Réalisé par Olivier Guignard
Avec
Arieh Worthalter, Brune Renault et Toinette Laquière
Édité par ARTE ÉDITIONS
Florian Bassot, un ébéniste en vacances avec sa femme et ses deux enfants, plonge de son voilier et se noie. Après être resté cinq ans dans le coma, il se réveille dans le corps d’un autre, celui de Sylvain Bernard, mortellement blessé, un capitaine de la BATI, l’unité de police chargée de prévenir et sanctionner les « transferts », devenus illégaux, de l’esprit d’une personne dans le corps d’une autre. Contraint de masquer sa nouvelle identité, Florian, simulant une amnésie, rejoint la BATI…
Transferts, série d’anticipation coproduite et diffusée par ARTE France (qui avait relancé le genre dans l’hexagone avec la diffusion en 2013 de la série suédoise Real Humans / Äkta Människor) a été créée et coécrite par le producteur Patrick Benedek et le scénariste Clause Scasso, auteur remarqué du téléfilm La Nourrice, réalisé par Renaud Bertrand en 2004. Les deux avaient précédemment collaboré en 2006 à l’écriture de Le tricheur à l’as de carreau, le meilleur épisode de la série Les Tricheurs, et de Caïn, le premier comme producteur, le second comme scénariste.
Le thème du transfert avait, jusque-là, surtout été exploité dans des comédies : Un Vendredi dingue, dingue, dingue (Freaky Friday, 1976) et son remake Freaky Friday (Dans la peau de ma mère) en 2003, Big en 1988, Dans la peau d’une blonde (Switch, 1991), Échange standard (The Change-Up, 2011), etc., etc. Beaucoup moins souvent dans des drames, comme il le fut pour La Machine de François Dupeyron en 1994.
Transferts tire largement profit du thème. D’abord, en exploitant l’altérité personnalité/apparence, opposées dans un conflit à l’issue d’autant moins certaine que le corps « habité » peut progressivement diffuser à l’esprit transféré des traits de personnalité de son précédent « occupant ». Cette perméabilité pouvant, dans certains cas, générer des « contre-transferts » aux conséquences dramatiques qui ont abouti à une interdiction de la pratique, même à des fins thérapeutiques.
Le thème ouvre également la porte à des débats éthiques et religieux, sur l’immortalité rendue possible par des transferts successifs, sur la marchandisation du corps humain, sur l’eugénisme, sur la mise à l’écart des individus jugés potentiellement dangereux (les « transférés » sont marqués au fer rouge d’un « oméga » et parqués dans un camp)… L’action se déroulant dans un avenir proche, ces débats ont une résonnance dans notre actualité. Par exemple, l’enfermement d’individus présumés dangereux, bien qu’ils n’aient commis aucun délit, ne constituerait-il pas une atteinte inadmissible aux libertés ?
Transferts, en mesurant ses ambitions de mise en scène, évite le piège des effets spéciaux ratés, mais profite d’un scénario bien structuré qui réussit à soutenir la tension dramatique et d’une solide distribution avec, en tête, Arieh Worthalter et Brune Renault, et quelques invités de marque : Thierry Frémont dans un rôle glaçant et Édith Scob, présente dans un épisode.
Transferts, Prix de la meilleure série au Festival Séries Mania 2017 (le Prix du meilleur acteur est revenu à Arieh Worthalter, interprète de Florian/Sylvain) confirme, après Engrenages, Braquo, Un village français, Le bureau des légendes et quelques autres encore, que nous avons réussi à compter dans l’univers des séries.
Le cliffhanger qui ponctue la série ouvre la porte à une suite, chaudement espérée…
Transferts (6 x 54 minutes) et son supplément (22 minutes) tiennent sur deux DVD-9 logé dans un boîtier, non fourni pour le test effectué sur check-disc. Le menu animé et musical propose le format audio Dolby Digital 2.0 stéréo, avec sous-titres pour malentendants.
En complément, un entretien avec Claude Scasso et Patrick Benedek (22’). Après que le projet ait été retenu par ARTE France et les grandes lignes de la série aient été imaginées en commun, la première version du scénario a été écrite par Claude Scasso, puis soumise à Patrick Benedek, coproducteur. La direction artistique et le casting ont été partagés entre eux avec les deux réalisateurs, Olivier Guignard et Antoine Charreyron. Une attention particulière a été portée à la musique, avec une alternance de passages symphoniques ou instrumentaux et de sons électro, plus contemporains.
L’image (1.85:1), un peu douce dans les plans larges, propose des couleurs naturelles, bien contrastées, avec des noirs assez denses et une lisibilité jamais prise en défaut, même dans les scènes de nuit.
Le son Dolby Digital 2.0 stéréo, en revanche, au moins sur les check discs fournis pour le test, ne parvient pas à restituer clairement les dialogues : leur timbre étouffé, d’éventuels excès de réverbération, leur parasitage par des bruits ambiants, leur saturation occasionnelle les rendent parfois à peine intelligibles, jusqu’à inciter à afficher les sous-titres pour malentendants !
Crédits images : © ARTE France, Panama Productions, Filmagine, BE-FILMS