Réalisé par Koji Fukada
Avec
Tadanobu Asano, Mariko Tsutsui et Kanji Furutachi
Édité par Condor Entertainment
Dans une discrète banlieue japonaise, Toshio et sa femme Akié mènent une vie en apparence paisible avec leur fille. Un matin, un ancien ami de Toshio se présente à son atelier, après une décennie en prison. A la surprise d’Akié, Toshio lui offre emploi et logis. Peu à peu, ce dernier s’immisce dans la vie familiale, apprend l’harmonium à la fillette, et se rapproche doucement d’Akié.
Harmonium (Fuchi ni tatsu) est le cinquième long métrage du jeune cinéaste Kôji Fukada (né en 1980) et le deuxième à avoir été édité en vidéo en France après Au revoir l’été (Hotori no Sakuko), réalisé en 2013, deux fois primé au festival de Nantes, le premier de ses films distribué dans nos salles.
Harmonium reprend, avec un tout nouveau regard, le thème de l’intrusion d’un étranger dans une famille, si brillamment exploité par le Théorème de Pier Paolo Pasolini. Tout commence en plein mystère avec l’intrusion de Yasaka dans la petite cellule familiale constituée par Toshio, fabricant de petites pièces métalliques dans son atelier, Yaké, son épouse, protestante dévote, et leur fille Hotaru, dix ans. Qui est Yasaka ? Pourquoi Toshio l’a-t-il accueilli sans broncher ? Pourquoi a-t-il mis Yaké devant le fait accompli ?
La première partie du film montre comment Yasaka réussit à s’insérer dans la famille, à séduire Yaké et Hotaru, dans une succession de scènes qui fait progressivement grandir l’inquiétude du spectateur. De la deuxième partie, beaucoup plus noire, on ne vous dira rien pour vous la laisser découvrir.
Un étrange film, distillant le doute sur la nature et les intentions des trois personnages, mêlant subtilement réalité et imaginaire, dans un huis-clos insolite, dérangeant. Les quelques scènes en extérieur n’y changent rien : les rues sont désertes.
Le Prix du jury de la section Un certain regard décerné à Cannes en 2016 a fait connaître Kôji Fukada en France. Aucun doute : ce réalisateur vient se joindre aux porte-drapeaux du jeune cinéma japonais tels que Hirokazu Kore-eda (Tel père, tel fils, 2013), Shinji Aoyama (Eureka, 2000), Nobuhiro Suwa (M/Other, 1999), Naomi Kawase (La Forêt de Mogari, 2007), Kiyoshi Kurosawa (Vers l’autre rive, 2015), Sono Sion (Love Exposure, 2008)…
Harmonium (115 minutes) et son supplément (23 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un digipack un peu épais (7 mm). Le menu animé et musical propose le film, dans sa seule version originale, avec sous-titres optionnels, sous deux formats : Dolby Digital 5.1 et 2.0 stéréo.
Un beau titre s’ajoute au catalogue éclectique de Condor Entertainment qui annonce la sortie prochaine du dernier volet de l’admirable série britannique De Lark Rise à Candleford.
Une occasion de ronchonner, pourtant : le film est disponible au Royaume Uni dans une édition Blu-ray.
Du Japon à Cannes, l’ascension de Kôji Fukada (23’) revient sur les débuts du réalisateur au théâtre où il a appris la direction d’acteurs, sur son adaptation sous la forme de film d’animation de La Grenadière de Balzac en 2006, sur Hospitalité (Kantai), primé à Tokyo en 2010, sur le tournage d’Harmonium, commencé sept mois seulement avant l’ouverture du festival de Cannes de 2016.
L’image 1.66:1 est lumineuse, solidement contrastée, avec des noirs denses et des couleurs naturelles, étalonnées avec soin. On aurait apprécié une définition un peu plus poussée que procure peut-être l’édition Blu-ray.
Un choix est offert, en fonction des installations, entre deux formats : Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo. Les deux offrent clarté des dialogues dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical. La version multicanal crée une délicate impression d’immersion.
Crédits images : © 2016 Fuchi Ni Tatsu Film Partners & Comme Des Cinemas