Je ne suis pas un salaud (2014) : le test complet du DVD

Réalisé par Emmanuel Finkiel
Avec Nicolas Duvauchelle, Mélanie Thierry et Driss Ramdi

Édité par BAC Films

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Le 07/10/2016
Critique

Je ne suis pas un salaud

Lorsqu’il est violemment agressé dans la rue, Eddie désigne à tort Ahmed, coupable idéal qu’il avait aperçu quelques jours avant son agression. Alors que la machine judiciaire s’emballe pour Ahmed, Eddie tente de se relever auprès de sa femme et de son fils et grâce à un nouveau travail. Mais bientôt conscient de la gravité de son geste, Eddie va tout faire pour rétablir sa vérité. Quitte à tout perdre…

En un peu plus de quinze ans de carrière, Nicolas Duvauchelle a su s’imposer comme un des jeunes comédiens les plus convoités du cinéma français. Celui qui a été repéré par Érick Zonca pour Le Petit voleur, a ensuite tourné chez Claire Denis, Xavier Giannoli, Benoît Jacquot, Alain Corneau, André Téchiné, Alain Resnais et Diane Kurys. Un C.V. conséquent et près de 50 films à ce jour. Spécialisé dans les personnages d’écorchés vif et à fleur de peau, Nicolas Duvauchelle s’impose une fois de plus dans Je ne suis pas un salaud, réalisé par Emmanuel Finkiel (Voyages, Nulle part terre promise). Si le comédien bouleverse et impressionne du début à la fin en portant le film sur ses épaules, il est aussi secondé par la précieuse Mélanie Thierry, sublime, à la fois forte et fragile comme du cristal. Il y a une immense sensibilité qui habite le film, même si tout n’est pas réussi, en particulier une fin sans doute trop radicale, comme si le cinéaste n’avait pas su comment terminer son histoire. Si cette conclusion s’avère tendue, elle est aussi maladroite. Cependant, cette tentative de rédemption d’un pauvre type se suit avec un grand intérêt.

La mise en scène est brute, le cadre soigné, ce portrait fait souvent mal au ventre. Emmanuel Finkiel s’inspire d’un fait divers. Ahmed, un de ses amis, a été accusé à tort d’une agression. Le réalisateur évoque l’individu victime qui s’est ensuite acharné contre son ami : « Qui pouvait-il être ? Quel était in fine son intérêt ? Je n’arrêtais pas d’interroger mon copain injustement accusé : « À quoi ressemblait-il ? Comment était-il ? ». Mais Ahmed n’était pas très loquace : « C’était une espèce de bolos qui n’osait pas me regarder, un pauvre type, un petit çais-fran », me répondait-il. C’est là, à partir de l’énigme que représentait pour moi ce « pauvre type », que peu à peu s’est esquissé le désir de faire ce film, un pauvre type que j’ai appelé Eddie et qui est devenu non seulement le personnage principal, mais celui à travers lequel tout serait vécu ». Emmanuel Finkiel ne juge pas son personnage principal malgré son acte condamnable, mais le présente comme un mec paumé qui ne s’aime pas, qui tente de remonter à la surface après un gros passage à vide, qui l’a séparé de sa compagne et de son fils. Il prend des cours de management dans le but de se réinsérer dans la vie professionnelle, mais se voit très vite rattrapé par ses démons, en particulier la boisson qui lui permet de « tenir ».

Je ne suis pas un salaud

Eddie (Duvauchelle) est un inadapté, hypersensible, constamment en souffrance et en colère, qui démarre au quart de tour en cas de conflit, incapable de se maîtriser. Violemment agressé, il se retrouve à l’hôpital après avoir été amoché et lardé de coups de tournevis. Sa femme le recueille à nouveau et la petite famille tente un nouveau départ. Grâce à sa compagne, il trouve un petit boulot de cariste, payé au SMIC. Mais lors d’une parade d’identification, Eddie désigne un mauvais coupable, Ahmed (excellent Driss Ramdi), qu’il avait aperçu comme « cobaye » lors de ses cours de management. Eddie a-t-il agit sous l’emprise de l’alcool ? Par jalousie en sachant cet homme détenteur d’un CDI qu’il convoite ? Ou a-t-il vraiment cru qu’il s’agissait de son agresseur ? Le film ne tranche pas vraiment, mais en dépit de ses efforts, Eddie est rongé par la culpabilité, ce qui va envenimer à nouveau ses rapports avec sa famille. Jusqu’au point de non-retour.

Une impression de malaise renforcé par la musique électro obsessionnelle de Chloé, célèbre DJ française, se fait ressentir constamment. Je ne suis pas un salaud est une oeuvre difficile, dont l’authenticité se trouve renforcée par le concours d’un vrai personnel hospitalier dans la première partie et de vrais magistrats dans le dernier acte. Cela se ressent et participe à l’empathie ressentie pour le personnage principal, ainsi qu’à l’immersion du spectateur dans ce drame réaliste, filmé en numérique, dans l’urgence, avec une équipe réduite. La caméra ne perd jamais de vue le personnage joué par Nicolas Duvauchelle, constamment reflété dans un miroir ou dans une vitre, face à lui-même.

Je ne suis pas un salaud a été auréolé de plusieurs récompenses dont celles du Meilleur acteur et de la Meilleure mise en scène au Festival Francophone d’Angoulême 2015, le Prix Arte international (Atelier de la Cinéfondation - Festival de Cannes), le prix du jury jeune (Festival International de Pau) et le Prix spécial au Festival du Film France-Odéon de Florence. Des prix mérités pour ce film social anxiogène, pour lequel on aimerait bien retrouver Nicolas Duvauchelle aux César en 2017 !

Je ne suis pas un salaud

Édition - 6,25 / 10

Le DVD de Je ne suis pas un salaud, disponible chez Bac Films Vidéo, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette reprend l’efficace visuel de l’affiche du film. Le menu principal est sobre, animé sur la musique de Chloé Thévenin.

En dehors de trois bandes-annonces, aucun bonus à se mettre sous la dent ! Dommage, nous aurions vraiment aimé entendre le réalisateur et ses comédiens…

Bac Films Vidéo livre un joli master de Je ne suis pas un salaud, restituant habilement la photographie du film signée Alexis Kavyrchine (Vincent n’a pas d’écailles). Le chef opérateur privilégie les teintes froides naturelles, la clarté reste de mise, le relief est agréable et les détails précis. Les contrastes sont légers, les séquences sombres sont aussi fluides et définies que les scènes diurnes, le piqué est suffisamment vif, les noirs denses et l’encodage demeure solide jusqu’à la fin malgré quelques scènes plus ternes et flous inhérents aux conditions de tournage.

L’unique piste DD 5.1 offre un large confort suffisant pour un film de cet acabit. La spatialisation musicale est très convaincante la délivrance des dialogues dynamique. Les ambiances naturelles ne sont pas oubliées tout comme le beau soutien des basses qui interviennent aux moments opportuns. En revanche, mauvais point pour l’absence de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Je ne suis pas un salaud

Crédits images : © BAC Films Distribution

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
6,25 / 10
Avis

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Franck Brissard
Le 19 octobre 2016
Je ne suis pas un salaud est une œuvre difficile, dont l’authenticité se trouve renforcée par le concours d’un vrai personnel hospitalier dans la première partie et de vrais magistrats dans le dernier acte. Cela se ressent et participe à l’empathie ressentie pour le personnage principal, ainsi qu’à l’immersion du spectateur dans ce drame réaliste, filmé en numérique, dans l’urgence, avec une équipe réduite. La caméra ne perd jamais de vue le personnage joué par Nicolas Duvauchelle, constamment reflété dans un miroir ou dans une vitre, face à lui-même.

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