Les Énigmes de l'Histoire - Volume 1 (1956) : le test complet du DVD

Les Énigmes de l’Histoire, anthologie créée par Stellio Lorenzi, André Castelot et Alain Decaux, réalisée par Stelio Lorenzi, s’échelonna sur 11 épisodes diffusés de mai 1956 à août 1957 sur RTF Télévision, l’unique chaîne de télévision alors disponible.

André Castelot et Alain Decaux animaient depuis 1951 La Tribune de l’Histoire, un programme radiophonique de France Inter. Stellio Lorenzi, après avoir réalisé cinq téléfilms, réussit à convaincre les deux journalistes historiens, dubitatifs sur l’avenir de la télévision, d’ajouter l’image au son. Ainsi naissaient Les Énigmes de l’Histoire, ou À chacun sa vérité.

Les mêmes complices, sans reprendre leur souffle, prolongeront l’aventure avec La caméra explore le temps, une autre anthologie historique de 39 épisodes diffusés de septembre 1957 (Marie Walewska) à mars 1966 (Les Cathares - L’inquisition).

Les Énigmes de l’Histoire, dans ce premier volume, nous propose quatre épisodes.

Le Secret de Mayerling (122 minutes) inaugure la formule, le 22 mai 1956. Après un court rappel des faits et du contexte historique, les trois auteurs, assis derrière une table sur laquelle est posée un micro, face à la caméra, appellent à la « barre intemporelle » plusieurs témoins, des proches des deux protagonistes du drame. L’archiduc Rodolphe, prince héritier de l’Empire austro-hongrois, et Marie Vetsera, sa maîtresse, sont retrouvés morts, le 30 janvier 1889 dans un pavillon de chasse de Mayerling. La chape de plomb posée sur l’événement par l’empereur François-Joseph Ier nourrira le mystère : les deux amants se sont-ils suicidés ? Ont-ils été tués ? Par les services secrets de l’Empire ?

Le Mystère de la Mary Céleste (83 minutes). Le 4 décembre 1872, un navire, le Dei Gratia, repère, au large des Açores, à la dérive, toutes voiles dehors, le brick Mary Celeste, parti de New York à destination de Gênes. Plus personne à bord, ni le capitaine Briggs, ni son épouse, ni aucun membre du petit équipage : un bateau-fantôme ! Dépêché par les trois auteurs de l’anthologie, un « enquêteur » du XXème siècle remontera le temps pour tenter de résoudre l’énigme, de confirmer ou d’infirmer les hypothèses, dont certaines, farfelues, sont avancées par des écrivains célèbres, Sir Arthur Conan Doyle et H.G. Wells.

L’Homme au masque de fer (83 minutes). Le 20 décembre 1703, aurait été enterré dans le cimetière de l’église Saint-Paul un certain Marchiali, prisonnier de longue date, mort la veille à la Bastille, dont personne n’a jamais vu le visage, caché sous un masque. Là encore, un « enquêteur » de 1957 remonte le temps pour tenter de vérifier l’une des nombreuses hypothèses sur l’identité du mystérieux prisonnier : Molière, accusé d’avoir épousé sa fille ? Eustache de Cavoye, suspecté d’implication dans l’Affaire des poisons ? Le comte Ercole Mattioli, un conspirateur à la solde du duc de Mantoue ? Ou encore, le frère jumeau de Louis XIV ?

La Double mort du tsar Alexandre 1er (71 minutes). En dépit de la popularité que lui valut la défaite de Napoléon, acculé à lever le siège de Moscou et à repasser la Bérézina, Alexandre 1er, tsar de toutes les Russies, sombrant dans le mysticisme, abusé par un pope, un Raspoutine avant l’heure, disait avec insistance vouloir abandonner le trône à l’âge de 50 ans. Sa mort mystérieuse, le 1er décembre 1825 à Taganrog, loin de Saint Pétersbourg, a suscité diverses spéculations. Certains iront jusqu’à prétendre qu’il aurait simulé sa mort pour devenir un patriarche mystique, une hypothèse popularisée par Léon Tolstoï dans son roman Mémoires du starets Fiodor Kouzmitch et accréditée par le fait que le tombeau du tsar sera trouvé vide des décennies plus tard. Cette fois, les trois créateurs de l’anthologie demandent les lumières d’un médecin avant d’examiner les archives.

Les Énigmes de l’Histoire, par leur mise en scène sommaire (avec l’apparition insistante d’un micro anachronique dans le cadre à 25 minutes du début de l’épisode Le Masque de fer !), une prédominance de plans fixes, des décors épurés, visent essentiellement à concentrer l’attention du téléspectateur sur les faits, témoignages ou tentatives d’explications fournis pour réfuter ou soutenir les nombreuses hypothèses échafaudées pour résoudre ces mystères de l’Histoire.

Les Énigmes de l’Histoire seront-elles toutes éditées ? Est sorti, le 21 novembre, Les Énigmes de l’Histoire - Volume 2, avec quatre épisodes, L’Énigme de Marie-Stella, L’Inconnue de Berlin, Le Chevalier d’Éon et Un homme nommé Charles Naundorff.

Les Énigmes de l’Histoire - Volume 1 (359 minutes) tient sur quatre DVD (3 DVD-5 et 1 DVD-9) logés dans un coffret non remis pour le test. La seule interactivité du menu fixe et musical permet d’accéder au chapitrage des téléfilms.

Aucun complément. Juste la bande-annonce de quatre volumes de l’anthologie La caméra explore le temps, de La Chambre des Dames - L’intégrale, l’adaptation du roman de Jeanne Bourin, et des treize épisodes de l’anthologie Les Évasions célèbres.

« Malheureusement », nous avertir un carton, « le seul matériau vidéo existant comporte des défauts de son et d’image qui ne peuvent être corrigés ». Une impossibilité qui aurait pu être surmontée par une restauration dudit matériau, mais dont le coût aurait probablement été difficile à amortir.

L’image (1.33:1), effectivement, tremble souvent, souffre d’une instabilité lumineuse et de contrastes moyens avec des noirs souvent poreux. Elle est aussi ponctuée de nombreuses taches positives et négatives. Ceci dit, elle reste très lisible.

Le son Dolby Digital 1.0 s’en sort un peu mieux. Si le souffle est parfois très présent et quelques bruits parasites se font entendre, si l’accompagnement musical est occasionnellement distordu par un défilement irrégulier, les dialogues, assez clairement restitués, peuvent être suivis sans effort.

Crédits images : © Eléphant Films