Chronique des pauvres amants

Chronique des pauvres amants (1954) : le test complet du DVD

Cronache di poveri amanti

Réalisé par Carlo Lizzani
Avec Marcello Mastroianni, Antonella Lualdi et Anna Maria Ferrero

Édité par M6 Vidéo

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Le 17/10/2016
Critique

Chronique des pauvres amants

Pour se rapprocher de sa fiancée, Bianca, Mario prend pension dans la Via del Corno chez le forgeron Maciste. Ayant refusé de verser de l’argent aux fascistes, Alfredo l’épicier est battu et envoyé à l’hôpital. Antifasciste notoire, Maciste est abattu et son ami Ugo arrêté.

Le grand Luchino Visconti a longtemps lorgné sur l’adaptation cinématographique de Chronique des pauvres amants, roman de Vasco Pratolini publié en 1947, considéré comme un monument de la littérature antifasciste. L’intrigue se déroulant à Florence dans les années 1920 implique une reconstitution « historique ». Visconti est obligé de renoncer à ce projet faute de pouvoir trouver les financements nécessaires à la hauteur de ses ambitions. Le sujet est alors repris par le cinéaste romain Carlo Lizzani (1922-2013), venu du documentaire, qui avait également deux longs métrages derrière-lui, Achtung ! Banditi ! en 1951 avec Gina Lollobrigida et Dans les faubourgs de la ville en 1953 avec Massimo Girotti. Chronique des pauvres amants - Cronache di poveri amanti (notez que le titre original indique qu’il s’agit de chroniques au pluriel), est une oeuvre engagée à l’instar du premier film de Carlo Lizzani qui rendait hommage au combat des résistants antifascistes italiens. Ayant lui-même participé à la Résistance romaine pendant l’occupation allemande de Rome et adhérant au Parti communiste italien, Carlo Lizzani continue son « combat » à travers le cinéma. Une lutte par ailleurs soutenue par le Festival de Cannes qui lui décerne le Prix International en 1954.

Chronique des pauvres amants

Chronique des pauvres amants se passe en 1925 dans une petite rue de Florence, Via del Corno. Le fascisme est maintenant bien installé et sévit même dans les coins les plus anodins de la ville. Plusieurs personnages, habitants ou commerçants (un ouvrier typographe, un forgeron, un marchand des quatre-saisons, un couple d’épiciers, un cordonnier) essayent de vivre « normalement » malgré cette pression quotidienne caractérisée par Carlino, comptable tiré à quatre épingles et surtout fasciste notoire, qui aime penser que la rue lui appartient. Il y a aussi Ugo, qui sous ses allures de bon vivant, ne cache pas ses idées antifascistes. Ugo est interprété par Marcello Mastroianni dans son premier rôle dramatique. Bien que Chronique des pauvres amants soit un film dit « choral », le comédien crève l’écran. Pourtant, les producteurs étaient frileux à l’idée de lui confier ce rôle puisque l’acteur était alors habitué aux personnages comiques. A ses côtés, l’imposant Maciste est incarné par un certain Adolfo Consolini. Il s’agit de la seule apparition au cinéma de cet athlète italien, spécialiste mondial du lancer du disque dans les années 1940 et 1950 ! Médaillé Olympique, Or à Londres en 1948 et Argent à Helsinki en 1952, Consolini a peu à faire pour s’imposer et signe une très belle performance.

Dissimulés derrière leurs volets, les habitants écoutent les rumeurs, observent les affrontements, les couples qui s’aiment ou qui se déchirent, tandis qu’une riche impotente qui se fait appeler « Madame » profite de la situation en reprenant les boutiques laissées à l’abandon suite à l’arrestation d’antifascistes ou en avançant de l’argent aux plus démunis contre des intérêts mirobolants. C’est alors qu’une « nuit de l’apocalypse » se prépare. Les Chemises noires organisent une rafle. Ugo et Maciste décident d’aller prévenir les hommes politiques menacés d’assassinat.

La Résistance est au coeur de Chronique des pauvres amants, thème qui sera alors récurrent dans la filmographie de Carlo Lizzani. La mise en scène de ce dernier est inspirée, moderne, étonnante et son propos encore percutant aujourd’hui.

Chronique des pauvres amants

Présentation - 4,0 / 5

Chronique des pauvres amants est disponible dans la collection Les Maîtres italiens SNC. La jaquette est typique de cette collection, orange avec un visuel repris du film, stipulant les deux comédiens les plus célèbres du film. Le menu principal est animé sur des extraits de Chronique des pauvres amants.

Bonus - 2,5 / 5

L’excellent Jean A. Gili réalise une excellente et indispensable présentation de Chronique des pauvres amants (29’). L’historien du cinéma et spécialiste du cinéma italien a beaucoup à dire sur le film de Carlo Lizzani ! Il s’exprime tout d’abord sur l’adaptation avortée du roman de Vasco Pratolini par Luchino Visconti, qui doit finalement renoncer faute de financements. C’est alors que le projet arrive dans les mains de Carlo Lizzani, cinéaste ouvertement engagé et adhérent au Parti Communiste. Jean A. Gili évoque ensuite la carrière de ce dernier, explore les thèmes du film, évoque le fait que Jean Cocteau Président du jury au Festival de Cannes en 1954, aurait reçu comme consigne de ne pas décerner la Palme d’Or à Chronique des pauvres amants, le Gouvernement italien faisant pression pour éviter que la « propagande communiste italienne s’étende ». Notre interlocuteur en vient au tournage proprement dit en dévoilant que le décor principal de la rue a en réalité été entièrement réalisé dans les studios Incir De Paolis situés près de Rome. Le casting est également passé au peigne fin.

Chronique des pauvres amants

Image - 3,5 / 5

L’image a été remastérisée en HD. La propreté est évidente, le grain cinéma respecté et surtout bien géré, la copie stable. La définition demeure solide du début à la fin. Seuls les fondus enchaînés décrochent sensiblement et le N&B manque de densité. Certains plans paraissent trop lumineux, d’autres au contraire trop contrastés, mais dans l’ensemble ce master 1.33 (4/3) est une belle réussite technique.

Chronique des pauvres amants

Son - 4,0 / 5

Le film est proposé en langue italienne uniquement. Il faut rappeler que le doublage a été entièrement postsynchronisé. Le mono d’origine restauré offre un parfait rendu des dialogues, très dynamiques, et de la musique qui ne saturent jamais. Le niveau de détails est impressionnant, d’autant plus que les ambiances de rue ont été réalisées intégralement en studio, ce qui rajoute une véritable authenticité au formidable décor principal de la Via del Corno. Les sous-titres français sont imposés.

Chronique des pauvres amants

Crédits images : © SNC

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 19 octobre 2016
La Résistance est au coeur de Chronique des pauvres amants, thème qui sera alors récurrent dans la filmographie de Carlo Lizzani. La mise en scène de ce dernier est inspirée, moderne, étonnante et son propos encore percutant aujourd’hui.

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