Terre de violence (1959) : le test complet du DVD

Good Day for a Hanging

Édition Spéciale

Réalisé par Nathan Juran
Avec Fred MacMurray, Margaret Hayes et Robert Vaughn

Édité par Sidonis Calysta

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Le 29/08/2016
Critique

Terre de violence

Ben Cutler, ancien shérif et désormais responsable d’une compagnie de diligence, voit The Kid tuer le shérif Cain. Il prend le poste du shérif, poursuit The Kid, le blesse et le capture. Le jeune homme est condamné à être pendu sur le témoignage de Cutler. Mais Laurie, la propre fille de Cutler, qui aime The Kid et Ruth Granger, une jeune veuve que Cutler doit épouser, refusent de croire à la culpabilité du jeune homme. Une partie de la ville trouve d’ailleurs Ben beaucoup trop dur. The Kid veut se servir de Laurie comme d’un bouclier et s’évader…

Avant de passer à la mise en scène, le réalisateur Nathan Juran (1907-2002) a d’abord fait ses classes en tant que chef décorateur sur Qu’elle était verte ma vallée de John Ford, L’Orchidée blanche d’André de Toth, Tempête sur la colline de Douglas Sirk ou bien encore Winchester 73 d’Anthony Mann. En 1952, il signe son premier long métrage, Le Mystère du château noir avec Boris Karloff. Il se spécialise dans le western, Le Tueur du Montana, Quand la poudre parle, Qui est le traître ?, tous les trois réalisés en 1953. Puis en 1958, il met en scène deux de ses films les plus célèbres, L’Attaque de la femme de 50 pieds et Le 7ème Voyage de Sinbad. En 1959, il livre un de ses meilleurs films, Terre de violence - Good Day for a Hanging, avec Fred MacMurray dans le rôle principal.

Terre de violence fait partie du sous-genre du western habituellement appelé western-urbain puisque l’action se déroule principalement dans une petite communauté. Sur un scénario de Daniel B. Ullman (Seven Angry Men) et Maurice Zimm (L’Ile mystérieuse) d’après une courte nouvelle de John Reese ([PROGRAM(tuez_charles_varrick)]), Nathan Juran aborde les problèmes de responsabilité, les rapports à la loi, le thème du bien-être de la collectivité qui doit passer avant celui de l’individu. Des sujets classiques et spécifiques au genre, mais intelligemment traités.

Sur un rythme vif (le film dure 1h20 montre en main) et malgré un budget qu’on imagine fort modeste au point que la musique soit directement reprise du chef-d’oeuvre 3H10 pour Yuma de Delmer Daves, le réalisateur parvient à jouer avec les codes inhérents au genre, sans tomber dans la facilité grâce à ses comédiens. Si Fred MacMurray est comme d’habitude parfait, Robert Vaughn tire son épingle du jeu dans le rôle du jeune bandit accusé du meurtre du shérif après l’attaque d’une banque qui a mal tourné, séquence très bien cadrée et mise en scène. Parmi les témoins, seul Ben Cutler (Fred MacMurray) est certain d’avoir vu Eddie Campbell (Robert Vaughn) abattre l’homme de loi, avant d’être lui-même blessé par Cutler durant sa fuite. Après son procès, le jury le déclare coupable et le condamne à mort par pendaison, même si Campbell déclare toujours être innocent. Emprisonné en attendant que la potence soit montée devant les regards alléchés des badauds qui arrivent des quatre coins du Nebraska pour assister à sa mise à mort, Campbell souhaite profiter des sentiments amoureux de la fille de Cutler à son égard, pour s’évader. De son côté, Cutler voit la ville se retourner finalement contre lui et désire que l’accusé soit gracié. Cutler est cependant bien décidé à aller jusqu’au bout pour faire respecter la loi.

C’est cette ambiguïté qui fait de Terre de violence une grande réussite. Le personnage joué par Fred MacMurray semble avoir un compte à régler avec celui de Campbell. Peut-être est-ce une opportunité pour lui de se débarrasser de ce jeune orphelin, dont sa fille, qu’il aimerait voir épouser le jeune docteur prometteur de la ville, est amoureuse depuis l’enfance ? Nathan Juran ne donne heureusement pas toutes les réponses.

Malgré une distribution en Angleterre et en Belgique, Terre de violence n’a pas été exploité dans les salles françaises. Son édition en DVD permettra aux amateurs de westerns de découvrir et espérons-le d’apprécier à sa juste valeur ce film passionnant.

Terre de violence

Présentation - 3,5 / 5

Le test du DVD de Terre de violence a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Bonus - 3,5 / 5

Une intervention en deux temps pour Bertrand Tavernier. Notre interlocuteur propose un petit portrait du comédien Fred MacMurray (9’) qui sera également repris sur le DVD du Le Salaire de la haine, disponible dans la même collection chez le même éditeur. Bertrand Tavernier souhaite ici réhabiliter l’acteur qui a selon lui été sous-estimé et souvent regardé avec condescendance par la critique. Il évoque un acteur très modeste et souvent d’une grande justesse, formidable dans tous les genres, avec une rare délicatesse de jeu et un sens inné du tempo.

Bertrand Tavernier en vient ensuite au film qui nous intéresse (25’) en indiquant tout d’abord avoir hésité à visionner Terre de violence en raison de préjugés plutôt défavorables, en évoquant d’autres longs métrages de Nathan Juran, qu’il n’avait pas trouvé formidables. Même s’il demeure parfois critique avec Terre de violence, notamment sa photo «  utilitaire  », ses dialogues trop «  contemporains  » et sa fin trop prévisible, Bertrand Tavernier loue néanmoins les réussites du film, à savoir l’interprétation de Fred MacMurray et l’attaque de la banque. Notre interlocuteur parle également de la musique, tirée à 80 % du score de 3H10 pour Yuma de Delmer Daves, puisque le budget ne permettait visiblement pas de créer une musique originale.

Patrick Brion (15’) replace ce western dans son contexte cinématographique en insistant cette fois sur l’évolution et la mutation du western à la fin des années 1950. Beaucoup moins critique que son confrère, Patrick Brion déclare que Nathan Juran mérite d’être reconsidéré et parle de sa carrière, notamment en tant que chef décorateur sur Qu’elle était verte ma vallée de John Ford, avant de passer lui-même à la mise en scène en 1952. S’il passe un peu trop de temps à détailler l’histoire en long en large, notre interlocuteur loue ensuite la qualité du scénario et l’interprétation.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos.

Terre de violence

Image - 3,0 / 5

Jusqu’alors inédit dans nos contrées (au cinéma comme en DVD), Terre de violence fait son apparition sur le marché français grâce aux bons soins de Sidonis Calysta. Enfin l’éditeur a visiblement fait ce qu’il pouvait pour nous proposer ce petit bijou, car la copie demeure marquée par le temps. Quelques poussières et points blancs sont encore de la partie. L’image affiche une belle stabilité, mais la gestion du grain est parfois aléatoire surtout sur les séquences en extérieur, le «  Columbiacolor  » est encore terne, la colorimétrie saumonée n’est guère reluisante et certaines séquences apparaissent moins définies. La copie n’est pas honteuse, mais on sent que la restauration et l’étalonnage n’ont pas été révisé comme pour un titre plus prestigieux.

Son - 3,5 / 5

Seule la version originale, aux sous-titres français imposés, est disponible. Le confort acoustique est honnête, à part quelques répliques plus couvertes et d’autres accompagnées de résonances, mais aucun souffle n’est constaté.

Terre de violence

Crédits images : © Sidonis Calysta

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm