Réalisé par Papu Curotto
Avec
Ignacio Rogers, Esteban Masturini et Joaquín Parada
Édité par Outplay
Matías et Jerónimo ont passé toutes leurs grandes vacances dans la propriété des parents de ce dernier, une ferme des Esteros del Iberá, dans le nord-est de l’Argentine. L’année de la rentrée au collège, attirés l’un vers l’autre, ils connaissent leur première relation sexuelle, juste avant d’être séparés : le père de Matías émigre au Brésil. Une vingtaine d’années plus tard, Matías revient dans les Esteros avec sa petite amie Rochi, sans se douter qu’il allait revoir Jerónimo.
Esteros, le premier film de l’Argentin Papu Curotto, réalisé en 2016, nous arrive directement en vidéo. Il s’ouvre, avant le générique, sur les jeux de Matí et Jeró, alors âgés d’une dizaine d’années, le jour du carnaval de Paso de los Libres. La séquence suivante montre, vingt ans après, Matí et Rochi en voiture, sur la route qui les mène au carnaval. L’artiste que Rochi a engagé pour maquiller Matí en zombi n’est autre que Jeró !
Esteros, dans une alternance entre le présent et des retours au passé, réussit à communiquer subtilement, sans recours à l’artifice d’une voix off ou à des dialogues explicatifs, l’évolution des sentiments des deux garçons.
C’est par une série de petites touches qu’on sent poindre, dans les jeux des deux enfants, une attirance nouvelle, encore hésitante, partagée entre élans et mouvements de recul, dans un troublant mélange d’affection et d’agressivité.
Esteros réussit à entretenir la tension dramatique par l’incertitude sur la direction que prendront les relations entre les deux jeunes hommes. D’inexpliqués sursauts agressifs de Matías sèment le doute : ne sont-ils pas une réaction inconsciente contre la montée d’une attirance envers Jerónimo, contre l’ouverture, à nouveau, d’un livre qu’il croyait avoir définitivement refermé ?
Cette pudique histoire intime, interprétée avec délicatesse par des acteurs débutants pour les flashbacks, plus confirmés pour les scènes dans le présent, s’inscrit dans l’étrange cadre, doux et insolite (le ton est donné par l’apparition sur l’écran d’un capybara, un énorme rongeur, pouvant peser 90 kg) d’une grande zone humide au climat subtropical, les Esteros del Iberá.
Esteros, deux fois primé au Brésil, aurait largement mérité une sortie en salles. Souhaitons que sa diffusion en vidéo fasse connaître en France Papu Curotto dont nous attendons avec curiosité le prochain film.
Esteros (83 minutes) et ses suppléments (23 minutes) tiennent sur un DVD-9 livré dans un boîtier standard épais de 14 mm. Le film est proposé dans sa seule version originale en espagnol avec quelques répliques en portugais, dans deux formats audio, Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo.
En fonction du choix opéré, sur le menu titre, entre « français, anglais et espagnol », on peut afficher des sous-titres français, bien placés sur la bande noire, ou anglais, ou s’en passer.
Sous-titres français pour malentendants.
Entretien avec le réalisateur (12’). La scénariste Andi Nachon, pour son premier scénario, a repris les souvenirs d’enfance de Papu Curotto dans les Esteros, son premier amour d’adolescent, suspendu par une longue séparation, la nostalgie de l’enfance. Il avoue son appréhension à filmer les scènes de sexe, un exercice très délicat pour lui. On aurait pu en rester là et se passer des louanges aux contributeurs du film qui encombrent la fin de ce court document.
Matías y Jerónimo, un beau court métrage (1.78:1, DD stéréo, 11’), réalisé un an plus tôt, le brouillon d’un chapitre du film, montre deux jeunes adolescents (interprétés par des acteurs différents de ceux du long métrage) jouant dans la boue au bord d’un étang, sous l’oeil de la mère de l’un d’eux, prendre ensemble une douche, avant d’aller au carnaval où ils sont les témoins de la violente agression d’un danseur travesti par trois hommes. En rentrant chez eux, ils croisent sans s’arrêter les trois hommes occupés à jouer avec le déguisement de leur victime.
L’image (2.35:1), magnifique, étale, dans une délicate texture, une palette de couleurs naturelles, agréablement saturées et soigneusement étalonnées, dans une parfaite définition.
Le son, Dolby Digital 5.1 ou 2.0, à choisir en fonction de l’équipement, restitue clairement les dialogues, dans un bon équilibre avec les ambiances et l’accompagnement musical dispensé dans des timbres chauds dès les premiers accords de guitare et de bandonéon. L’image sonore est centrée sur les voies frontales : pas de différence notable entre la piste 5.1 et la piste stéréo.
Crédits images : © Outplay