Réalisé par Hirokazu Kore-Eda
Avec
Lily Franky, Andô Sakura et Matsuoka Mayu
Édité par Le Pacte
Osamu Shibata, ouvrier intérimaire du bâtiment, est à la tête d’une petite famille vivant à l’abri des regards : Hatsue, la grand-mère, Nobuyo, la mère, repasseuse, Aki, la fille qui s’expose dans un peep-show et Shôta, dix ans, auquel Osamu apprend l’art du chapardage, une activité visant à apporter le complément nécessaire à la subsistance de la famille. Tous vivent entassés dans une petite maison de la banlieue de Tokyo. Un soir, Osamu et Shôta recueillent Yuri, une fillette maltraitée par ses parents…
Une affaire de famille (Manbiki kazoku), le treizième long métrage de fiction de Hirokazu Kore-Eda, venu au cinéma par le documentaire, a remporté en 2018 les deux prix les plus prestigieux, l’Oscar du meilleur film étranger et la Palme d’or.
Dès sa première fiction, Maborosi (Maboroshi no hikari, 1995), Hirokazu Kore-Eda a réussi à démontrer l’originalité et la force de son cinéma, très centré sur la famille et, particulièrement, sur les enfants, un thème récurrent qu’il traite sans misérabilisme.
En effet, Une affaire de famille souligne que, bien que les Shibata vivent dans des conditions qui seraient insupportables à quiconque, entassés à six dans une seule pièce, obligés de cacher leur situation marginale aux services sociaux, ils connaissent des moments de vrai bonheur.
Derrière la chronique intimiste, centrée sur la relation père-fils qui faisait la trame d’Après la tempête (Umi yori mo mada fukaku, 2016), transparaît une mise en cause des institutions japonaises, discrètement montrées du doigt pour la précarité de l’emploi (Osamu, blessé sur un chantier, est laissé sans secours pendant sa convalescence) et, surtout, pour son indifférence au sort des enfants, problème que soulignait déjà avec force en 2004 le remarquable Nobody Knows (Dare mo shirana).
Une affaire de famille confirme le soin que le réalisateur apporte à la direction d’acteurs. On retrouve, dans le rôle d’Osamu, Lily Franky, un de ses acteurs familiers : c’est son quatrième film sous la direction de Hirokazu Kore-Eda. Kirin Kiki, l’interprète de la grand-mère, une actrice célèbre au Japon, est décédée en septembre 2018, trois mois après la sortie du film. La direction des deux enfants est remarquable, une marque du cinéma de Hirokazu Kore-Eda.
Une Palme d’or tout à fait méritée, non seulement pour les qualités formelles du film, mais aussi pour l’émotion contenue qu’il suscite, magnifiée dans la scène finale quand, au moment d’une séparation peut-être définitive, Shôta réussit, pour la première fois, à prononcer le mot « papa », sans qu’Osamu puisse l’entendre.
Une affaire de famille (116 minutes) et ses suppléments (8 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un boîtier de 14 mm, glissé dans un fourreau.
Le menu animé et musical propose le choix entre version originale, avec sous-titres imposés, et doublage en français, les deux au format Dolby Digital 5.1.
Piste d’audiodescription Dolby Digital 2.0 et sous-titres pour malentendants.
À l’intérieur du boîtier, un livret de 16 pages, abondamment illustré, contient un entretien avec le réalisateur. Une affaire de famille, dans la veine de Nobody Knows, observe la vie d’une famille dysfonctionnelle qui sera détruite par la société en raison de sa marginalité. La maîtrise du chef-opérateur Kondo Ryuto l’a libéré et lui a permis de se concentrer sur la direction d’acteurs. Suit une courte notice biographique, sa filmographie en tant que réalisateur et producteur, une notice sur les acteurs et les fiches artistique et technique du film.
Entretien avec Hirokazu Kore-Eda, extrait de l’émission Story Movies, sur la chaîne OCS (5’). Il a toujours été intéressé par la famille, en constante évolution, soumise aux soubresauts de la vie. Il a passé son enfance dans une petite maison qui ressemble à celle du film et a voulu éviter tout misérabilisme. Il cite, parmi ses films préférés, Amarcord de Federico Fellini, Les Quatre cents coups de François Truffaut, Kes de Ken Loach et deux films de Robert Benton, Kramer contre Kramer et Les Saison du coeur (Places in the Heart), encore inédit en vidéo en France.
Entretien avec Hirokazu Kore-Eda sur Ciné+ (2’) Il avait envie d’imaginer une famille qui ne serait pas unie par les liens du sang, un garçon qui découvrirait que son père ne correspond pas à l’image idéalisée qu’il s’en était faite.
Galerie de photos de tournage. (1’)
Bande-annonce.
L’image (1.85:1), bien résolue, lumineuse, avec de solides contrastes, offre des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées. Un excellent transfert !
Le son Dolby Digital 5.1 de la version originale restitue clairement les dialogues dans un bon équilibre avec le discret accompagnement musical et l’ambiance dans laquelle on est immergé par une répartition cohérente sur les cinq voies.
Ce constat vaut pour le doublage en français, au même format, un peu monotone.
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