Les Jours comptés (1962) : le test complet du DVD

I giorni contati

Réalisé par Elio Petri
Avec Salvo Randone, Franco Sportelli et Regina Bianchi

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 17/10/2017
Critique

Les Jours comptés

Cesare Conversi, un artisan plombier romain de 54 ans, voit un homme de son âge mourir dans un tram. Crise cardiaque, murmure-t-on. Il n’en faut pas plus pour qu’il réalise soudain que ses jours sont comptés et qu’il est grand temps qu’il arrête de travailler pour profiter de la vie…

Les Jours comptés (I Giorni contati), le deuxième long-métrage de fiction d’Elio Petri, sur un scénario qu’il a coécrit avec Tonino Guerra (coscénariste de quatre grands films de Federico Fellini). Le film sort en 1962, un an après L’Assassin, avec Marcello Mastroianni et Micheline Presle en tête de distribution.

Les Jours comptés nous invite, dans le sillon creusé par le néoréalisme, à emboîter le pas de Cesare, endimanché pour marquer la rupture avec son état antérieur, dans les quartiers pauvres de Rome, au travers d’un long terrain vague à l’horizon duquel se dressent les barres d’une cité, entre les baraques d’un bidonville en révolte, au sommet d’une colline de gravois où l’a conduit une prostituée… Et ses déambulations sont l’occasion de brefs échanges sur les choses de la vie avec celles et ceux qui, fortuitement, croisent son chemin.

Les Jours comptés

« Le travail empêche de penser »

Au-delà d’une chronique sociale, Les Jours comptés est un conte philosophique, une réflexion sur la mort et sur le travail, qu’Elio Pietri a dédié à son père chaudronnier. Cesare (Main basse sur la ville de Francesco Rosi, 1963), depuis l’incident du tram, semble soudainement prendre conscience qu’il s’approche du terme de sa vie et « chercher à comprendre la mort ». Il aimerait que son médecin puisse lui dire combien de temps il lui reste à vivre pour goûter à mille choses qu’il part découvrir, mais qui pourront le laisser indifférent, voire le décontenancer, comme l’art abstrait, entraperçu dans un musée, puis dans un atelier d’artiste. La désillusion est toujours au bout du chemin, dans ses évasions (beaucoup trop de gens sur la plage !), dans sa quête de l’amour quand il tente de souffler sur les braises d’une liaison passée…

Mêmes réflexions hésitantes sur le travail, pessimistes sur celui, objectivement aliénant, de son ami Amilcare qui passe ses nuits à repeindre sur la chaussée les lignes blanches des passages pour piétons. Mais le travail, notamment celui d’un artisan, a peut-être aussi ses vertus en permettant de rencontrer des gens, de rendre des services et, aussi, de gagner l’argent assurant un minimum de confort.

Les Jours comptés révèle la maîtrise d’Elio Petri de la mise en scène, particulièrement de sa sûreté des cadrages et des éclairages, et annonce, par son thème, les plus grands films qui vont suivre, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon en 1970 et La Classe ouvrière va au paradis en 1971.

Les Jours comptés

Édition - 7 / 10

Les Jours comptés aura attendu cinquante ans pour sortir dans nos salles, en avril 2012. C’est l’un des premiers titres d’une nouvelle collection lancée par Tamasa Diffusion, Viva l’Italia! qui proposera, d’ici à fin novembre, dix films italiens des années 50 à 70, absents de nos catalogues pour la plupart, et un coffret Alberto Sordi.

Les Jours comptés (95 minutes et non 84, durée indiquée au dos du boîtier) tient sur un DVD-9 logé dans un fin digipack.

Inséré dans la couverture, un livret de 16 pages avec les propos d’Elio Petri, recueillis par Jean A. Gili, critique et historien du cinéma, sur le contenu politique du film et de l’ensemble de son œuvre, sur la censure politique du cinéma qui sévissait en Italie dans les années 50, sur l’influence sur le scénario du film d’Ingmar Bergman Les Fraises sauvages (Smultronstället, 1957), sur la structure circulaire du récit, le personnage se retrouvant, à la fin du récit, là d’où il était parti, sur les gens que rencontre Cesare, sur le travail et la condition des ouvriers…

Le bonus vidéo se limite à une bande-annonce, à une galerie de photos du film et d’affiches et à une filmographie sélective d’Elio Petri et de Salvo Randone.

L’image (1.85:1), restaurée par L’Immagine Ritrovata en 2011, a été soigneusement débarrassée des marques du temps (taches, griffures…) et du bruit vidéo. Elle manque toutefois de luminosité et de contrastes, surtout dans les scènes de jour, et les noirs, un peu poreux, tendent à se boucher dans certaines séquences peu éclairées.

Le son Dolby Digital 1.0, assez propre, avec un faible niveau de souffle, restitue clairement les dialogues et l’illustration musicale au rythme du cha-cha-cha, malgré un spectre concentré dans le medium.

Les Jours comptés

Crédits images : Tamasa Diffusion

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
7 / 10
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Philippe Gautreau
Le 17 octobre 2017
Encore inédit en vidéo, le film Les Jours comptés, une réflexion d’Elio Petri sur la mort et le travail, révèle sa maîtrise de la mise en scène, des cadrages et des éclairages, et annonce les grands films qui vont suivre.

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Les Jours comptés
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