Réalisé par Jean-Luc Leon
Avec
et Guy Ribes
Édité par Pretty Pictures
Guy Ribes, un habile faussaire, a récolté de grosses sommes d’argent en peignant des faux Renoir, Picasso, Chagall, Léger, Matisse… des milliers de tableaux dont quelques 300 ont été saisis. Les autres, souvent identifiés par des experts, sont accrochés sur les murs de collectionneurs privés ou de musées ou figurent dans les catalogues raisonnés…
Un vrai faussaire est l’oeuvre de Jean-Luc Leon qui s’intéresse à l’art. À l’art lyrique, notamment, comme en témoignent ses documentaires sur Ruggero Raimondi et Barbara Hendricks, mais aussi au cinéma, avec Alain Tanner, à la politique avec Un tramway à Moscou (1996) sur la Russie après la dislocation de l’URSS, et aux arts graphiques avec Un marchand, des artistes et des collectionneurs (1996).
Il y revient justement avec Un vrai faussaire, en nous invitant à passer une heure et demie en compagnie de Guy Ribes. Goguenard, gouailleur, truculent, il commence à nous raconter son enfance passée dans le bordel tenu par ses parents (« C’était la vie de famille : tout le monde se lavait le cul et, pfuit !, les filles allaient faire le tapin »), puis son expérience d’apprenti dessinateur chez un soyeux lyonnais, les premiers pas vers ce qui deviendra son « métier » avec de menus écarts en cours de route : pour arrondir ses fins de mois, il vend dessins et aquarelles réalisés avec le matériel de son patron et fait quelques casses, par-ci, par-là.
Tout ça avant qu’il ne se lance dans l’imitation de peintres, des valeurs sûres seulement, avec les encouragements et l’aide de Leon Amiel, éditeur d’art et galeriste à New York et Paris, reconnu comme un des spécialistes de Chagall… et qui sera condamné aux USA en 2011 à deux ans pour la vente à grande échelle de faux tableaux !
Quand je vois un de mes Chagall partir au Japon… c’est le panard !
Un vrai faussaire montre clairement que Guy Ribes n’est pas le moins du monde contrit, par ses actes frauduleux. Il ressort au contraire du témoignage d’un commandant de police judiciaire une nette inclination de Guy Ribes à « noircir le tableau » de ses activités criminelles.
Un vrai faussaire ne manque pas d’évoquer les effets indésirables des activités du faussaire, le vol des victimes de son escroquerie et, plus largement, le discrédit apporté au marché de l’art et aux artistes.
Jean-Luc Leon nous donne un portrait vivant d’un grand faussaire, un mauvais garçon qui fascine : on le voit travailler, dessiner des oeuvres « originales » par l’assemblage judicieux d’éléments « empruntés » à plusieurs tableaux (pas une copie !), vieillir le support, choisir les pigments, patiner le résultat… Tout un art !
Un vrai faussaire (88 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un digipack à trois volets. L’élégant menu animé, illustré par la chanson Veinte años interprétée par Maria Teresa Vera, propose en activité réduite au choix entre le lancement du film ou celui des bonus.
En supplément, une bande-annonce et Dans l’atelier (5’) : Guy Ribes, chapeau mou sur la tête et pipe à la bouche, nous révèle quelques confidences sur son enfance, en partie redondantes avec celles faites au cours du film. Il y a plus intéressant : ses vues sur le travail des peintres, l’émotion qu’une oeuvre doit pouvoir susciter ou de rapides coups d’oeil sur la fabrication d’un Picasso.
Glissé dans le premier volet, un livret de 20 pages résume les débuts de Guy Ribes, son procès, et contient un entretien avec Jean-Luc Leon, le réalisateur.
L’image (1.78:1), d’une clarté, finesse et précision remarquables, éclabousse l’écran de mille couleurs, délicatement étalonnées. Le sujet le commandait : la qualité de l’image atteint la perfection !
Même constat pour le son Dolby Digital 2.0 : une grande clarté, une excellente dynamique, un spectre largement ouvert viennent au service du bel accompagnement musical de Krishna Levy.
Crédits images : © Jean-Luc Leon / Pretty Pictures