Le Mystère Jérôme Bosch (2016) : le test complet du DVD

El Bosco : El jardín de los sueños

Réalisé par José Luis López-Linares
Avec Miquel Barceló, Guo-Qiang Cai et William Christie

Édité par Epicentre Films

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 13/03/2018
Critique

Le Mystère Jérôme Bosch

Vers 1500, le peintre flamand Jérôme Bosch crée Le Jardin des délices, un triptyque large de près de quatre mètres, une oeuvre foisonnante et, surtout, énigmatique, conservée à Madrid, au musée du Prado. À l’occasion d’une exposition célébrant le 500e anniversaire de la mort du peintre, le conservateur du Prado commande au cinéaste José Luis López-Linares un documentaire sur cette oeuvre, en recueillant les commentaires d’historiens de l’art, d’écrivains, de psychanalystes et d’artistes.

Le Mystère Jérôme Bosch, sorti dans nos salles en octobre 2016, est l’oeuvre de José Luis López-Linares, un des chefs opérateurs de Carlos Saura et réalisateur d’une vingtaine de documentaires. Le dernier en date, encore en postproduction au moment où nous écrivons ces lignes, El Maestro de Altamira, est consacré aux peintures rupestres de la grotte d’Altamira.

Le Mystère Jérôme Bosch livre le peu qu’on sait de Jheronimus van Aken, membre de la confrérie de Notre-Dame de Hertogenbosch, qui se fera appeler Jérôme Bosch, plus communément connu sous le nom d’El Bosco en Espagne. Le documentaire retrace aussi le parcours du tableau : probablement commandé pour la cour de Bourgogne par Henri III de Nassau, il fut acquis par Guillaume d’Orange, puis confisqué par le duc d’Albe au moment de la répression par l’Espagne du protestantisme aux Pays-Bas, avant d’être légué à la couronne d’Espagne. Il fut transféré de l’Escurial au Prado en 1939.

Le Mystère Jérôme Bosch

Le Mystère Jérôme Bosch fait défiler devant le triptyque une douzaine de personnalités, l’écrivain Salman Rushdie, le philosophe Michel Onfray, le chef d’orchestre William Christie… jusqu’à des auteurs de bandes dessinées, des conservateurs de musée, notamment Élisabeth Taburet-Delahaye qui rapproche le style de Bosch de celui de la tapisserie de La Dame à la licorne conservée au musée de Cluny. Chacun livre ses impressions, laissant au spectateur le soin de trier, dans un foisonnement hétéroclite d’informations parfois superficielles, ce qui lui semblera utile pour élargir ou approfondir sa connaissance de l’oeuvre.

On n’attendait certes pas qu’un documentaire de 52 minutes dissipe tous les mystères des trois volets de cette oeuvre complexe, Le Paradis et la présentation d’Ève, L’Humanité avant le déluge et L’Enfer, grouillante de détails, peuplée de plus d’une centaine de personnages, d’animaux, de monstres, de fruits géants et d’étranges instruments de musique. Mais on reste frustré d’avoir vu tant d’interlocuteurs discourir sur le tableau, certains avec plus de pertinence que d’autres, alors que la visite de tous les coins et recoins du tableau a été si rapide.

Le Mystère Jérôme Bosch se rachète un peu avec le tableau interactif joint en bonus qui permet d’agrandir les détails de la composition, avec une parfaite netteté et une fine reproduction de ses couleurs. L’utilisation de rayons X ou infra-rouge fait surgir les fantômes de créatures insoupçonnées, aussitôt créées, aussitôt effacées par le peintre.

Le Mystère Jérôme Bosch, à défaut de répondre à toutes les questions que soulève Le Jardin des délices, atteint un objectif essentiel, piquer la curiosité des nombreux spectateurs qu’il incitera à regarder sur l’Internet les nombreuses reproductions en haute définition ou, mieux encore, à retourner au Prado, pour se replonger dans l’univers fantasmagorique de Jérôme Bosch et laisser divaguer leur imagination sur la symbolique de tel ou tel détail…

Le Mystère Jérôme Bosch

Présentation - 4,0 / 5

Le Mystère Jérôme Bosch (51 minutes) et ses suppléments (61 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un fin digipack orné du panneau central du triptyque.

Le menu animé et musical propose le film au format audio Dolby Digital 5.1 et 2.0 stéréo.

Sous-titres français, anglais ou espagnol.

Sous-titres pour malentendants.

À l’intérieur du digipack, une reproduction de l’affiche du film au format A3.

Bonus - 4,0 / 5

En complément :

Tableau interactif (17’). Avec les touches de navigation de la télécommande, on peut agrandir plusieurs parties du triptyque, et lancer une vidéo, avec des commentaires, certains repris du documentaire, d’autres inédits.

Entretien avec José Luis López-Linares (8’). Il avait déjà tourné cinq films sur des peintres pour le Prado. Quand le musée lui a demandé de réaliser un documentaire pour accompagner l’exposition du 500e anniversaire de la mort de Bosch, il a choisi de se limiter au Jardin des délices avec, pour fil conducteur, le livre du professeur Falkenburg, auteur de The Land of Unlikeness (Waanders Publishers, 2012, édité en France sous le titre Bosch. Le Jardin des délices par Beaux-Arts, en 2015). Avec lui, il a recherché des écrivains, peintres, historiens, etc. qui pourraient apporter leurs vues sur l’oeuvre… Il a opté pour un accompagnement musical varié rassemblant la chanteuse Lana Del Rey, le Pater Noster d’Arvo Pärt, l’aria Erbarme dich, mein Gott de la Passion selon Saint Mathieu de J.S. Bach…

Entretien avec Reindert L. Falkenburg, historien de l’art (7’). L’auteur explique qu’il a décidé, il y une douzaine d’années, d’entreprendre une étude du Jardin des délices, qu’il s’est notamment interrogé sur le regard porté sur le tableau par les contemporains de Bosch. Quand José Luis López-Linares l’a approché, il lui a semblé qu’il serait une bonne idée de recueillir les commentaires de plusieurs personnes devant le tableau, en miroir avec les conversations que paraissent entretenir tous les personnages du panneau central.

Le Mystère Jérôme Bosch

Entretien avec Stéphane Sorlat, producteur français (5’). Il est intervenu dans la production alors que le tournage était en cours. Depuis toujours fasciné par Le Jardin des délices, il se souvient l’avoir vu, pour la première fois, seul, dans un recoin du Prado, alors qu’il attire aujourd’hui la foule des visiteurs.

La dispute (18’) émission de France Culture du 26 octobre 2016, jour de la sortie du film sur les écrans français. Harry Bellet, après avoir rappelé le fameux dicton, « Rien n’a entendu plus de bêtises qu’un tableau accroché dans un musée », avoue avoir été agréablement surpris par le film, notamment frappé par la réflexion de l’écrivain Cees Nooteboom : « Ce qu’y voient la plupart des gens, c’est eux-mêmes ». Pendant la discussion, au lieu d’un écran noir, on nous gratifie d’une visite en travelling du tableau, un peu gâchée par un inutile oscillogramme incrusté sur toute la largeur de l’écran.

Suivent trois clips vidéo (6’), Mijn vlakke land (mon plat pays), par Jacques Brel, Gods and Monsters par Lana Del Rey et « L’Enfer », en réalité le magnifique Pater Noster d’Arvo Pärt, chanté par Heldur Harry Pólda, accompagnée au piano par le compositeur.

Pour finir, la bande-annonce et une très succincte filmographie de José Luis López-Linares.

Image - 5,0 / 5

L’image (1.85:1), lumineuse, parfaitement nette, déploie une fine palette de couleurs naturelles qui mettent en valeur les vues du tableau, mais aussi de paysages. Le teint des visages des nombreux interlocuteurs témoigne du soin pris dans l’étalonnage des couleurs.

Son - 4,5 / 5

Le son Dolby Digital 5.1 ou 2.0, au choix, (deux formats assez proches l’un de l’autre), très propre, restitue avec clarté les commentaires, pour la plupart en anglais et en castillan, et donne une belle ampleur à l’illustration musicale.

Le Mystère Jérôme Bosch

Crédits images : © Epicentre Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,5
5
1
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 13 mars 2018
Le Mystère Jérôme Bosch, à défaut de répondre à toutes les questions que soulève Le Jardin des délices, atteint un objectif essentiel : celui d’inciter à poursuivre la découverte d’un tableau qui a intrigué tous ceux qui l’ont regardé depuis plus de 500 ans et, qui sait, à tenter certains de percer quelques-uns de ses mystères.
Avatar
Brady20
Le 4 avril 2017
Un formidable documentaire qui a réussi a me faire pénétrer et apprécier le monde très étrange de Jérôme Bosch. Un film à voir ... et à revoir sans modération !

Lire les avis »

Multimédia
Le Mystère Jérôme Bosch
Bande-annonce VOST

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)