, soit pour se livrer à des ébats amoureux avec leurs beaux compagnons. Dans le souci de prévenir toutes difficultés avec la censure, des éléments du décor sont toujours opportunément placés dans le champ de la caméra pour masquer tout détail de la région pubienne des acteurs et actrices. Aucune pudeur, en revanche du côté de leurs organes… vocaux : elles sont toutes de remarquables scream queens !
La Tour du diable, légèrement épicé de sexe, ne ménage pas la sauce gore. Mais, là encore, rien qui soit vraiment choquant. Il faut rappeler que la censure, sous l’oeil attentif du British Board of Film Censors, avait encore le coup de ciseau facile de l’autre côté du Channel quand le film est sorti, en 1972. Évolution des moeurs et diffusion par satellite aidant, les regards se sont faits plus tolérants et l’organe officiel est devenu en 1984 le British Board of Film Classification qui, comme la Commission de classification des films chez nous, se limite désormais à ranger chaque film (ou téléfilm) dans une catégorie d’âge. Le sang éclabousse l’écran, mais les ciseaux d’Anastasie ont fait leur oeuvre, ou simplement exercé leur menace, pour mette à l’abri le spectateur de toute scène vraiment choquante.
Le scénario ne brille pas par son inventivité. Disons même que le déroulement de l’intrigue est assez facilement prévisible. On l’a pourtant échappé belle puisqu’on nous dit dans le supplément que le scénario original de George Baxt était si mauvais que Jim O’Connolly s’est cru obligé de le remanier de A à Z.
Et c’est peut-être là que le bât blesse. Un peu plus d’invraisemblances, de bourdes et d’humour, surtout involontaire, aurait pu apporter ce petit plaisir qu’on éprouve à regarder un franc navet. Mais, pas de chance : la réalisation de La Tour du diable n’est jamais assez sérieuse pour effrayer et jamais assez maladroite pour faire rire.
La Tour du diable (86 minutes) tient sur un DVD-9 logé, comme les autres titres d’Artus Films dans un élégant digipack qui n’utilise que 7 mm sur nos étagères. Sur la couverture, une affiche du film, la même que celle utilisée pour l’édition US sur Blu-ray. Le menu fixe et musical propose le choix entre version originale, avec sous-titres optionnels et doublage en français, les deux au format Dolby Digital 2.0 mono.
En supplément, Derrière la brume (25’), un exposé très documenté d’Éric Peretti sur Jim O’Connolly, sur Richard Gordon, le producteur du film, sur George Baxt, l’auteur de l’histoire originale, dont on n’aurait conservé que deux idées : c’est mystérieux et ça se passe sur une île ! Une foule d’anecdotes de tournage, amusantes et futiles, vient aérer la profusion des informations livrées.
Suivent un diaporama (avec sept affiches) et des bandes annonces, celles du film et des quatre autres titres (à ce jour) de la collection British Horror : Le Sang du vampire, La Nuit des maléfices, Horror Hospital - La griffe de Frankenstein et La Poupée diabolique.
L’image (1.85:1) est d’une qualité assez surprenante pour un petit film de série B vieux de près d’un demi-siècle : elle est stable, plutôt propre hormis quelques discrètes taches blanches (et un défaut au centre de l’écran pendant quelques secondes à 58’), avec des couleurs fraîches sauf un léger déficit dans le rouge. Les noirs, denses, peuvent se boucher dans les scènes les plus sombres.
Le son Dolby Digital 2.0 mono est, dans l’ensemble, assez propre, avec peu de souffle, mais des dialogues étouffés et chuintants dans la version originale. Plus clairs dans le doublage, mais trop en avant, ils manquent de naturel.
Crédits images : © Artus Films