La Proie de l'autostop

La Proie de l'autostop (1977) : le test complet du DVD

Autostop rosso sangue

Réalisé par Pasquale Festa Campanile
Avec Franco Nero, David Hess et Corinne Cléry

Édité par Artus Films

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 13/07/2016
Critique

La proie de l'autostop

Eve et Walter partent sur les routes de Californie en espérant redorer leur couple au bord de l’effondrement. Après avoir passé une nuit dans un camp de hippies, ils prennent Adam, un autostoppeur. Ce dernier les retient vite en otage et une relation tendue s’engage entre eux. Usant de sa force et de sa cruauté, il va s’amuser avec eux jusqu’à la limite du sadisme. Sans compter que ses deux complices sont sur le point de les rejoindre.

En 1972, le réalisateur Wes Craven signe son premier long métrage, La Dernière maison sur la gauche. Film d’horreur d’une extrême violence, cette histoire d’assassins qui séquestrent et torturent à mort deux jeunes filles fait polémique à travers le monde, ce qui ne l’empêche pas d’être un très grand succès. Avide de reprendre une recette qui fonctionne, le cinéma italien s’engouffre dans la brèche et participe alors à ce sous-genre controversé du cinéma d’exploitation baptisé Rape & Revenge, autrement dit le viol et la vengeance. La Proie de l’autostop, Autostop rosso sangue en Italie et Hitch-Hike pour le marché anglo-saxon, est un des rares films de genre réalisés par Pasquale Festa Campanile (1927-1986), cinéaste habituellement connu pour ses comédies grivoises centrées sur le couple comme L’Amour à cheval (La Matriarca - 1968) et Ma femme est un violon (Il Merlo maschio - 1971) avec les sublimes Catherine Spaak et Laura Antonelli. Mais avant de devenir lui-même réalisateur, Pasquale Festa Campanile avait également signé les scénarios de Rocco et ses frères (1961) et Le Guépard (1963) de Luchino Visconti (1960), L’Assassin d’Elio Petri (1961) et La Viaccia de Mauro Bolognini (1961), des films évidemment plus graves. Il n’est donc pas si étonnant de le retrouver derrière la caméra du « Rape & Revenge » La Proie de l’autostop (1977), avec l’immense Franco Nero (formidablement exécrable), la superbe Corinne Cléry (révélation d’Histoire d’O et future James Bond Girl dans Moonraker) et l’inquiétant David Hess (le mythique Krug Stillo de La Dernière maison sur la gauche).

La proie de l'autostop

Egalement road-movie anxiogène, drame malsain et sadique, La Proie de l’autostop a connu des déboires avec la censure à sa sortie, jusqu’à être classé X dans nos contrées (de 1978 à décembre 1981) où il fut à peine, pour ne pas dire pas exploité du tout dans les salles. Entre affrontement psychologique et violences physiques, l’histoire met les nerfs du spectateur à rude épreuve encore aujourd’hui. Bien qu’essentiellement tourné dans la région de L’Aquila dans les Abruzzes, l’action de La Proie de l’autostop se déroule dans le désert californien. Un couple en crise, Eve et Walter, sont mariés depuis bientôt dix ans. Ce voyage aux Etats-Unis doit leur permettre de recoller les morceaux, mais Walter est un journaliste et écrivain raté, peu scrupuleux, violent, porté sur l’alcool, misogyne et cupide. Eve, fille d’un riche entrepreneur, est une jeune femme éteinte, qui subit les colères et brutalités de son mari. Sur la route, ils remarquent un auto-stoppeur, prénommé Adam. Ils s’arrêtent et le font monter. Il se trouve qu’Adam est un bandit psychopathe en fuite, qui après un braquage de 2 millions de dollars et avoir semé ses deux complices, souhaite passer la frontière pour se réfugier au Mexique. Il prend alors Walter et Eve en otages. Très vite, Adam (David Hess, vraiment inquiétant) propose à Walter d’écrire son autobiographie, comme une sorte de pacte avec le diable. Ce contrat n’empêche pas Adam d’humilier Eve (cela ne s’invente pas) jusqu’à l’agresser sexuellement et la « violer » (ceux qui ont vu le film comprendront l’usage des guillemets) en face de son mari, puisque le livre doit « contenir une bonne part de sexe et de sang » pour plaire à un large public.

Pasquale Festa Campanile use des codes du Rape & Revenge et finalement se les approprie pour son étude récurrente de la guerre des sexes. A travers le couple qui bat de l’aile, c’est une radioscopie de l’Italie des années 1970 qui est réalisée ici, ainsi qu’une violente charge contre l’homme, son machisme, son égoïsme et sa lâcheté. Dérangeant, ambigu, sulfureux, éprouvant, cruel, les mots ne manquent pas pour qualifier La Proie de l’autostop, thriller insolite - qui évoque même le Duel de Steven Spielberg lors d’une course-poursuite entre la voiture de Walter et un étrange camion au chauffeur invisible - et méconnu en France, qui mérite d’être vraiment redécouvert. N’oublions pas une partition sous tension et comme toujours inspirée du maestro Ennio Morricone, ainsi qu’un final complètement immoral, nihiliste et cynique, mais raccord avec la scène d’ouverture. La Proie de l’autostop n’a pas fini de trotter dans la tête des adeptes du cinéma Bis !

La proie de l'autostop

Présentation - 5,0 / 5

Glissé dans un superbe fourreau, le magnifique slim digipack cartonné renferme un DVD à la sérigraphie élégante et au menu fixe et musical. Artus Films livre un petit objet de collection aux visuels fort attractifs. Egalement disponible dans cette édition, un livret de 60 pages richement illustré, signé David Didelot « Un genre maudit : Le Rape and Revenge ».

Bonus - 4,5 / 5

En premier lieu, nous trouvons glissé dans le fourreau, un indispensable livret sur le genre du Rape & Revenge, signé par l’incontournable et érudit David Didelot, récent auteur d’un ouvrage sur Bruno Matteï. Illustré par des photos et des affiches croustillantes, ce livret passionnant revient sur les prémices (La Source d’Ingmar Bergman) et les origines (La Dernière maison sur la gauche de Wes Craven) de ce sous-genre du cinéma d’exploitation, les thèmes, les grands noms du septième art qui ont tâté du Rape & Revenge, tous pays confondus, avec un focus particulier réalisé sur l’Italie. Amis du cinéma déviant, prenez des notes, car vous n’aurez qu’une seule envie après avoir refermé ce livret, suivre la liste d’oeuvres livrées par David Didelot dans la filmographie pourtant non exhaustive située en conclusion.

Et ce n’est qu’un début pourrait-on dire, car David Didelot est également présent au programme de ce DVD ! Pendant 45 minutes, c’est peu dire que le fondateur de Videotopsie nous passionne sur la présentation de La Proie de l’autostop ! Notre interlocuteur dresse un portrait du réalisateur Pasquale Festa Campanile et évoque quelques-uns de ses films les plus célèbres. Il en vient rapidement à l’oeuvre qui nous intéresse en abordant les thèmes, les personnages, les conditions de tournage, le casting, la musique d’Ennio Morricone, les ennuis avec la censure en France (où le film a été classé X en raison de sa violence), son exploitation en VHS dans une version non seulement charcutée (30 minutes coupées !), mais aussi et surtout complètement remontée. « Un des films les plus cisaillés de l’histoire de la VHS » selon David Didelot. Bref, vous l’aurez compris, ruez-vous sur cette analyse sitôt le film terminé !

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et un diaporama d’affiches et de photos d’exploitation.

La proie de l'autostop

Image - 4,0 / 5

Un superbe travail éditorial. Merci mille fois à Artus Films de nous permettre de voir et revoir La Proie de l’autostop, jusqu’alors inédit en France dans sa version intégrale, dans une copie de qualité ! Une fois passé le générique, l’image, au format respecté 1.85 (16/9 compatible 4/3) affiche une propreté rarement prise en défaut, la clarté est de mise, les couleurs retrouvent une vivacité bienvenue, le grain cinéma est bien géré, les contrastes plutôt riches, le piqué agréable sur les séquences diurnes pimpantes. Certains pointilleux noteront bien un point blanc ici et là ou de très légers moirages, tout comme certains flous inhérents aux conditions techniques d’origine, mais cela reste anecdotique. La définition flatte les mirettes, la compression demeure discrète. Nous nous répétons peut-être, mais Artus a encore fait un sacré bon boulot.

La proie de l'autostop

Son - 4,0 / 5

En France, le film de Pasquale Festa Campanile avait fait grincer la censure et le montage original n’avait alors jamais été exploité en France. Artus Films présente La Proie de l’autostop dans sa version intégrale non censurée. Du coup, de très nombreuses scènes passent automatiquement en version italienne si vous regardez le film dans la langue de Molière. En version originale, comme en français (Dolby Digital 2.0), le confort acoustique est suffisant et propre. Cependant, la version originale l’emporte du point de vue délivrance des dialogues, effets annexes et surtout sur la restitution de la musique d’Ennio Morricone.

La proie de l'autostop

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

5,0
5
1
4
0
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Franck Brissard
Le 26 juillet 2016
Pasquale Festa Campanile use des codes du Rape & Revenge et finalement se les approprie pour son étude récurrente de la guerre des sexes. A travers le couple qui bat de l’aile, c’est une radioscopie de l’Italie des années 1970 qui est réalisée ici, ainsi qu’une violente charge contre l’homme, son machisme, son égoïsme et sa lâcheté. Dérangeant, ambigu, sulfureux, éprouvant, cruel, les mots ne manquent pas pour qualifier La Proie de l’autostop, thriller insolite - qui évoque même le Duel de Steven Spielberg lors d’une course-poursuite entre la voiture de Walter et un étrange camion au chauffeur invisible - et méconnu en France, qui mérite d’être vraiment redécouvert. N’oublions pas une partition sous tension et comme toujours inspirée du maestro Ennio Morricone, ainsi qu’un final complètement immoral, nihiliste et cynique, mais raccord avec la scène d’ouverture. La Proie de l’autostop n’a pas fini de trotter dans la tête des adeptes du cinéma Bis !

Lire les avis »

Multimédia

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)