Réalisé par Kevin Macdonald
Avec
James Franco, Sarah Gadon et George MacKay
Édité par Warner Bros. Entertainment France
Avant de mourir, Al Templeton révèle un secret à son ami Jake Epping, professeur d’anglais au lycée de Lisbon, Maine. Il lui montre qu’il suffit d’aller jusqu’au fond d’un cagibi pour passer de 2016 au 21 octobre 1960. Il le charge aussi d’une mission qu’il n’a pas pu accomplir : empêcher, le 22 novembre 1963, l’assassinat du président Kennedy… pour rendre le monde meilleur. Les trois ans dans le passé ne le feront vieillir que de trois minutes et tout nouveau franchissement du seuil, du présent vers le passé, annulera des altérations effectuées au cours de sa mission et toutes leurs conséquences. Jake, que rien ne retient depuis son divorce, accepte la mission.
22.11.63 (titre original : 11.22.63) s’ajoute à la longue liste des films et séries sur le thème du retour vers le passé pour un meilleur futur. On pense aussitôt, parmi beaucoup d’autres titres, à la saga Terminator, reprise par l’excellente série Terminator: The Sarah Connor Chronicles, à Minority Report, à Source Code, à Looper, à Heroes et aussi, à toute petite échelle et dans le genre de la comédie, à Un jour sans fin (Groundhog Day).
22.11.63 se place sur les plus hautes marches du genre, aux côtés des quelques titres cités. Grâce, tout d’abord, à la qualité du scénario, adapté par la créatrice de la série, Bridget Carpenter, du roman éponyme de Stephen King qui a, lui-même, contribué à l’écriture de tous les épisodes. On devait déjà à Bridget Carpenter une participation active à l’écriture et à la production de trois autres remarquables séries, Dead Like Me (2004, 2 saisons), Friday Night Lights (2006, 5 saisons) et Parenthood (2000, 6 saisons). La série doit probablement aussi à la patte de J.J. Abrams, l’un de ses producteurs exécutifs, le créateur super-doué d’Alias (2001, 5 saisons), de Lost (2004, 6 saisons) et de Fringe (2008, 5 saisons).
De plus, 22.11.63, une fois acceptée l’idée de pouvoir voyager dans le temps, se distingue par son réalisme. La production a alloué les moyens suffisants pour faire revivre le passé en faisant défiler les incroyables voitures d’avant la crise du pétrole, en habillant quelques 1 500 figurants à la mode des sixties, en redécorant les vitrines des boutiques (l’une d’elles porte l’enseigne « Blue Ribbon Laundry », la chaîne de laveries dans laquelle travaillait Margaret White, la mère de Carrie, celle de Carrie, la toute première adaptation pour l’écran d’un roman de Stephen King, réalisée par Brian De Palma en 1976).
Ajoute au réalisme l’idée de choisir un événement historique assez récent pour appuyer le récit et les images sur une base de données si fournie qu’elle permet d’ajouter à la série une touche quasi-documentaire, notamment dans la reconstitution de l’attentat là où il s’est déroulé, sur la Dealey Plaza de Dallas, avec un souci de perfectionnisme allant jusqu’à habiller les figurants comme l’étaient les personnes photographiées sur cette même place au moment du passage du cortège présidentiel, le 22 novembre 1963, à 12h30 ! Quelques archives filmées sont judicieusement intégrées au récit et Daniel Webber ressemble étrangement à Lee Harvey Oswald.
22.11.63 allie énigme policière (comment s’assurer que Lee Harvey Oswald est bien l’auteur du coup de feu meurtrier ?), mystère (le passé peut réagir brutalement aux tentatives d’interférence), action, parfois très violente (justifiant l’interdiction aux moins de 12 ans), et romance, celle qui naît de la rencontre improbable entre Jake et Sadie, interprétés par James Franco et Sarah Gadon, un bien charmant tandem !
Un twist final astucieux conclut élégamment cette série très originale qui installe un suspense qui va crescendo, épisode après épisode.
22.11.63 (8 épisodes d’une durée inégale totalisant 428 minutes) tient, avec son supplément (15 minutes) sur deux DVD-9 (deux disques aussi pour l’édition Blu-ray) logés dans un boîtier de 14 mm, glissé dans un fourreau. Le menu fixe et musical propose le choix entre version originale au format Dolby Digital 5.1 et deux doublages, en français et en espagnol, au format Dolby Digital 2.0 stéréo.
Sous-titres en français, espagnol, néerlandais et anglais (pour malentendants).
Quand le futur contre-attaque (15’). Stephen King, J.J. Abrams, Bridget Carpenter et les acteurs commentent la série, sans y apporter grand-chose. On apprend cependant que la créatrice a voulu éviter le recours au procédé de la voice over pour transmettre les états d’âme de Jake (auxquels le roman donne une grande place), qu’elle a modifié le rôle du personnage de Bill qui assiste un temps Jake dans son entreprise. Tous évoquent l’attention apportée à rendre la série aussi réaliste que possible et les clins d’oeil, semés çà et là, à l’oeuvre de Stephen King.
Au format inhabituel de 2.0:1, l’image, parfaite dans les scènes bien éclairées, manque de piqué dans les autres scènes, tout particulièrement dans celles filmées en basse lumière, aux contrastes un peu mous et avec des noirs peu denses.
La version originale (Dolby Digital 5.1) utilise les possibilités du multicanal avec efficacité et cohérence. On aurait toutefois apprécié une dynamique un peu plus accusée.
Dommage que le doublage en français (qui place les dialogues trop en avant) doive se contenter de la stéréo, même avec une séparation des voies satisfaisante.
Crédits images : © Carpenter B, Bad Robot, Warner Bros. Television