Fatale-Station (2016) : le test complet du DVD

Réalisé par Rafaël Ouellet
Avec Macha Limonchik, Claude Legault et Micheline Lanctôt

Édité par ARTE ÉDITIONS

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Le 26/10/2017
Critique

Fatale-Station - Saison 1

Une femme blesse avec un tournevis un homme, entré chez elle de nuit, qui tentait de l’étrangler. Elle l’aurait achevé avec une barre de fer sans l’arrivée d’une voiture. La femme, Sarah, pour échapper aux menaces de son assaillant, se réfugie dans le lointain village isolé de Fatale-Station, régenté par la matriarche Jean O’Gallagher, qui ordonne qu’elle quitte le village par le prochain train.

Fatale-Station, une série québécoise coproduite par Radio-Canada et ARTE France, a été créée par Stéphane Bourguignon, romancier et auteur du scénario de deux autres séries inédites en France, La Vie, la vie (2001) et Tout sur moi (2006).

Il nous arrive assez peu de séries du Québec. On se souvient, notamment, de Maria Chapdelaine (Gilles Carle, 1983, reçue en France sous la forme d’un cube de bouillon, compressée de quatre heures à 107 minutes !), de Blanche - Les filles de Caleb (1993) et de Marguerite Volant (1996) et, plus récemment, de Minuit le soir (2005, 3 saisons), diffusée par Arte, mais seulement éditée sur disque optique au Canada.

Fatale-Station - Saison 1

« Ici, on n’a pas besoin de personne ! »

Fatale-Station utilise les codes du film noir dont les Scandinaves et autres Flamands se sont fait une spécialité depuis quelques années. Et aussi le thème du village isolé, à l’abri des lois, largement exploité par les westerns et, récemment dans le domaine des séries, par Fargo ou Banshee. Le village, à six heures de route de la ville la plus proche, a ses propres règles, en grande partie édictées par Jean O’Gallagher et sagement respectées par le maire et par la police locale.

« Ce serait ouvrir des portes qui feraient mieux de rester barrées »

Voilà comment elle justifie l’éviction de Sarah : accueillir une étrangère, c’est risquer d’étaler au grand jour des secrets jusque-là protégés par des portes closes, de rompre le fragile équilibre des rapports de force et, aussi, d’attirer l’attention du monde extérieur sur les tensions avec les Indiens Attikamekw qui bloquent le principal accès routier pour protester contre l’ouverture de sentiers forestiers qui perturbent l’habitat des caribous.

Fort heureusement, l’entêtement de Sarah à rester dans les lieux nous permet de confirmer nos doutes : les habitants de Fatale-Station sont « crochus », tordus dirait-on chez nous. Cela vaut pour le « boucher orphelin », en mal d’amour et très jaloux, pour « Corbeau », un O’Gallagher qui se mêle aux Indiens sous un accoutrement de sorcier, pour « Pïcpic », le bricoleur de bombes artisanales, pour les commerçants… sans clients (le seul commerce un peu fréquenté est le café-restaurant, le Beijing Palace).

Fatale-Station - Saison 1

« J’suis la femme de mon mari, la mère d’ma fille. J’ai rin à moi ! »

Tout une galerie de personnages s’agite sous nos yeux, certains pathétiques comme la femme du maire, végétant dans un état quasi-cataleptique depuis des mois sans communiquer avec son mari ou sa fille, d’autres qui tirent leur épingle du jeu, comme la belle Ina qui ne vend pas ses charmes mais ne refuse pas les cadeaux. Le personnage le plus haut en couleurs est celui de Jean O’Callagher, interprétée avec une fougue rare par Micheline Lanctôt, en tête d’affiche de La Vraie nature de Bernadette réalisé en 1972 par Gilles Carle, un réalisateur emblématique du cinéma québécois, pourtant désespérément introuvable dans nos bacs.

Fatale-Station profite d’un scénario solidement construit qui ne lève que très progressivement le voile sur les turpitudes du village. D’utiles rebondissements soutiennent l’attention et ménagent de bons moments de suspense. Sa nature sombre ne l’empêche pas de laisser une bonne place à l’humour, notamment dans ses dialogues.

Un sacré dépaysement, tabarnak !

Fatale-Station - Saison 1

Édition - 6,5 / 10

Fatale-Station (10 x 40 minutes) tient sur trois DVD-9 logés dans un keep case. Le menu animé et musical propose la série dans sa version originale, en français québécois, avec sous-titrage optionnel de certains dialogues et sous-titres pour malentendants (que ceux qui ne sont pas familiarisés avec l’accent québécois pourront trouver utiles).

Aucun supplément.

L’image, au format assez inhabituel de 2.0:1, un peu douce, propose des couleurs fraîches, délicatement saturées, des contrastes fermes, avec des noirs denses.

Le son, Dolby Digital 2.0 stéréo, avec une bonne séparation des deux voies, crée une assez bonne impression d’immersion, mais aurait pu bénéficier d’une meilleure ouverture du spectre vers les aigus. Un déséquilibre occasionnel entre l’accompagnement musical et les dialogues et un excès de réverbération, par exemple au début des épisodes 4 et 5, peut gêner leur compréhension.

Fatale-Station - Saison 1

Crédits images : © Attraction Images, ARTE France, ICI Radio Canada Télé

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
6,5 / 10
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Philippe Gautreau
Le 26 octobre 2017
Fatale-Station, une des trop rares séries à nous arriver du Québec, lève tout doucement le voile sur les turpitudes d’un village isolé. Un scénario bien construit, du suspense, des rebondissements soutiennent l’attention tout au long de cette série dépaysante, bien noire, qui laisse pourtant une bonne place à l’humour.

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Fatale-Station
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