Réalisé par Jean-Pierre Dardenne
Avec
Adèle Haenel, Olivier Bonnaud et Jérémie Renier
Édité par Diaphana
Jenny, jeune médecin généraliste, se sent coupable de ne pas avoir ouvert la porte de son cabinet à une jeune fille retrouvée morte peu de temps après. Apprenant par la police que rien ne permet de l’identifier, Jenny n’a plus qu’un seul but : trouver le nom de la jeune fille pour qu’elle ne soit pas enterrée anonymement, qu’elle ne disparaisse pas comme si elle n’avait jamais existé.
Avec La Fille inconnue, leur dixième long métrage de fiction, Jean-Pierre et Luc Dardenne, scénaristes, réalisateurs et producteurs de leurs films, continuent de situer le récit dans un environnement social défavorisé, ici à Seraing, une banlieue de Liège. Le personnage principal, une fois encore, est une femme résolue à se sortir d’une situation difficile, par tous les moyens et avec opiniâtreté. C’est un fort sentiment de culpabilité qui pousse Jenny : la jeune fille ne serait probablement pas morte si elle avait ouvert la porte du cabinet médical.
On retrouve dans La Fille inconnue le leitmotiv du cinéma des frères Dardenne : les difficultés sociales, celles des clients de Jenny et celles, pires, vécues par les marginaux. Mais se mêle au scénario une enquête policière, celle que s’entête à mener Jenny, persuadée que la police locale ne va pas se mettre en quatre pour confondre le meurtrier d’une prostituée sans papiers.
Cette combinaison du drame social et d’une intrigue policière imprègne La Fille inconnue d’une ambiance à la Simenon tout en l’exposant au risque d’un manque d’équilibre entre les deux genres, une possible explication de l’accueil mitigé réservé au film à Cannes qui a conduit les réalisateurs à revoir le montage avant sa sortie en salles.
Le caractère hybride de La Fille inconnue et certains dialogues trop écrits sont rachetés par l’interprétation que donne du jeune médecin Adèle Haenel qui, depuis Les Diables (Christophe Ruggia, 2002), confirme son talent d’actrice et une maturité acquise par une expérience de plus de 25 rôles en 15 ans. Elle rend avec un grand naturel le personnage ambivalent de Jenny, forte dans l’apparence qu’elle veut donner à ses patients, fragile sous le poids de la culpabilité et terrorisée par les menaces d’un proxénète. On retrouve à ses côtés, les habituels complices des frères Dardenne, Olivier Gourmet, Fabrizio Rongione et Jérémie Rénier…
La Fille inconnue est disponible en deux éditions Diaphana sorties simultanément : Blu-ray et DVD (le test a été effectué sur DVD). Le menu animé et musical propose le film (102 minutes) sous formats audio, Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo, auxquels il faut ajouter une piste d’audiodescription DD 2.0.
Sous-titres pour malentendants.
En supplément, outre la bande-annonce, un entretien avec Jean-Pierre et Luc Dardenne (25’). Interrogés par N. T. Binh, journaliste, critique, enseignant de cinéma à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, les frères Dardenne exposent leur méthode de travail. Après le repérage des décors, prennent place les répétitions avec les acteurs, pendant cinq ou six semaines, captées par une petite caméra. Puis vient le tournage, avec, en moyenne, une vingtaine de prises par séquence (il n’en a fallu qu’une quinzaine pour La Fille inconnue). À partir d’une première sélection de prises, bien avant la fin du tournage, un montage provisoire est effectué, « l’ours ». Ce n’est qu’une quinzaine de jours après son visionnage qu’est entrepris le montage définitif.
L’image (1.85:1), parfaitement définie, propose des couleurs naturelles, avec de solides contrastes, dans toutes les conditions d’éclairage, de jour comme de nuit.
Le son (Dolby Digital 5.1 ou stéréo), clair, ouvert sur un large spectre, est surtout concentré sur les voies frontales.
Crédits images : © Christine Plenus