La Chance d'être femme (1956) : le test complet du DVD

Prise en photo à son insu au moment où elle raccrochait ses bas, une jeune vendeuse se retrouve à la première page d’un magazine. Ayant toujours rêvé de devenir mannequin ou vedette de cinéma, Antonietta exige du photographe Corrado Betti qu’il l’aide à lancer sa carrière. Il la présente donc au comte Sennetti, très introduit dans le milieu du cinéma. Mais si Antonietta prend son idylle avec Corrado très au sérieux, pour ce dernier, il ne s’agit que d’une conquête de plus. Orgueilleuse, Antonietta se venge en l’ignorant lorsque Sennetti la transforme en vedette.

Suite au grand succès de Dommage que tu sois une canaille en 1954, le réalisateur Alessandro Blasetti engage à nouveau le couple de son précédent film, Sophia Loren et Marcello Mastroianni, pour La Chance d’être femme - La Fortuna di essere donna. Considéré comme étant l’un des pères de la comédie populaire italienne, y compris par ses confrères comme le grand Mario Monicelli, Alessandro Blasetti se repose ici sur un scénario taillé sur mesure par Suso Cecchi D’Amico (Rocco et ses frères, Senso, Le Voleur de bicyclette) et Ennio Flaiano ([PROGRAM(strada)], Bidone, Il). Des auteurs habituellement tournés vers le genre dramatique, qui avaient déjà signé l’histoire de Dommage que tu sois une canaille adapté d’une nouvelle d’Alberto Moravia. Ces valeurs sûres apportent une plus-value à cette comédie de moeurs sur l’indépendance des femmes dans l’Italie des années 1950. Mais La Chance d’être femme vaut surtout aujourd’hui pour revoir Sophia Loren et Marcello Mastroianni, pas encore starisés, magnifiques de complicité (il s’agit de leur troisième film en commun), monstres de charisme, de charme et de sensualité.

Les deux comédiens valent à Blasetti leur succès au-delà des frontières italiennes. A chaque plan, Sophia Loren dégage une sexualité qui a dû faire suer la censure, Marcello Mastroianni, semblant lui aussi hypnotisé par sa partenaire, campe un personnage de photographe très attachant. Egalement au casting, Charles Boyer « remplace » Vittorio de Sica, qui n’a pas pu revenir jouer auprès de ses camarades de Dommage que tu sois une canaille. Boyer n’a que peut à faire pour incarner le Comte Gregorio Sennetti, entre élégance raffinée et humour pince-sans-rire. Le jeu de séduction fonctionne à plein rendement, surtout durant la première partie, plus amusante, rythmée et réussie que la seconde, moins axée sur le couple vedette et plus sur le désir d’accéder à la célébrité. Néanmoins, malgré ce léger déséquilibre, La Chance d’être femme possède encore un charme rétro absolument divin, les dialogues sont très réussis, drôles et percutants, et on ne peut que s’extasier devant l’immense talent et la beauté à couper le souffle des acteurs.

La Chance d’être femme est disponible dans la collection Les Maîtres italiens SNC. La jaquette est typique de cette collection, orange avec un visuel repris du film, stipulant les trois comédiens les plus célèbres du film. Le menu principal est animé sur des extraits de La Chance d’être femme.

Comme sur les autres titres de la collection, Jean A. Gili nous présente le film qui nous intéresse ici, La Chance d’être femme (21’). L’historien du cinéma indique tout d’abord la bonne santé du cinéma italien au milieu des années 1950, avant de dresser le portrait du réalisateur Alessandro Blasetti, qu’il compare à certains cinéastes américains, un vieux routier et grand cinéaste, qui possèdait une capacité d’adaptation singulière, un sens aigu de l’observation de la société et de ses contemporains. Les thèmes du film sont ensuite analysés avec une grande pertinence et le casting est évidemment passé au peigne fin.

Bien que l’image ait été remasterisée en HD, la copie manque sérieusement d’éclat et semble parfois trop datée. En effet, certains plans s’accompagnent d’un voile peu naturel, de nombreux troubles s’invitent à la partie avec des visages flous. Quelques défauts de pellicule ont échappé à la restauration. L’image est donc aléatoire, le N&B manque d’équilibre avec des blancs trop clairs qui amoindrissent les détails, d’autres étant au contraire beaucoup plus nets et satisfaisants ! L’image est proposée au format 1.66 (16/9 compatible 4/3).

L’unique piste originale mono 2.0 a également été restaurée mais on est encore loin d’un résultat parfait. De très légers craquements et des grésillements ainsi qu’une saturation de la musique demeurent. Les dialogues sont plutôt fluides. Le résultat est certes probant, mais pas non plus exceptionnel. Les dialogues français sont imposés sur un lecteur de salon.

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