Quarry - Saison 1 (2016) : le test complet du DVD

Au début de 1972, Marc Conway et son ami Arthur, au terme de leur engagement dans les marines au Vietnam, reviennent à Memphis. Trouver un travail est chose difficile pour ces vétérans, d’autant plus pour eux qui ont participé à l’extermination de toute la population du village de Quan Thang où se cachaient trois Vietcongs. Un homme mystérieux, « The Broker », leur propose une somme importante en échange d’un service : tuer les cibles qu’il leur désignera, sans poser de question…

Quarry, une minisérie créée par Graham Gordy et Michael D. Fuller, est l’adaptation d’une collection de romans de Max Allan Collins, un écrivain fécond, auteur de romans (dont des policiers, publiés en France dans la collection Série noire), bandes dessinées et scénarios. C’est une de ses bandes dessinées qui a inspiré Les Sentiers de la perdition, réalisé par Sam Mendes en 2002.

Quarry, un titre curieux, c’est le surnom donné à Marc Conway par le Broker dans la carrière désaffectée de leur premier rendez-vous. Une autre curiosité tient au mystère qui plane tout au long de la série : il faudra attendre la fin du dernier épisode pour avoir l’explication de la scène d’ouverture du pilote, une lutte à mort entre deux hommes. Le dernier épisode jettera aussi la lumière sur les événements de Quan Thang.

Quarry est la dernière des séries HBO diffusées par Cinemax. On ne sera donc pas surpris, après Strike Back, Hunted, Banshee et Outcast d’y trouver de l’action avec des scènes d’une violence assez crue.

Un rythme plutôt lent, un nombre restreint de personnages, des scènes intimistes, sont les ingrédients propices à l’exploration de la personnalité de Marc « Quarry » Conway, autour duquel s’articule tout le scénario, un personnage complexe, souffrant d’un stress post-traumatique, hanté par les fantômes de la guerre (il est, à plusieurs reprises, médusé par l’image récurrente d’un masque de démon). Un personnage très ambigu, également, tendre et cruel, tiraillé entre l’envie de sortir du piège dans lequel le Broker l’a englué et une incoercible attirance pour la violence.

La noirceur de la série est encore accusée par l’évocation du douloureux environnement historique, marqué par des affrontements raciaux (dramatiquement mis en images par l’attaque d’un bus scolaire), par la guerre du Vietnam et son enlisement jusqu’à une probable impasse, par la culpabilité ressentie par une bonne partie de l’opinion après plusieurs massacres, dont celui de Mỹ Lai, auquel se réfère celui, imaginaire, de Quan Thang.

Logan Marshall-Green, parfait dans sa traduction de l’instabilité du personnage principal, oscillant entre douceur et brutalité, entre doutes et certitudes, est entouré d’une solide distribution : Peter Mullan (Top of the Lake) dans le rôle du Broker, Jodi Balfour dans celui de Joni, la femme de Marc Conway, et l’Australien Damon Herriman qui crève l’écran dans son interprétation de Buddy, un psychopathe.

Quarry a d’autres mérites : une facture inspirée (avec des cadrages recherchés et de longs plans-séquences très réussis), particulièrement homogène (Greg Yaitanes a réalisé les huit épisodes), et une soigneuse reconstitution des années 70 dans laquelle comptent beaucoup la musique (blues, rock’n’roll et gospel)… et l’accent local.

HBO ajoute à son catalogue une autre série digne d’intérêt mais n’a pas encore confirmé les rumeurs circulant sur une possible saison 2.

Quarry (8 épisodes d’une durée cumulée de 480 minutes) et ses généreux suppléments (148 minutes, sans compter deux commentaires audio) tiennent sur trois DVD-9 (trois BD-50 pour l’édition Blu-ray) logés dans un boîtier de 14 mm glissé dans un étui.

Sur la couverture, la photo « renversante » de « Quarry » se reflétant dans l’eau d’une piscine.

Le menu fixe (avec cette même photo) propose la version originale ou un doublage en français, les deux au format Dolby Digital 5.1.

Sous-titres dans sept langues, dont le français (et l’anglais pour malentendants).

Tous les suppléments sont repris de l’édition US sortie il y a un mois.

Dans les coulisses (18’), en plusieurs modules répartis sur les trois disques. Créateurs, réalisateur et acteurs commentent l’action ou les personnages, avec des extraits de scènes, sans rien apporter au visionnage de la série.

Un court making of (7’, disque 1) s’ouvre sur l’atmosphère dépressive de la fin de la guerre du Vietnam contrastant avec l’optimisme des années 60. Puis David Porter, consultant pour l’illustration musicale, évoque la musique qui accompagne toute la série, enregistrée en direct. Pour finir, les auteurs insistent sur leur souci d’une reconstitution fidèle des années 70.

Une course-poursuite de voiture (2’, disque 1) révèle l’astuce de la réalisation par une incrustation picture in picture. Et Love Letters (2’, disque 4) montre deux courts messages vidéo échangés entre Joni et Mac quand ce dernier était encore au Vietnam.

Une suite de vidéo clips (54’, disque 3) met bout à bout les scènes musicales de sept des huit épisodes de la série.

Scènes d’investigation de Quan Thang (20’) : l’enregistrement (non montré dans la série), en noir et blanc, du témoignage d’Arthur, de Mac et de leur capitaine sur l’opération dans le village vietnamien, montre comment les investigateurs insinuent aux trois militaires les réponses « convenables » à donner à leurs questions.

Des scènes coupées, à profusion (42’), sont réparties sur les trois disques.

Pour finir le commentaire audio du pilote par Graham Gordy et Michael D. Fuller, de l’épisode 4 par Greg Yaitanes et Jodi Balfour, et de l’épisode 8 par Greg Yaitanes et cinq techniciens, en version originale, malheureusement non sous-titrée.

L’image (1.78:1) bénéficie d’une excellente résolution sur toute la profondeur du champ, y compris dans les scènes de nuit. Les couleurs sont bien étalonnées dans une tonalité où l’ocre domine.

Le son Dolby Digital 5.1 de la version originale restitue avec clarté les dialogues, donne une belle ampleur à la musique et sait aussi être spectaculaire dans les scènes de fusillade et les scènes de guerre de l’épisode final en générant une convaincante sensation d’immersion. Cette appréciation vaut aussi pour le doublage en français, malheureusement desservi par des dialogues peu naturels.

Crédits images : © HBO