Femmes dangereuses (1958) : le test complet du DVD

Mogli pericolose

Réalisé par Luigi Comencini
Avec Sylva Koscina, Renato Salvatori et Dorian Gray

Édité par M6 Vidéo

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Le 17/10/2016
Critique

Femmes dangereuses

Durant un week-end à la campagne, quatre femmes s’interrogent sur la fidélité de leurs époux, tandis que ceux-ci sont partis à la chasse. Ornella, la superbe femme de Bruno, affirme qu’aucun homme n’est fiable, pour peu qu’une opportunité se présente. Claudine, quant à elle, réaffirme sa confiance absolue en Federico. Ses amies la prennent au mot. Elles parient que Federico ne résistera pas au charme de Tosca, une ancienne danseuse qu’elles vont tenter de jeter dans ses bras…

Femmes dangereuses - Mogli pericolise (1958) est le douzième long métrage de Luigi Comencini (1916-2007). Cette comédie est un premier tournant dans la carrière du mythique réalisateur de Pain, amour et fantaisie, Mariti in città, À cheval sur le tigre, Le Commissaire, La Ragazza, L’Incompris, Casanova, un adolescent à Venise, L’Argent de la vieille et bien d’autres chefs-d’oeuvre. A la fin des années 1950, Luigi Comencini souhaite sortir du carcan du réalisateur de « comédies simples » dans lequel il a été enfermé malgré-lui suite à l’immense succès de Pain, amour et fantaisie (1953) et de sa suite Pain, amour et jalousie (1954). Il commence tout d’abord par refuser le troisième volet, Pain, amour, ansi soit-il, finalement confié à son confrère Dino Risi.

Le cinéaste désire montrer ses capacités techniques en se dirigeant vers une mise en scène plus sophistiquée. Dans ce même objectif, Luigi Comencini, cinéaste moraliste, veut fignoler ses scénarios et dresser le portrait de ses compatriotes, en révéler les moeurs, les coutumes, les comportements et les rapports de classes. Après La Bella di Roma (1955) avec Alberto Sordi et le drame Tu es mon fils (1957), il entame une trilogie basée sur le couple et ses difficultés, le mariage et ses valeurs, en usant de la comédie pour mieux refléter les éléments dramatiques. Sur le tournage de Mariti in città (1957), il rencontre Giorgia Moll et Renato Salvatori. Enthousiasmé par cette collaboration, il les engage à nouveau dans Femmes dangereuses. A leurs côtés, Sylva Koscina et Dorian Gray jouent les deux autres femmes et personnages principaux, qui avec Giorgia Moll incarnent trois épouses de classe moyenne qui s’interrogent sur la fidélité des hommes.

Femmes dangereuses

Claudina (Moll) est ainsi persuadée que son mari Federico (Salvatori) n’est pas volage comme les autres hommes. Tosca (Koscina) pari alors le contraire à ses deux amies. Elle décide d’user de ses charmes sulfureux - elle était spécialisée dans un numéro de danse du ventre - afin de démontrer que Federico, chirurgien aspirant à une grande carrière et bien sous tous les rapports, ne lui résistera pas longtemps si elle lui fait la cour. Luigi Comencini se sert des préjugés sur l’homme italien, dragueur et « quelque peu cavaleur » (incarné ici par Franco Fabrizi, vu dans Les Vitelloni, Bidone, Il, Le Petit Baigneur), et s’en amuse sans forcément les atténuer. Le beau parleur qui parle avec les mains ? Non, ce n’est pas une caricature, et la femme italienne adepte du mariage non plus. On trouve ici les débuts de la mystification du mâle italien.

Un quatrième couple vient se greffer aux trois autres. Mariés depuis plus de vingt ans, Benito et Aurelia, formidablement interprétés par Mario Carotenuto et Pupella Maggio, passent essentiellement leur temps à s’envoyer des reproches à la figure. Ils font chambre à part, la porte communicante étant d’ailleurs barricadée par une armoire pour empêcher les représailles. Au-delà de l’usure du couple, c’est surtout l’éducation de leur fils Tato qui est l’objet de leur discorde. Aurelia n’a pas vu grandir son fils de 20 ans et se comporte avec lui comme s’il était encore un enfant. Benito désire au contraire que Tato sorte des jupons de sa mère pour qu’il devienne enfin un homme digne de celui qu’il était lui-même à son âge. Benito souhaite qu’il s’intéresse avant tout aux jeunes femmes qui l’entourent et surtout qu’il en profite enfin. Il s’engage alors à lui trouver une petite amie, ce qui entraîne quelques quiproquos particulièrement réjouissants et sert de fil rouge tout au long du film.

Femmes dangereuses est une comédie d’une élégance folle, très amusante et tendrement cynique dont les dialogues font toujours mouche aujourd’hui. Si l’on peut aisément considérer ce film comme une des plus grandes réussites du genre dans le cinéma italien des années 1950, c’est aussi grâce à la direction d’acteurs de Luigi Comencini, à son cadre étudié, au rythme vif et maîtrisé, à son art de faire rire et réfléchir sur un sujet social pourtant sérieux. C’est là toute la virtuosité d’un réalisateur en passe de devenir un maestro et l’art de tout un pan du cinéma. Jamais sorti en France et diffusé pour la première fois à la télévision en 2014, Femmes dangereuses est donc à découvrir de toute urgence.

Femmes dangereuses

Présentation - 4,0 / 5

Femmes dangereuses est disponible dans la collection Les Maîtres italiens SNC. La jaquette est typique de cette collection, orange avec un visuel repris du film, stipulant les trois comédiens les plus célèbres du film. Le menu principal est animé sur des extraits de Femmes dangereuses.

Bonus - 2,0 / 5

Comme sur les autres titres de la collection, Jean A. Gili nous présente le film qui nous intéresse ici, Femmes dangereuses (19’). L’historien du cinéma replace tout d’abord cette oeuvre dans la carrière de Luigi Comencini à la fin des années 1950. Les thèmes du film sont ensuite analysés avec une grande pertinence et le casting évidemment passé au peigne fin.

Aucune trace de la bande-annonce pourtant mentionnée sur la jaquette.

Femmes dangereuses

Image - 4,0 / 5

Le master restauré en Haute-Définition tient toutes ses promesses et offre aux spectateurs les meilleures conditions pour découvrir ce bijou de Comencini quasi-inédit dans nos contrées. En dehors de quelques fils en bord de cadre et de légers défauts de pellicule qui ont échappé aux outils numériques, la copie est vraiment très propre. Exit les rayures, les tâches, les poussières et autres points noirs et blancs. Le grain est respecté et équilibré, la beauté du N&B subjugue, les contrastes sont savamment tranchés, la luminosité est admirable, les noirs denses et le rendu des visages est soutenu par un piqué acéré. Même les fondus enchaînés n’entraînent pas de décrochages ! Présenté dans son format 1.37 (4/3), Femmes dangereuses bénéficie d’une copie très soignée.

Femmes dangereuses

Son - 4,0 / 5

Le confort acoustique est largement assuré par la piste mono d’origine. Seule la version italienne est disponible. Ce mixage affiche une ardeur et une propreté remarquables, créant un spectre phonique suffisant. Les effets et les ambiances sont nets, la musique mise en valeur, sans saturation. L’ensemble demeure homogène, sans souffle et les dialogues solides. Les sous-titres français sont en revanche imposés sur un lecteur de salon.

Femmes dangereuses

Crédits images : © SNC

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 19 octobre 2016
Femmes dangereuses est une comédie d’une élégance folle, très amusante et tendrement cynique dont les dialogues font toujours mouche aujourd’hui. Si l’on peut aisément considérer ce film comme une des plus grandes réussites du genre dans le cinéma italien des années 1950, c’est aussi grâce à la direction d’acteurs de Luigi Comencini, à son cadre étudié, au rythme vif et maîtrisé, à son art de faire rire et réfléchir sur un sujet social pourtant sérieux. C’est là toute la virtuosité d’un réalisateur en passe de devenir un maestro et l’art de tout un pan du cinéma.

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