Réalisé par Christophe Gans
Avec
Mark Dacascos, Julie Condra et Rae Dawn Chong
Édité par Metropolitan Vidéo
Du manga en version live-action. Christophe Gans réussit l’inimaginable dans un film produit par la vieille école européenne, qui dévoile un melting-pot d’imagerie post- mythologique, et qui rentra rapidement dans l’imaginaire des fans. Ce conte de fée d’un tueur qui verse une larme de compassion après chaque exécution, emprunte ses références à tous (John Woo..) et à personne en même temps. « Crying Freeman » est un clash de genres et cultures, qui offre à Mark Dacascos (trop souvent inexploité par le cinéma) un rôle et une présence physique exceptionnelles. Un film venu de nulle part, unique dans son genre, et pratiquement impossible à copier.
14 mois. C’est le temps cumulé en retard et reports techniques
qui a précédé la sortie de « Crying Freeman ». Pour adoucir la
frustration des spectateurs, Metropolitan devait sortir un
coffret à la hauteur des attentes. Et c’est ce qu’elle a fait.
On s’attendait à une édition collector, et on obtient en
revanche un tour de force gladiatoresque. Si tous les
suppléments ne sont pas exceptionnels, la force brute de
« Crying Freeman » l’est. L’assemblage du coffret est de premier
niveau, avec un soin particulier pour les détails et les
éléments de base (le master HDTV, pour ne pas le citer).
Cette critique a été établie à partir des deux check-discs du
coffret. Nous faisons donc abstraction du packaging et du
livret de 44 pages, qui seront intégrés au texte à partir de
la version gold de « Freeman ».
Le contenu et l’ergonomie sont de premier ordre. Menus 3D
animés en 16/9 sur le premier disque (avec en prime le jingle
relooké de Metropolitan), des discrets écrans fixes sur le
deuxième (dus à une manque de place). La navigation est
cohérente sur l’ensemble Vidéo, un peu moins sur la partie Rom
(dommage pour les pop-up). Le tout avec des pistes 5.1 de
qualité, et sans aucune imposition de sous-titres en VO. 5 sur
5 !
Le premier bonus se trouve dans le disque 1 du coffret : le
commentaire audio de Christophe Gans (en 2.0), hélas non sous-
titré. C’est le petit avant-goût pour l’avalanche du disque 2
(double-couche), rempli à ras-bord de suppléments DVD Video et
Rom. Les menus animés du premier disque ont été remplacés par
des écrans fixes en 4/3. Ce qui compte est le contenu.
Le disque des suppléments est architecté autour de trois
sections : « Pré-production » (en 2 pages), « Tournage » et « Post-
production ». L’ensemble est structuré comme un carnet de bord
multimédia, qui offre une revisitation à posteriori de toutes
les étapes de conception du film.
Voici un « petit » avant-goût commenté du programme :
- La Genèse (1’20” ») - mini interview (1’20”) de
Christophe Gans, qui explique son premier contact avec le
manga de « Crying Freeman ».
- Après le coup de foudre, le Scénario. Ces quelques
pages de texte expliquent les premières adaptations avortées
et les changements requis par l’indisponibilité de Jason Scott
Lee, initialement pressenti pour le rôle.
- La Direction artistique - 1 Nouvelle mini-interview
de Christophe Gans de 2’08” (qui date de 1994), sur le rôle de
l’illustrateur Alex McDowell dans le design du film, et les
premiers enjeux visuels.
- La Direction artistique - 2 Une collection d’une
trentaine d’images ou illustrations sur la conceptualisation
visuelle du film. Dommage que ces éléments ne soient pas
disponibles en hi-res dans la partie DVD-Rom !
- Les Story-boards - 1 - Dans une autre interview
d’époque (2’40”), Christophe Gans présente le travail et le
choix de Thierry Ségur, devenu depuis son story-boardeur
attitré.
- Les Story-boards - 2 - Un très intéressant face-à-
face de 2’02” sur la séquence initiale de l’oeuvre, entre les
story-boards (en bas) et le film (en haut). A ne pas
rater.
- Les Story-boards - 3 - On rentre dans le vif du
sujet. Cette partie offre l’intégralité des story-boards de 17
scènes-clé du film, précédées de quelques commentaires. Le
défilement des images est automatique ; les touches de
chapitrage de la télécommande permettent de passer aux scènes
suivantes ou précédentes. En tout et pour tout, 1600 story-
boards sont présents : on leur croît sur parole (nous n’avons
pas eu le courage de les compter !)
- Place ensuite au tournage, introduit par un sujet de 5’30”
(sous-titrable en français) pour « Le journal du
cinéma ».
- Le document suivant appartient aux pièces de collection du
coffret. Il s’agit d’un Promo-reel de 7’27” destiné aux
« buyers » internationaux du MIFED, le marché du film de Milan.
Le clip assemble des stock-shots du film (dont des scènes
écartées au montage) et des interviews issues du EPK de la
production.
- Les coulisses de Crying Freeman (19’40”) est une
featurette qui ressemble tous les éléments du electronic press
kit (dont les « soundbytes » présents dans le promo). Correct
mais pas exceptionnel.
- Pour conclure la section, B-Roll est en fait un
assemblage brut des coulisses du tournage, avec juste le son
d’ambiance. Son atout réside dans sa longueur (38’32” !), qui
donne un aperçu assez complet des conditions du tournage de
quelques scènes-clé.
- La dernière section du disque, consacrée à la post-
production, démarre par Le montage (8’47”). C’est l’un
des documents les plus intéressants du coffret. Ici,
Christophe Gans revendique son choix de David Wu, le monteur
attitré de John Woo, pour imprimer à « Crying Freeman » le style
qui sera le sien. Les passionnés de cinéma ne doivent pas le
rater sous aucun prétexte.
- Lors du recentrage de l’oeuvre, deux scènes furent écartées
du « final cut » : « Booby Trap » (1’33”) et « Tokyo Hotel »
(1’11”). Scènes coupées les présente dans leur
intégralité, dans une version dépourvue de mixage, le signe
qu’elles étaient passées à la trappe assez rapidement.
- Le générique est l’un des morceaux de choix du
coffret. Une longue succession de story-boards, entrecoupée
des points de repère sur un corps humain, détaille la séquence
des titres du film. Ne coupez surtout pas, car la suite du
programme offre les différentes étapes de la conception du
générique (tournage, incrustations, FX) ! C’est l’élément qui
ressemble le plus à un bonus caché du coffret.
- Deux bandes-annonces (en 4/3, hélas) complètent la partie
DVD Video de « Crying Freeman ». Si vous avez un ordinateur, le
processus de découverte n’est pas fini. Il faut maintenant
passer aux éléments Rom du coffret (toujours dans le disque
2).
Pour accéder à la partie DVD-Rom, il faut cliquer sur le
fichier « freeman.htm » à la racine du disque. Pas d’autostart
ou d’interfaces PCFriendly, et c’est tant mieux (ce sont de
bons candidats aux problèmes d’incompatibilité sur les
ordinateurs.
Les éléments sont regroupés autour de 8 sections : « Dossier de
presse », « Genèse », « Musique », « Bande-annonce », « Extraits »,
« Photos », « Interviews » et « Making of ». Les fichiers (au format
Quicktime) ne se comptent pas. Parmi les différents extraits
ou vidéos - accessibles en pop-up - on remarque le générique
du dessin animé japonais et quelques planches de mangas. 4
extraits sonores et 47 photos sont aussi disponibles. Petite
astuce pour ces dernières : ouvrez-les manuellement dans leur
répertoire, ceci vous permettra de les visionner en haute
résolution.
En conclusion, la section suppléments de « Crying Freeman » a
une tactique gladiatoresque : après ça, il n’y a que de la
terre brûlée. Avouons-le, tout n’est pas intéressant. Mais la
force brute de ce collage multimédia répond aux attentes des
fans.
Nous avons volontairement omis de mentionner un dernier
détail : un petit bonus caché (et en DD 5.1). On
complétera la section dès la sortie du disque. Juste un petit
conseil en attendant : regardez du coté du dragon…
Un mot : HDTV ! Voici la raison pourquoi Sony a entrepris la tâche de découvrir systématiquement à des télécinéma haute- définition de ces titres. Avec un piqué, un chroma et une richesse de tel niveau, le master de « Crying Freeman » fait jeu égal avec les meilleures sources hollywoodiennes. Point à la ligne.
Encore une fois, du 5 sur 5. La dynamique et l’ambiance virevoltante du cinéma d’action sont restitués avec précision : dans les nombreuses scènes de combat, mais aussi - et surtout - dans les petits détails et les bruits d’ambiance. Une exploitation de manuel du 5.1. Nous avouons cependant une petite préférence pour la V0. La piste française fait plus dans le bruit que dans le détail, et semble un poil plus limitée dans les graves et les aigus. La VO ajoute cette profondeur supplémentaire. Le commentaire audio de Christophe Gans (en 2.0) offre un mixage délicat de la voix du réalisateur à la bande son du film.