Réalisé par Mike Newell
Avec
Miranda Richardson, Josie Lawrence et Polly Walker
Édité par Koba Films
Londres, au début des années 1920. Lottie Wilkins, mariée à un avocat pédant et radin, Rose Arbuthnot, à un homme qui la trompe sans vergogne, ont grand besoin de changer d’air. Une petite annonce les fascine : « Si vous appréciez le soleil et la glycine, louez en avril le petit château médiéval de San Salvatore en Italie, au bord de la Méditerranée ». Sans en parler à leur mari, elles s’engagent auprès du propriétaire et, pour répartir la charge du loyer, trouvent deux autres femmes partantes pour l’aventure, Mrs. Fisher, veuve, la soixantaine, dont tous les amis sont morts, et Caroline Dester, une jeune femme riche, lassée de ses aventures amoureuses. Les quatre femmes se retrouvent à San Salvatore, sous le soleil d’Italie…
Avril enchanté est l’adaptation du roman Enchanted April, publié en 1922 par l’Anglaise Elizabeth von Arnim, une femme qui a voyagé : née en Australie, elle a suivi ses parents à Londres, et son mari en Allemagne, puis à Londres. À la mort de celui-ci, elle s’installe dans le Valais où elle noue une relation avec H.G. Wells, puis en France à Mougins, enfin en Caroline du Sud où elle mourra en 1941.
C’est Mike Newell qui réalise cette deuxième adaptation d’Avril enchanté (la première, en 1937, avait été l’oeuvre de l’Américain Harry Beaumont), un an avant son premier grand film, Le Cheval venu de la mer, avant la renommée planétaire que lui valurent 4 mariages et 1 enterrement en 1994, puis Donnie Brasco, en 1997, sans compter sa contribution à la saga Harry Potter dont il dirigea en 2005 le quatrième volet, Harry Potter et la Coupe de Feu.
Avril enchanté est une autre variation sur le thème des femmes qui décident soudain d’échapper à la lassitude, à l’ennui, au manque de considération… comme Thelma & Louise, en quelque sorte, mais ici avec la retenue qu’on attend en Grande Bretagne d’une femme « de qualité ».
La transfiguration des personnages est presque instantanée. La seule explication que laisse le film est la magie, l’enchantement qu’exerce le printemps italien sur les personnages, sur les quatre femmes, et aussi sur les maris de deux d’entre elles qui les ont rejointes : à la mélancolie se substitue le bonheur, à l’enfermement sur soi, l’ouverture aux autres, à la pingrerie, la générosité… Avril enchanté aurait pu faire sourdre plus subtilement la transformation… et la rendre ainsi plus crédible.
Cette réserve faite, le film profite d’une excellente distribution avec, côté dames, Josie Lawrence, Miranda Richardson, Joan Plowright et Polly Walker et, côté messieurs, Alfred Molina, Jim Broadbent et Michael Kitchen.
La différence d’éducation des quatre femmes révélée par des dialogues finement écrits et de magnifiques vues de l’escarpement sur lequel s’accroche San Salvatore, font le reste pour que le charme opère, laissant de cette escapade un souvenir plaisant, à défaut d’être impérissable.
Avril enchanté (95 minutes) tient sur un DVD-9. Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres imposés, ou dans un doublage en français, les deux au format Dolby Digital 2.0.
Un problème avec cette édition Koba Films : l’image de la sortie en salles en 1992, 1.85 :1, a été recadrée par la BBC au format pan and scan pour s’ajuster à l’écran 4/3 des télés d’antan. Ce traitement d’un film, déjà impardonnable au temps où l’on attendait encore les écrans 16/9, est maintenant inacceptable. D’autant plus qu’est sortie en 2009 une réédition Miramax d’un DVD au bon format.
Pas de supplément, seulement l’espace découverte Koba Films avec de courts extraits de trois miniséries que nous avons testées : La Dame de Wildfell Hall, Pemberley et Femmes & filles.
L’image, recadrée au format 1.33:1, présente des contrastes fermes et des couleurs naturelles, délicatement saturées et soigneusement étalonnées. Elle a été débarrassée des taches parasites, mais pas toujours d’un bruit qui s’invite sans discrétion dans quelques séquences plus sombres, par exemple celle de l’arrivée à destination de Lottie et Rose, de nuit, sous une pluie battante.
Le son Dolby Digital 2.0 mono de la version originale et du doublage est propre, lui aussi. Les dialogues sont clairement restitués dans les deux versions, un peu trop en avant dans le doublage.
Crédits images : © BBC