Paris est une fête : Un film en 18 vagues (2017) : le test complet du DVD

Réalisé par Sylvain George

Édité par Blaq Out

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Le 12/06/2018
Critique

Paris est une fête

Un film poème en 18 vagues, comme autant de scènes pour décrire Paris et ses paysages urbains traversés par un migrant guinéen, les attentats, les roses blanches, l’état d’urgence, le bleu-blanc-rouge, l’océan atlantique et ses traversées, les volcans, la beat-box, la révolte, la colère, la violence d’état, un chant révolutionnaire, le silence, la joie, rien que la joie…

Paris est une fête - Un film en 18 vagues, commenté par l’actrice Valérie Dréville (Suite Armoricaine), est le dernier film du documentariste Sylvain Georges, réalisateur de cinq longs métrages et d’une douzaine de courts métrages depuis 2005, sur le thème de l’immigration et des mouvements sociaux.

Paris est une fête - Un film en 18 vagues, presqu’entièrement tourné la nuit, à Paris (sauf une parenthèse inattendue à Manhattan), principalement au printemps de 2016, au moment du phénomène Nuit debout qui inspira aussi Mariana Otero pour son documentaire L’Assemblée, sorti récemment sur DVD. Ce nouveau documentaire porte la marque du style très personnel du cinéma de Sylvain Georges qui contrôle tout par une prise en charge de la photographie, du son et du montage.

Surtout centré sur la Place de la République, le film est fait, pour partie, d’une suite de courtes séquences défilant comme les photos d’un album qu’on feuillèterait, montrant des objets hétéroclites abandonnés sur la chaussée ou le trottoir : un escarpin, une tête de poisson, une figurine de porcelaine cassée… Des images parfois réalistes, parfois rendues presqu’abstraites par la recherche d’un cadrage insolite, d’un angle inattendu, ou d’un éclairage très contrasté. Des images dont l’étrangeté est soulignée par une bande son faite d’extraits de musique contemporaine ou de sons créés par le réalisateur.

Paris est une fête - Un film en 18 vagues, après une déambulation dans les campements d’immigrés sur les rives du canal Saint Martin, donne une large place aux rassemblements de la Nuit debout et aux échauffourées avec la police, tels qu’est censé les avoir vus un jeune immigré guinéen qui raconte son périlleux périple jusqu’à Paris, en passant par le Maroc et l’Espagne.

Pendant les scènes d’affrontement, la caméra, placée tantôt du côté les forces du maintien de l’ordre, tantôt du côté des manifestants, en plein milieu des deux camps, saisit en toute indiscrétion les regards, en gros plans sur les visages.

D’une indiscutable maîtrise esthétique, Paris est une fête - Un film en 18 vagues aurait peut-peut-être gagné à être élagué de quelques répétitions.

Paris est une fête

Présentation - 3,5 / 5

Paris est une fête - Un film en 18 vagues (95 minutes) et ses suppléments (11 minutes) tiennent sur un DVD+9 logé dans un fin digipack noir. Le film est proposé dans deux formats audio, Dolby Digital 5.1 et 2.0 stéréo.

Sous-titres en anglais, espagnol et portugais.

Sous-titres français pour malentendants.

À l’intérieur de la couverture, un livret de 48 pages s’ouvrant sur une introduction de Raquel Schefer, suivie de son entretien avec Sylvain Georges, dans lequel celui-ci explique la structure de son film : « Différentes scènes viennent se télescoper, différentes vagues viennent se répondre les unes aux autres selon un principe de mise en tension, jusqu’à composer un tableau non exhaustif, écrire une partition, inachevée à dessein, d’un certain état du monde. » Suit Paris est une fête - Un film en 18 vagues, une analyse du documentaire par Marie-José Mondzain : « Le déroulement des dix-huit mouvements produit une respiration organique de l’espace urbain qui communique à son tour au spectateur le tempo de ses émotions. » Dans Paris, le cauchemar, Jane M. Gaines livre ses impressions sur le film où elle voit les influences de Jean-Luc Godard, Jean Rouch et Chris Marker et insiste sur l’interaction de la lumière et de l’obscurité pour faire comprendre « à quel point le portrait fait de Paris aujourd’hui est dérangeant. » Avec La ville comme hétérotopie, Debarati Sanyal souligne que le film « démantèle rapidement le fantasme de touriste » en nous entraînant dans des terrains vagues et les camps de migrants d’Aubervilliers. Dans l’article L’imagination radicale, Iván Pinto fait la synthèse du cinéma de Sylvain Georges qui « s’est consacré à repenser les rapports entre art et politique, entre esthétique et engagement. » Puis, dans Formes, figures et morceaux d’espaces flottants… du décentrement cinématographique, Sylvain Georges propose des citations extraites de six ouvragez ou articles, illustrées par des photos de son documentaire. Pour finir, dans Paris, place disponible, Mireille Macé compare les regards portés par Sylvain Georges sur les immigrés ou les mouvements sociaux dans Paris est une fête et dans deux autres de ses films, Qu’ils reposent en révolte (2011) et Vers Madrid (2012).

Paris est une fête

Bonus - 3,0 / 5

En complément, deux courts-métrages :

Joli mai (2017, 1.33:1, noir et blanc, 10’), un regard sur la manifestation du 1er mai et les mouvements sociaux de 2016, peut être vu comme un montage de scènes coupées de Paris est une fête - Un film en 18 vagues.

Un peu de feu que vole… (2017, 1.33:1, noir et blanc, 11’), tourné fin avril, en mai et en juin 2016, montre une suite de graffiti anarchistes devant lesquels défilent les CRS, certains avec un pointe d’humour, parfois gentillet : « Soyons ingouvernables », « Retraite à 13 ans », parfois d’un goût douteux : « Offrons des fleurs aux flics… sur leurs tombes ! » Le réalisateur complète aussi son catalogue d’objets abandonnés.

Image - 4,0 / 5

L’image (1.33:1, noir et blanc) présente un léger grain qui lui donne une agréable texture, sans vraiment nuire à une résolution qui révèle tous les détails du cadre, y compris dans les très nombreuses scènes de nuit. Les contrastes sont délibérément accusés, parfois poussés à l’extrême.

Son - 4,0 / 5

Le son est proposé dans deux formats, Dolby Digital 2.0 stéréo ou DD 5.1, sans qu’il soit évident d’apprécier les différences, sauf pour l’accompagnement musical, auquel le format multicanal donne légèrement plus d’ampleur. Très propre, il restitue nettement les ambiances qui restent très centrées sur les voies frontales.

Paris est une fête

Crédits images : © Blaq Out

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 12 juin 2018
Paris est une fête, une déambulation en noir et blanc dans les rues de la capitale au printemps de 2016, c’est le regard impressionniste, en noir et blanc, de Sylvain George, différent de celui, plus documentaire, porté par L’Assemblée de Mariana Otero sur l’éphémère mouvement Nuit Debout.

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