Les Chroniques de Shannara - L'intégrale (2016) : le test complet du DVD

Quelques milliers d’années après l’extinction de notre civilisation, les Quatre Terres, habitées par plusieurs races, les humains, les elfes, les gnomes et les trolls, sont menacées par le dépérissement d’un arbre multimillénaire, l’Ellcrys, dont chaque feuille qu’il perd renforce l’armée de démons à la tête de laquelle Dagda Mor projette d’anéantir toutes les races. Les Quatre Terres sont aussi exposées à d’autres périls : aux raids du général Riga, rêvant, à la tête des Crimson, d’asservir toutes les races, aux ambitions de Bandon, un druide maléfique, et aux pouvoirs destructeurs d’un redoutable sorcier, le Warlock Lord. Tous cherchent à se procurer le Codex, le recueil des plus puissantes recettes de magie noire, pour assurer leur suprématie. Quatre jeunes héros vont tenter de sauver la situation en unissant leurs efforts, le demi-Elf Wil Ohmsford, dernier descendant des Shannara, une prestigieuse lignée de rois et de guerriers, la princesse elfe Amberle Ellessedil et deux humaines, Eretria, membre des Robbers, vagabonds vivant de rapines, et Mareth. Le druide Allanon les appuie dans leurs luttes pour conjurer l’apocalypse.

Les Chroniques de Shannara est l’adaptation partielle d’une volumineuse épopée fantastique, l’oeuvre d’une vie, celle de Terry Brooks, commencé en 1977 avec The Sword of Shannara. Fortement influencée, de l’aveu même de son auteur, par l’oeuvre de J.R.R. Tolkien, The Hobbit, The Lord of the Rings et The Silmarillion, elle compte aujourd’hui 28 titres, chacun d’environ 500 pages, et pourrait s’achever avec la tétralogie The Fall of Shannara, en cours d’écriture, dont les deux premiers volumes ont été publiés, The Black Elfstone, en juin 2017, et The Skaar Invasion, en mai 2018.

Les Chroniques de Shannara est une création des scénaristes Alfred Gough et Miles Millar qui, après avoir donné naissance en 1999 à une minisérie policière, Deux privés à Vegas (The Strip) se sont spécialisés dans le fantastique en lançant Smallville, une somme de 217 épisodes sur 10 saisons, puis Into the Badlands (distribuée aux USA et en Allemagne), une autre série post-apocalyptique dans laquelle un chevalier résiste à de brutaux despotes, avec Daniel Wu en tête de distribution.

Bien que le scénario soit plutôt foisonnant, le spectateur un tant soit peu attentif ne perdra pas le fil de l’histoire qui nous amène à découvrir la géographie des Quatre Terres (Four Lands). Les fans de la saga Le Seigneur des Anneaux pour qui La Terre du Milieu n’a plus de secrets ne seront pas dépaysés : les deux séries ont été filmées dans les pittoresques paysages de Nouvelle Zélande.

Les décors de Les Chroniques de Shannara, réels ou en images de synthèse (les bonus ne donnent aucune information), sont un des points forts de la série. Les héros, dans leurs pérégrinations, passent à côté de l’épave d’un hélicoptère ou de carcasses de voitures, vestiges rouillés d’une civilisation avancée, disparue depuis deux millénaires avec toute sa technologie, aujourd’hui remplacée par la magie. Au point culminant de ce rappel du passé, les ruines de San Francisco (très probablement toutes en images de synthèse), aussitôt reconnaissables par les silhouettes disloquées du Golden Gate et de la tour pointue de la Bank of America. Deux intérieurs attirent particulièrement l’attention, le château des Elfes, un austère édifice néogothique, et le luxuriant palais art déco de la reine de Leah.

The darkness inside me (Eretria)

Les deux saisons de la série mettent en avant des personnages féminins d’une grande force de caractère. En tête de la distribution, Ivana Baquero, la jeune Ofelia du magnifique Le Labyrinthe de Pan (El Laberinto del fauno, Guillermo del Toro, 2012), interprète avec grâce et talent le personnage le plus complexe de la série, Eretria, tantôt attirée par les hommes, tantôt par les femmes, poussée à faire le bien, mais devant lutter contre une inclination vers le mal si elle cède à la noirceur qui l’habite. Parmi les autres actrices, se distingue Malese Jow qui apparaît dès le début de la saison 2 dans le rôle de Mareth, remarquée dans les saisons 2 et 3 de Vampire Diaries.

Du côté des hommes, Austin Butler est un peu fade dans l’interprétation de Wil Ohmsford, le héros de l’intégrale, celui dont dépend essentiellement la survie des Quatre Terres. On remarque davantage, dans le rôle d’Allanon, Manu Bennett, le gladiateur Crixus de la saga Spartacus, Desmond Chiam qui fait ressentir à l’extrême la cruauté du général Riga, et surtout James Remar, le père adoptif de Dexter et Debra dans la série Dexter, interprétant ici Cephelo, un personnage particulièrement tortueux.

Bien que la dernière image de la saison 2 soit suivie d’un carton « à suivre », les producteurs ont annoncé en janvier 2018 l’arrêt de la série. Puis, quelques mois plus tard, qu’elle pourrait intéresser d’autres réseaux. Fin juin courait la rumeur, pas encore confirmée à ce jour, que Netflix pourrait poursuivre l’aventure. Wait and see…

The Chonicles of Shannara, l’intégrale (deux saisons de chacune 10 épisodes de 40 minutes) et ses maigres suppléments (12 minutes) tiennent sur six disques, quatre DVD-9 et deux DVD-5, logés dans deux boîtiers de 14 mm, glissés dans un étui.

Les deux saisons sont également disponibles, séparément, en édition Blu-ray, la première sortie en mai 2016, la seconde, simultanément avec l’intégrale sur DVD.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres imposés, empiétant trop sur l’image, et dans un doublage en français, les deux au format Dolby Digital 5.1 (DTS-HD Master Audio 5.1 pour l’édition Blu-ray).

Pour la saison 1, un court document censé nous conduire dans les coulisses du tournage (4’) se limite à vaguement situer l’intrigue plusieurs siècles après une guerre apocalyptique et à nous rappeler que l’importance de arbre multimillénaire, l’Ellcrys, qui fait immédiatement penser à l’arbre sacré de Game of Thrones…

Pas beaucoup mieux avec la saison 2 : Les coulisses du tournage (8’) fait défiler les acteurs pour évoquer brièvement leurs personnages et les producteurs qui nous assurent que cette dernière est encore plus riche que la saison 1. On a quand même un bref aperçu de la fabrication des costumes. On nous dit aussi que la série a été tournée en Nouvelle Zélande et qu’on peut y sentir l’influence de Peter Jackson.

L’image (1.78:1) profite d’une bonne résolution, d’une fine palette de couleurs et de solides contrastes avec des noirs denses, assurant une parfaite lisibilité dans toutes les conditions d’éclairage.

Le son Dolby Digital 5.1 de la version originale, comme celui du doublage, propose un spectre largement ouvert (avec des basses généreuses, mais qui pourraient être plus fermes), une bonne dynamique et une utilisation cohérente des possibilités du multicanal pour créer une satisfaisante sensation d’immersion dans l’action.

Le doublage manque de naturel.

Crédits images : © MTV